News - 29.12.2017

Les quotidiens tunisiens passent à 1 dinar : combien de lecteurs seront perdus ?

Les quotidiens tunisiens passent à 1 dinar : combien de lecteurs seront perdus ?

A chaque augmentation de prix, toute publication perd inéluctablement des lecteurs. En augmentant leurs prix, passant dès ce 1er janvier de 900 millimes à 1 dinar, les sept quotidiens tunisiens qui restent (dont 4 appartiennent totalement ou majoritairement à l’Etat), risquent de laisser en rade nombre de ceux qui les achètent.

Déjà, deux quotidiens avaient subi de plein fouet les effets de la crise qui pénalise la presse écrite. Attounissia, fondé en décembre 2011 par Nasreddine Ben Saïda a en effet cessé de paraître dès début mai 2016, abandonnant son équipe rédactionnelle et technique à un chômage forcé. Tout récemment, le quotidien Assarih, lancé en 1995 par Salah El Hajja, d’abord comme hebdomadaire, puis transformé en 2002 en quotidien justifiant des plus forts tirages, s’est résolu à mettre fin à son aventure quotidienne. Comme lors de son lancement initial, il a préféré limiter les dégâts en retrouvant sa périodicité hebdomadaire et se concentrant sur sa version électronique. L’impact sur les salariés est lui aussi significatif.

Erosion du lectorat et de la publicité

Il faut dire que le lectorat payant de la presse écrite tunisienne se réduit comme une peau de chagrin. Ce phénomène n’affecte pas uniquement les titres de langue française, mais s’étend aussi à ceux en langue arabe. La baisse du tirage est quasi générale réduisant certains journaux à des quantités très réduites. A elles seules, l’augmentation des charges de rédaction, de gestion, du papier et d’impression et le tarissement des insertions publicitaires ne suffisent pas pour expliquer l’érosion de la rentabilité des entreprises de presse. La désaffectation des lecteurs y concourt de son côté.

De plus en plus habitués à accéder gratuitement à l’information à travers les réseaux sociaux, la radio et la télévision, nombre de lecteurs invoquent le coût élevé de la presse écrite et son manque d’attractivité.

Aucun soutien à la transformation de la presse écrite

Aussi, l’absence d’un fonds public de soutien à la presse écrite, notamment celle d’opinion, leur transformation et leur promotion, de publicité et d’abonnements émanant des ministères et organismes publics, vient obérer le compte d’exploitation des médias et les mettre sous perfusion.L’augmentation du prix de vente des quotidiens ne relève que de la réanimation provisoire sans pour autant résoudre les problèmes effectifs. Est-ce pour autant se résigner à la fatalité de voir les titres de presse se saborder un à un, et leurs effectifs abandonnés à leur triste sort ? 
L’histoire de la presse nous enseigne qu’aucun média n’a jusque-là tué ses prédécesseurs : la radio n’a pas tué la presse écrite, la télévision ne s’est pas substituée au cinéma... Elle nous apprend aussi qu’aucune société démocratique ne gagne à se passer d’une presse écrite, libre et indépendante. A condition qu’elle sache se réinventer.

Les sept quotidiens qui résistent encore

  1. La Presse (public)
  2. Assahafa (public)
  3. Assabah (à majorité public)
  4. Le Temps (à majorité public)
  5. Ach-Chourouq (privé)
  6. Le Quotidien (privé)
  7. Al-Maghreb (privé)
Taoufik Habaieb
 
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