News - 16.01.2020

Ben Hafaïedh : Les associations doivent s’investir dans l’économie solidaire et non jouer un rôle d’ambulance face à la démission de l’Etat (Album Photos)

Ben Hafaïedh : Les associations doivent s’investir dans l’économie solidaire et non jouer un rôle d’ambulance face à la démission de l’Etat (Album Photos)

L’érosion de la confiance placée par le peuple en les partis politiques atteindrait-il par ricochet la société civile et ses différentes composantes ? C’est ce que se demande Abdelwahab Ben Hafaïedh, professeur de sociologie politique et président du Forum des Sciences sociales appliquées. Dans une présentation lors de la table ronde bilan de la révolution organisée jeudi par l’UGTT, il a passé en revue la spécificité du tissu associatif tunisien avant d’esquisser des voies de sa relance active et utile. Sur les 18.000 associations légalement constituées, seules quelque 3.000 parmi elles, estime-t-il, sont réellement actives. Ce nombre, même celui de 18.000 est en fait très réduit et ne correspond pas aux attentes effectives en Tunisie, tant les besoins sont nombreux et urgents.

« Je me demande pourquoi la société civile joue le rôle d’une ambulance, se demande Abdelwahab, Ben Hafaiedh, face à la régression du rôle de l’Etat qui rechigne à assumer pleinement ses responsabilités ? » Il ne manque pas cependant de pointer du doigt l’implication de certaines associations dans l’extrémisme violent, se gardant d’aller en profondeur dans les risques engendrés et de dévoiler les financements occultes, notamment étrangers, pourtant toxiques. Il soulignera, d’un autre côté, la non-conformité de certaines associations aux principes de démocratie interne et de transparence dans leur fonctionnement, ainsi qu’à l’obligation fiscale. Il distribuera néanmoins des satisfecits aux associations qui s’impliquent utilement au service de la nation, citant en témoin le Quartet qui a pu faire aboutir le Dialogue national en 2013 et mérité le Nobel de la Paix en 2015.

Abdelwahab Ben Hafaïedh met en garde cependant contre un virage progressif des pouvoirs publics dans la complication des procédures afférentes à la constitution et la gestion des associations, citant à titre d’exemple l’obligation qui leur est désormais faite de se faire inscrire sur le Registre national des Entreprises (RNE).

Evoquant le rôle futur de la société civile, il estime que la défense des droits ne suffit pas et doit s’étendre à un rôle plus actif dans l’ancrage de l’économie solidaire. Ben Hafaïedh invite les associations appropriées à se transformer en mutuelles et à s’implanter profondément sur le terrain en toute proximité avec les populations locales. Reprenant un modèle académique traitant de l’indice de confiance dans les partis, et par extrapolation, la société civile, il a indiqué que le citoyen est comme le consommateur moyen face à un produit mis en linéaire dans un supermarché, n’a que trois choix possibles : acheter (loyauté, fidélité), exprimer ses doléance au fabricant (se prononcer, demander des améliorations), ou renoncer et rejeter... Par analogie, le grand risque est alors le rejet du système politique.

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