News - 02.03.2023

Colons juifs et armée israélienne commettent un monstrueux pogrom à Huwara

Colons juifs et armée israélienne commettent un monstrueux pogrom à Huwara

Par Mohamed Larbi Bouguerra - Le dictionnaire culturel en langue française d’Alain Rey apprend que le mot «pogrom», introduit dans le français en 1903, vient du russe et signifie «piller, saccager» et le définit: «Agression collective meurtrière contre une communauté juive.» Définition valable pour la Russie tsariste, la Pologne ou l’Ukraine du XXème siècle.

Il est évident que cette définition est à revoir. La communauté agressée par les colons juifs et l’armée sioniste aujourd’hui est celle des Palestiniens.

L’organisation américaine JVP (Voix Juive pour la Paix) écrit sobrement  dans sa lettre The Wire: «Progrom à Huwara; le sionisme, c’est ça.»

Kristallnacht à Huwara

Suite à l’attaque meurtrière contre deux jeunes colons, soldats du reste dans l’armée israélienne en Cisjordanie, des extrémistes juifs ont, dans la nuit de dimanche à lundi, lancé une expédition punitive forte de 400 brutes nommée «le prix à payer» dans le village palestinien d’Huwara, près de Naplouse, avec barres de fer, bidons d’essence et armes à feu.

L’armée israélienne a laissé faire. Bilan: 1 mort, 350 blessés, une quarantaine de voitures brûlées, 100 maisons complètement ou partiellement détruites par le feu, des arbres arrachés, les secours palestiniens attaqués et empêchés de porter secours à la population attaquée, et la région bouclée par l’armée israélienne. Avec une balle dans le ventre, Sameh Aqtash est mort d’une hémorragie car l’armée israélienne a empêché, comme à son habitude, les secours de l’atteindre. Sameh est un forgeron de 37 ans qui rentrait de Turquie où il était allé porter secours aux victimes du tremblement de terre. Il laisse cinq orphelins.

Pour un commentateur israélien, ce qui s’est produit à Huwara et dans d’autres villages palestiniens le week-end dernier n’est rien d’autre que la Kristallnacht, ce pogrom du Troisième Reich nazi allemand qui se déroula dans la nuit du 9 au 10 novembre 1938 et dans la journée qui suivit - dans le cadre des plans de purification de la race aryenne allemande qui exigeait l’élimination physique des juifs.

Le massacre perpétré à Huwara est d’une dimension dantesque. Mais le ministre des finances israélien Belazel Smotrich- lui-même colon- veut plus: il a déclaré que Huwara doit disparaître de la surface de la terre!

Les actes de violence des colons à travers la Cisjordanie se produisent chaque jour. Ils ont régulièrement augmenté au cours des dernières années: nombre  des quelques 700 000 Israéliens qui vivent sur le territoire occupé et à Jérusalem-Est sont motivés par ce qu’ils considèrent comme une mission religieuse sacrée visant à restaurer la terre historique d’Israël au peuple juif. Yitzhak Rabin disait que les colons étaient «le cancer» d’Israël. Rappelons que les colonies sont considérées comme illégales en vertu du droit international et constituent bien sûr, un des plus grands obstacles à la paix et à l’instauration d’un Etat palestinien.

Pour ces colons, les fusillades, les attaques au couteau, les cultures brûlées, le vandalisme et le vol de terres et de bétail sont perpétrés pour  rendre la vie des Palestiniens si insupportable qu’ils n’ont d’autre choix que de quitter leur terre natale. L’armée israélienne a constamment laissé faire la violence des colons et y a même participé.

Poudre aux yeux: Alors que le premier ministre, Benjamin Netanyahu, a publié dimanche soir une déclaration vidéo appelant les gens à ne pas «prendre la loi en main», les membres de sa coalition - notamment les extrémistes fascistes Ben-Gvir et Smotrich, tous deux colons- ont attisé les flammes, disant à l’armée israélienne de ne pas faire preuve de «pitié» et visitant les lieux pour soutenir les émeutiers.

Solidarité internationale et remous en Israël

L’horrible pogrom de Huwara a un grand écho mondial. Ainsi, Ilhan Omar, la représentante démocrate de l’Etat du Minnesota à la Chambre des Représentants du Congrès américain, a déclaré: «Je suis horrifiée par le saccage des colons israéliens dans les villages palestiniens de la Cisjordanie ce week-end… Cela survient dans le contexte de l’expansion massive de la colonisation et de l’annexion de facto de la Cisjordanie par le gouvernement israélien le plus à droite de l’histoire - des mesures qui effaceraient tout espoir d’une solution à deux Etats.» Ilhan Omar ne fait plus partie de la Commission des affaires étrangères de la Chambre pour ses déclarations en faveur de la Palestine. Ainsi en a décidé la nouvelle majorité républicaine à la Chambre acquise au lobby sioniste qui la finance grassement pour ses campagnes électorales à la télévision.

Ilhan Omar devait ajouter que l’administration Biden «doit rechercher la pleine responsabilité pour toute violation du droit international, et s’assurer que nos propres impôts américains ne financent pas les violations des droits de l’homme.» Elle se trouve ainsi en accord avec le sénateur démocrate Bernie Sanders qui demande que les milliards de dollars de l’aide américaine ne puissent servir à un pays qui ne respecte pas les droits du peuple palestinien et exerce, avec les armes et l’aide américaines, une occupation contraire aux résolutions internationales. De plus, la représentante du Minnesota veut «mettre véritablement les droits de l’homme au centre de la politique étrangère et soutenir un ordre international fondé sur des règles exigeant de rendre des comptes de toute violation commise par nos alliés ou nos adversaires.»

De plus, de très nombreuses ONG et partis français appellent à une manifestation jeudi 2 mars à 18h 30, Place Saint Michel à Paris. On citera l’UNEF (étudiants), la CGT, le PCF, Union des Travailleurs Immigrés Tunisiens (UTIT), Union Juive Française pour la Paix (UJFP), l’AFPS….

L’association France Palestine Solidarité (AFPS) relève: «Après avoir approuvé indirectement cette violence en recevant le premier ministre israélien, la France de par ses déclarations, continue de traiter la situation comme s’il ne s’agissait pas d’un état colonial face à un peuple qui vit sous occupation.

Il faut que cela cesse, nous demandons:

La protection du peuple palestinien

La fin de la colonisation et de l’occupation

Des sanctions contre l’Etat israélien tant qu’il ne respectera pas les droits du peuple palestinien dont le droit à l’autodétermination.»

Face au pogrom de Haxwara, le gouvernement israélien a fait voter aujourd’hui jeudi 1er mars, une loi qui instaure la peine de mort pour les terroristes alors que le pays est au bord du précipice, le président Herzog déclarant le 1er mars: «Je suis inquiet pour le pays et je ne laisserai pas un désastre se produire».

B’Tselem, l’organisation israélienne de défense des droits humains, résume bien la situation quand elle dit: «Les colons mènent l’attaque, l’armée la sécurise, les politiciens la soutiennent. C’est une synergie.» (L’Humanité, 28 février 2023, p. 15).

Dans le New York Times (28 février 2023), Thomas Friedman note que les investisseurs sont en train de quitter Israël, que les pilotes d’avions de combat disent refuser les ordres d’un gouvernement sans contre-pouvoirs et souligne «qu’Israël n’a jamais connu tout à la fois une Intifada palestinienne, une Intifada des colons juifs et une intifada de ses citoyens contre la réforme judiciaire. C’est là l’œuvre du gouvernement d’extrême droite dirigé par Netanyahou» et de conclure  que, sans la Cour Suprême, la coalition d’extrême droite fasciste aurait «un pouvoir sans entraves pour saisir des terres palestiniennes et pour inonder, avec l’argent des contribuables israéliens, les écoles religieuses orthodoxes où les jeunes étudient la Torah mais pas les maths, les sciences ou la littérature- et ne serviront jamais dans l’armée.»

 

Mohamed Larbi Bouguerra

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