News - 19.03.2018

Un ADIEU au colonel-major Mustapha Moncer, le dernier des Mohicans

Un ADIEU à  CM Mustapha Moncer, le dernier des Mohicans

Nombreux sont les anciens parachutistes du 1° Régiment Para commando de Roumadia à Bizerte, qui sont profondément attristés par la disparition du CM Mustapha Moncer. En  lui rendant, au nom de tous les membres des Unités des Forces Spéciales de l’Armée tunisienne, les honneurs qui lui sont dus, je ferai peut être taire notre tristesse et notre douleur.

Des larmes traitresses  ont coulé sur les visages, des lamentations étouffées et des soupirs profonds se sont échappés des poumons de beaucoup de vieux parachutistes présents à l’enterrement à Bizerte en saluant pour la dernière fois leur chef respecté. C’est le dernier salut pour le dernier des Mohicans, le dernier de cette trempe de chefs  fondateurs et  baroudeurs des Forces Spéciales. Il est allé rejoindre ses frères d’armes et du corps le Colonel Ferchichi et le CM Bezzez.

Ce n’est pas par des larmes et des lamentations, ni par les différentes expressions de condoléances qu’il convient de célébrer ceux qui laissent une grande mémoire. Ce n’est pas non  plus avec des louanges exagérées qui ne sont pas à son honneur qu’on doit le chanter, mais par la sincère image de son œuvre telle qu’on l’a vécue à ses côtés durant   six années de travail à compter de 1978 au sein de son premier commandement du 1° Régiment Para commando.

Très peu d’officiers étaient du même métal que le CM Mustapha Moncer. Parmi ses qualités je citerai en premier l’Orgueil. L’orgueil d’appartenir à une unité particulière qui exige de ses membres un dévouement total et une recherche continuelle de l’excellence. L’orgueil qui permet de rester digne et serein durant les rudes épreuves. En janvier  1980, lors des événements de  Gafsa, il a été choisi pour conduire les opérations à partir du Poste de Commandement de la 1° Bde de Gabès, alors qu’il n’appartenait pas à cette unité. Il a été préféré à tous pour sa compétence et pour sa personnalité. Il s’était acquitté de sa tâche comme il le fallait. En outre il continuait à commander son régiment qui faisait l’essentiel de la traque des terroristes. A partir d’un poste de commandement aérien mobile (helico) il sillonnait toute la zone d’action et n’hésitait pas à descendre auprès des unités à terre pour s’enquérir de la situation et pour influencer le commandement des troupes. L’action des paras commandos  a été une réussite totale grâce à lui en premier lieu. Il a été décoré pour son travail efficace.

C’est aussi son Courage personnel, cette valeur morale, qui qualifie les chefs des Forces Spéciales,  essentielle pour commander des hommes dans les missions difficiles et risquées, qui lui a facilité son exercice de commandement et l’accomplissement de toutes les missions sur le terrain. C’est dans les rangs du 1°RPC qu’il a connu les jours les plus fulgurants de sa carrière et sans discontinuités. Par son courage personnel, et contre l’hésitation du commandement supérieur, il a osé former les soldats appelés en tant que parachutistes en assurant ses chefs supérieurs qu’il n’y aurait pas d’accidents et que les appelés sortiront indemnes après leurs sauts grâce à l’encadrement efficace des moniteurs parachutistes du 1°RPC.  Et ça a marché comme il faut. La première compagnie entièrement parachutiste avait vu le jour en septembre 1978. Après les événements de Gafsa, Moncer a osé encore une fois, comme à son habitude  de Baroudeur et d’aventurier, de moderniser l’Instruction des paras de son unité. Il va programmer, organiser et superviser les nouvelles techniques de combat de l’unité pour s’adapter à la nouvelle menace qui a eu lieu à Gafsa. C’est la période de l’Aéromobilité du 1°RPC. Avec les hommes valeureux de la 32° Unité Aérienne, la métamorphose du l’unité a été opérée. C’étai en 1981-1982.

Je n’hésiterai pas à citer son Charisme, preuve de son autorité naturelle, qui lui a permis d’exercer une fascination irrésistible sur ses subordonnés et en particulier les sous officiers et les hommes de troupe du Régiment. Commander c’est agir sur le comportement des hommes pour les guider vers les objectifs de l’Unité, de l’Institution. Le commandement ne se résume pas dans les ordres comme beaucoup le pensent. C’est l’Action qui incite les hommes à vaincre leur peur, à s’entraider, à combattre dans un esprit d’équipe, de corps. Et c’est ce qui fait la différence entre les chefs. Aucun chef ne pourra réussir dans les Forces Spéciales s’il est incapable de changer le comportement de ses hommes. Moncer a largement réussi dans ce domaine.

J’ai parlé au nom des anciens parachutistes commandos du 1°RPC. Je suis sûr que la majorité des membres des Forces Spéciales se reconnaitront dans cet hommage sincère. J’espère que ceux qui sont encore en activité sauront perpétuer le souvenir de ce grand chef. Adieu, mon CM Mustapha Moncer. Reposez en paix.

Mohamed Nafti



 

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