News - 26.09.2019

Boubaker Ben kraiem - Les élections présidentielles 2019: que de surprises!

Boubaker Ben kraiem: Qui sème le vent, récolte la tempête

Les résultats des élections présidentielles 2019 ont été en deçà de l’attente des  uns et de l’espoir des autres et ont surpris politiques et citoyens ordinaires. Ceux-ci et ceux-là ne doivent-ils pas se remettre en question ?

En effet, ceux qui ont gouverné le pays depuis 2011, tous ceux qui ont créé les quelques deux cents partis politiques, aveuglés par les projecteurs et les lampions du pouvoir, se croyaient inamovibles tant qu’ils détiennent le sceau magique, oubliant que le vent peut, sans aucun avertissement, tourner à contre sens. Si les premiers étaient, soit des novices dans la gestion des affaires de l’Etat, soit des débutants dans la vie politique, les autres n’ont tiré aucun enseignement des erreurs et des maladresses de leurs prédécesseurs.

Pourtant, des patriotes sincères, des nationalistes francs et loyaux, appartenant tous à la génération de l’indépendance et qui ont participé, avec leur cœur, avec leur sueur, avec leurs tripes et parfois avec leur sang, aux fondements d’un Etat moderne, ont, compte tenu de leur expertise, de leur expérience et de leur amour pour la patrie, des dizaines de fois et même des centaines de fois, tiré la sonnette d’alarme pour attirer l’attention de ces politiques et de ces gouvernants sur tout ce qui leur semblait inapproprié pour l’avenir et le devenir de notre pays. Combien de fois, de bonnes idées leur ont été présentées à propos de certaines questions stratégiques ou de lignes de conduite à suivre dans l’intérêt suprême du pays.  

Bien sûr, par orgueil, par prétention, par vanité ou par indifférence de certains cabinets ou conseillers, ces conseils n’ont pas retenu l’attention de ceux qui croyaient tout connaitre et tout savoir.  Personne ne peut oublier comment ont été traitées les affaires de la BFT et des causes du classement de notre pays dans la liste noire des pays * blanchiment d’argent et financement du terrorisme* entre autres pour arriver aux résultats que nous connaissons tous.

Cependant, huit ans après la révolution, notre pays n’a pas avancé d’un iota dans tous les domaines exception faite de celui de la liberté d’expression qui, malheureusement, à lui seul, ne nourrit pas son monde. Aussi, tous ceux qui sont arrivés au pouvoir ont cru qu’ils y resteront le plus longtemps possible et que rien ni personne ne peut les en déloger. D’autre part, croyant tout connaitre et tout savoir  et pensant que nos concitoyens sont incapables de les gêner, ils se sont comportés d’une manière négative. En effet, toutes les promesses faites aux jeunes ainsi qu’aux régions défavorisées, sont restées lettre morte. D’autre part, le populisme, le laissez- faire  et le laissez- aller des questions épineuses ont été la démarche suivie par la plupart des gouvernements. Le résultat de tout cela ne s’est pas, du tout, fait attendre :  on a laissé bafouer l’autorité et le prestige de l’Etat, on n’a pas réagi, efficacement, lorsque des citoyens ont brûlé le symboles de l’Etat que sont les postes de la police et de la garde nationales, on n’a pas utilisé la force publique pour empêcher les groupes de jeunes qui, demandant des emplois, ont empêché les citoyens de rejoindre leurs lieux de travail et ont, même, bloqué l’extraction et la production des phosphates, on n’a pas réagi contre ceux qui, à Kerkennah, ont jeté une voiture de la police à la mer, on n’a pas * dérangé* des jeunes qui ont bâti une murette sur les rails, se laissant, sans aucune crainte, se faire filmer par la télé, On n’a  rien fait contre les jeunes qui ont investi une zone saharienne dans la région d’El Kamour, zone pourtant dont l’accès est soumis à autorisation. Tous ces délits n’ont été levés qu’une fois les demandes des fauteurs ont été satisfaites et des sociétés de l’environnement ont été créées, ici et là, ajoutant à nos difficultés financières des situations inextricables. Aussi, le sentiment d’impunité était manifeste car des fautes très graves ont été commises par des cadres et rien n’a transpiré quant aux sanctions infligées car les sanctions sont faites pour servir d’exemple : le commandant de bateau qui , en pleine mer, tamponna un autre, le pilote qui se bat avec son mécano en présence des passagers, le conducteur du train qui arrête son train pour aller faire un achat en rase campagne, le vol des effets des voyageurs à l’aéroport, vols qualifiés de minimes par le responsable du transport comme si les vols minimes n’étaient pas sanctionnables, etc….

Sentant un certain laxisme et beaucoup d’hésitation de la part du  gouvernement, les malfrats dans  les domaines de la corruption, de la contrebande, de la fraude fiscale, des tromperies de toutes sortes *fourniture de viande avariée, de viande d’ânes et de chats, égorgement de bêtes mortes, la gestion de certains abattoirs, etc….) se sont donnés à cœur joie pour faire fortune au détriment du peuple qui souffre en silence tellement la vie est devenue difficile dans notre pays, dans ce pays où il y a une décennie, Tunis était classé parmi les cinq villes les moins chères du monde.   

Et ce furent les élections présidentielles de 2019 et le peuple a voté. Les résultats ? Inutile de les rappeler mais le citoyen n’est pas dupe et les peuples n’oublient pas !!

Faut-il rappeler que le peuple n’est, nullement, concerné par quelle personnalité, quel groupe ou quel parti politique gagnera les élections et arrivera ou se maintiendra au pouvoir. Son seul souci, son plus grand défi et sa plus importante attente est de voir le renchérissement du couffin de la ménagère décroitre pour atteindre un niveau acceptable. Les prix des denrées essentielles qui, au lieu de croitre, normalement de dix à quinze pour cent chaque année, ont été multipliés par trois et quatre par rapport à 2010 alors que rien ne peut justifier ces augmentations abusives et les autorités n’ont rien fait pour contrôler cette situation inadmissible qui n’a fait qu’empirer année après année. Et ce qui est incompréhensible, c’est que ce domaine est parfaitement maitrisable, à condition d’avoir la volonté politique de le faire.

De même, et huit ans après la révolution, et durant cette période transitoire qui n’a que trop longtemps duré, il n’y a pas eu de grands projets qui ont été réalisé pour assécher, au moins partiellement et réduire, sérieusement, le chômage des diplômés du supérieur et des autres qui, au lieu de décroitre, s’aggrave, indubitablement. 

C’est surtout lors de ces moments difficiles qu’on connait le bon grain de l’ivraie.  La jeunesse de notre pays s’est révoltée pour la liberté, la dignité et le travail. Certains gouvernants, au début de la révolution, n’ayant aucune expérience du pouvoir, ont dépensé sans compter et ont même utilisé les réserves destinées aux générations futures. Ces dépenses inutiles n’ont pas servi au développement des régions défavorisées mais à payer les salaires de centaines de milliers de personnes injectées dans la fonction publique qui n’en avait aucunement besoin. De même, les dédommagements attribuées, et tel ministre de l’éducation qui ramena le volume horaire hebdomadaire des enseignants du primaire de trente à quinze heures, mesure unique au monde mais qui nous a obligés à doubler les effectifs de ces enseignants ainsi que leur masse salariale, tel autre ministre de l’intérieur qui accorda, en une seule fois, jusqu’à trois avancements à des milliers de personnels, mesure et décision inédites, sans se soucier des répercussions budgétaires, tout cela ajouté à l’arrêt de la production des phosphates durant des années, sont à l’origine de nos difficultés financières. Ces mesures qui engagent l’avenir du pays ne peuvent, dans un pays de droit et de règles, être prises par un ministre et c’est, normalement, tout le gouvernement qui doit en décider et bien sûr, en assumer les conséquences. Voilà des mesures prises par  des responsables irresponsables car on n’engage pas le budget de l’Etat, par compassion ou par la volonté d’un ministre mais il y a des règles et une procédure à suivre.

Il faut aussi que les gouvernants aient le courage de prendre leurs responsabilités et utiliser les gros moyens quand il le faut car n’importe qui peut gouverner en laissant faire et en laissant aller. Pareille méthode peut nous mener très loin et même trop loin, à tel point qu’on risque, un jour, de ne plus pouvoir tenir les rênes. Et cet exercice à répétition commence à nous coûter les yeux de la tête.  

Et comme un malheur n’arrive jamais seul, des gangs dans différents domaines se sont formés, dans plusieurs régions de l’intérieur, pour fonctionner en pays conquis tellement leurs œuvres sont réalisées avec beaucoup de facilités et énormément d’assurance. On se croirait dans les favelas sud-américaines : en effet, des gangs volent les voitures et après quelques jours, le propriétaire est contacté par un messager ou même par téléphone et est sommé de payer une rançon pour récupérer son véhicule.  La plupart des victimes, ayant peur et n’osant pas avertir les forces de l’ordre, acceptent les conditions et suivent les instructions du voleur pour récupérer leurs biens. Les braquages se multiplient, de jour comme de nuit, en ville et dans les transports publics et inquiètent, sérieusement, nos concitoyens et surtout la gent féminine. Sans oublier les stupéfiants qui font des ravages au sein des jeunes. On ne peut pas ne pas se demander pourquoi tout cela n’était pas aussi développé avant 2011 ? C’était, tout simplement, la peur d’être, sévèrement, sanctionné qui les empêchait de commettre pareils forfaits.

Beaucoup de nos concitoyens croient que tous ces gangs, ainsi que les barons de la contrebande, du marché parallèle, et ceux qui ne paient pas le fisc,  ont commencé à décupler leurs actes répréhensibles, et à agir ainsi, avec force et en puissance, parce que le code pénal n’est pas assez sévère.  Faut-il penser d’urgence à le faire réviser pour que les sanctions, c’est à dire l’incarcération, c’est-à-dire la prison soient des plus dissuasives. C’est seulement ainsi que les malfrats et leurs acolytes réfléchiront mille fois avant de continuer leurs basses besognes. Il faut faire promulguer, et le plus tôt possible, des textes de Loi avec des sanctions des plus dissuasives. La fraude fiscale est punissable de prison dans de très nombreux pays. Pourquoi ne pas faire autant si cela n’existe pas chez nous ?

Notre pays serait, d’après les experts en fiscalité, doté de capacités financières lui permettant de ne pas avoir recours à l’emprunt extérieur à la seule condition de n’en exempter personne.

D’autres questions, les unes aussi importantes que les autres, sont, régulièrement, éludées, telles que la recherche des responsables des recrutements de nos jeunes envoyés aux foyers du terrorisme, en Syrie, en Irak, en Libye et ailleurs !! Pourquoi cet effort et ces initiatives n’étaient pas utilisés pour convaincre la jeunesse tunisienne qui remplit, quotidiennement, les cafés, à effectuer leur devoir du service national pour participer au combat contre les terroristes, dans notre pays en vue de les éliminer ou de les en chasser une bonne fois pour toutes.  

Nos difficultés, nos problèmes ne pourront être réglés que par un sursaut d’orgueil, d’éveil, de conscience et d’honneur de ceux qui croient en ce pays et qui l’aiment, de ceux à qui ce pays a tant donné, ce pays, la Tunisie, l’héritière de Kairouan et de Carthage qui a dominé la méditerranée occidentale durant des siècles et qui aujourd’hui, lance un vibrant appel à tous ses enfants, vivants sur son sol et à l’étranger pour leur dire que le moment est grave et que chaque tunisien doit prendre ses responsabilités pour sauver nos trois mille ans d’histoire, pour que nos enfants et ceux des générations futures retrouveront le beau pays qu’il a, toujours, été, durant ces millénaires.
Le grandissime BOURGUIBA a dit * je ne crains pour mon pays que les malheurs que lui feront subir ses enfants*.

Pour conclure, je voudrai rappeler à nos honorables députés que le gouvernement a présenté, il y a quelques mois, et en vue de renflouer les caisses sociales, une Loi pour le prélèvement de 1% sur le chiffre d’affaires des Grandes Entreprises, la majorité s’est absentée pour que la Loi ne soit pas votée par manque de quorum. Pourquoi se sont-ils absentés ? Ont-ils des intérêts dans ces entreprises ? Dans quelques semaines, auront lieu les élections législatives et que nos Députés ne soient pas étonnés de voir, à leur tour, le vote sanction qu’ils ont recherché et bien mérité !
Que Dieu garde et protège la Tunisie Eternelle, l’héritière de Kairouan et de Carthage.

Boubaker Ben kraiem
Ancien  cadre supérieur

 

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