News - 07.03.2014

La fête de la femme, de l'art et du drapeau à la Manouba

Après la journée Saïda Manoubia qui a connu un franc succès et qui a été à l’origine de la création à la Manouba d’une association de sauvegarde des monuments de la Manouba et de son patrimoine culturel, baptisée Association la Manouba pour les monuments et la culture (AMMC), la section d’Al Massar à la Manouba se propose de célébrer le 8 mars dans son local situé au 52, avenue Habib Bourguiba la journée mondiale de la femme, sous le signe de la consolidation et du développement des acquis de la femme tunisienne. 

En Tunisie, depuis que Khaoula Rchidi a défié le profanateur du drapeau national l’obligeant à battre en retraite, on ne peut plus célébrer la journée mondiale de la femme sans commémorer la geste héroïque de l’étudiante de la Faculté des lettres, des arts et des humanités de la Manouba (FLAHM) qui a pris des risques énormes pour sa santé et sa vie en bravant le salafiste. En invitant Khaoula Rchidi pour lui rendre hommage, la section d’Al Massar à la Manouba commémore en même temps la journée du drapeau. L’affiche qui annonce  cette célébration est très éloquente à cet égard en ce sens où la toile d’Amina Bettaïeb, qu’elle reproduit et qui sera exposée à cette occasion, est un hymne à la patrie menacée par l’obscurantisme et à son emblème. Cette toile immortalise un combat singulier entre deux adversaires de force inégale, la belle et la brute (David et Goliath) dont l’enjeu vital, à travers l’opposition symbolique du drapeau tunisien et du drapeau de l’internationale islamiste, n’est rien d’autre que le devenir de notre patrie. Ce duel, où le vainqueur est celui qui parviendra à hisser son emblème, figure la confrontation entre deux mondes diamétralement opposées, la Tunisie des Lumières et la Tunisie des ténèbres, la Tunisie  des démocrates et celle des théocrates. Il symbolise le conflit  entre une Tunisie perçue comme un appendice de la «oumma» et une Tunisie fière de son identité plurielle et ouverte aux autres cultures et civilisations. L’artiste, qui met en valeur la résistance de l’héroïne et cet instant épique, où la belle aux couleurs chatoyantes et chaudes, animée d’un courage extraordinaire affronte sans aucune hésitation et avec une détermination exemplaire  l’ogre salafiste pour défendre l’emblème de la patrie, ne laisse aucun doute sur l’issue de ce duel. «L’être solaire» l’emportera sur «celui qui  incarne les forces de la nuit» pour reprendre la belle formule du professeur Moncef Khémiri, et si le salafiste est présenté comme un ogre, il ne faut l’interpréter ni comme valorisation - bien au contraire -  ni comme la reconnaissance de son hégémonie, mais comme le constat d’une ambition hégémonique et des périls qui guettent la patrie du fait de cette volonté de domination et de puissance.

Le programme concocté par le groupe de la Manouba se veut  un hommage à la femme tunisienne , gardienne des valeurs de cette Tunisie des Lumières et  engagée depuis la Révolution dans un combat souvent héroïque pour défendre les acquis menacés depuis les élections du 23 octobre 2011 par Ennadha et ses alliés salafistes  à qui elle a lâché la bride lors d’évènements fomentés pour remettre en cause ces acquis. Le programme est aussi le reflet de ce combat où les  femmes  étaient souvent en première ligne. Femmes politiques, poétesses, plasticiennes, intellectuelles et militantes de la société civile, elles se sont engagées sans calculer dans une lutte sans merci dont l’issue déterminera le devenir de la nation dans les prochaines décennies. Celles qu’Al Massar a invitées et d’autres icônes de la Résistance peuvent être fières d’avoir participé, chacune dans sa sphère à ce combat et la Tunisie doit être fière d’elles.

Il est inutile de présenter Nadia Chaabane et son combat largement médiatisé, en tant  députée de l’ANC, pour l’avènement d’une république civile et démocratique et pour la défense des acquis de la femme. Sa communication portera sur la place de la femme dans la nouvelle constitution.

Saloua Charfi, professeur à l’Institut de presse et des sciences de l’information (IPSI) et journaliste est une habituée des plateaux de télévision. Elle s’est intéressée dans ses  écrits à  l’amélioration de la condition des femmes dans les Etats arabes et musulmans, ainsi qu’aux  droits de l’Homme en général. Elle se distingue par son courage à aborder des sujets brûlants comme l’histoire de l’islam dont elle n’occulte aucun épisode. Sa communication portera sur les obstacles à la participation de la femme à la vie politique.

Kaouther Ben Aoun, professeur d’arabe, poétesse et critique littéraire se passionne depuis son jeune âge pour la création littéraire en général et la  poésie en particulier. C’est à la Révolution qu’elle doit le déclic qui lui a permis de rassembler ses poèmes et de publier un très beau recueil intitulée « ???? ?????? » , «le printemps de la fidélité» . Elle le rend bien à la Révolution puisque nombre de ses nouveaux poèmes sont un hymne à l’ère nouvelle qui a suscité en elle beaucoup d’espoirs. A l’occasion du quarantième jour du décès de Chokri Belaïd célébré à la Faculté de la Manouba et à l’occasion de la célébration de la journée mondiale de la femme l’année dernière, elle a émerveillé l’assistance par une écriture poétique qui allie à la recherche de la perfection verbale un engagement inconditionnel pour les nobles causes dans des poèmes qui glorifient les martyrs de la Révolution ou dénoncent l’exploitation politique de la religion.

Radhia Kamel,  qui enseigne également l’arabe excelle aussi bien dans la poésie dialectale  ????? ???????) que dans la poésie classique. Elle est sur le point de faire paraître son premier recueil.

Poétesse francophone, Souad Hajri est un cadre dans une institution financière de la place. Sa poésie est l’expression de sa passion pour la cause féminine en Tunisie. Son premier recueil, Les évasions secrètes, sous presse, sera bientôt publié en France. «Reflet d’une âme rebelle et révoltée», il est selon la formule utilisée par le préfacier du recueil «à la fois un témoignage vivant des injustices faites aux femmes, un aveu d’amour et une quête de liberté».

Amina Bettaïeb, littéraire de formation et professeur de français, est venu un peu tard à la peinture. C’est la révolution qui a l’a révélée à elle-même et a révélé des talents jusque-là enfouis. Peintre autodidacte, elle passe pour être la portraitiste de la Révolution. Dans ces toiles, elle immortalise des icônes de la Révolution comme Chokri Belaïd, Khaoula Rchidi, Socrate Cherni et dénonce l’obscurantisme religieux.

Habib Mellakh

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