Partenaires - 30.09.2021

Carthage ressuscitée par IRIS

Carthage ressuscitée par IRIS

Il y a bien des manières de raconter l’histoire d’un pays aux non-initiés, et Slah Eddine Ayachi a choisi la meilleure de toutes. En effet, dans les trois petits ouvrages que cet historien vient de publier aux éditions IRIS*, il retrace l’histoire de la Carthage punique et de la civilisation carthaginoise et livre aux lecteurs un compendium sous forme de trilogie:

Histoire de la Tunisie (illustrée), 1ère partie : Elyssa, de la Préhistoire à 814 av. J.-C.

Histoire de la Tunisie (illustrée), 2ème partie : Carthage, de 814 à 264 av. J.-C.

Histoire de la Tunisie (illustrée), 3ème partie : Hannibal, de 264 à 146 av. J.-C.

Ainsi, Slah Eddine Ayachi offre, en trois opuscules fort instructifs et réunis sous le titre de Histoire de la Tunisie (illustrée), un large panorama de l'histoire et de la culture de la civilisation carthaginoise: origines du peuple carthaginois, société, organisation sociale et politique, vie quotidienne, économie et histoire, croyances et religions…

Ces petits livres édités par Les Editions IRIS sont disponibles dans les deux langues, à savoir en français et en arabe, et se lisent comme des romans, avec les batailles auxquelles les Carthaginois ont pris part, les intrigues qui ont bouleversé le cours de l’histoire et les personnages d'exception qui trônent au Panthéon de la postérité.

Richement illustrés et contenant des cartes instructives et bien élaborées, ces livres sont essentiellement destinés aux enfants qui, en les lisant, pourraient se découvrir une passion pour Carthage, une vocation pour l’histoire antique. Ils sont également destinés aux adultes qui, toute leur vie durant, ont entendu parler de Carthage, de Elyssa, des guerres puniques, de Hannibal, d’Hamilcar, de Hasdrubal, sans jamais avoir eu la possibilité de s’immerger complètement dans l’histoire de la Carthage punique.   

En historien pédagogue, concis et infiniment rigoureux, Slah Eddine Ayachi offre aux lecteurs de tout âge trois ouvrages de vulgarisation. En effet, dans cette trilogie conçue à des fins de vulgarisation, les faits historiques se succèdent en toute fluidité, les traits de notre histoire sont bien enchâssés et le tout est enveloppé dans une agréable narration. Les faits historiques sont relatés dans un style à la fois riche et concis, dans un français aisé, élégant et intelligible pour tout lecteur. Et il en est de même de la version arabe.

Outre les mots et les passages importants qui ont été mis en gras par l’auteur par souci pédagogique, les trois opuscules sont enrichis de mentions explicatives et indispensables à une meilleure compréhension du texte. Et c’est une chose qui a beaucoup plu aux premiers lecteurs de cette trilogie !

Avec ces trois opuscules réunis sous la rubrique Histoire de la Tunisie (illustrée), les Editions IRIS viennent de lancer une nouvelle collection et comptent nous faire traverser les principales époques de l’histoire de Tunisie.

Bref CV de l’auteur

Slah Eddine Ayachi est né à Sousse en 1950. Après des études secondaires à Sfax, il poursuit ses études supérieures en histoire, en droit et en sciences politiques à la Sorbonne et au Panthéon.

De retour en Tunisie, il crée une société de publicité, de communication et de création artistique, Elyssa Création, une société de production de films, Hannibal Films, une imprimerie graphique, Imprimerie Graphique du Centre – IRIS, et, pour finir, une maison d'édition, Les Editions IRIS, destinée à la jeunesse pour la découverte du patrimoine historique et culturel tunisien.

Il est le co-auteur du livre encyclopédique Si Sousse m'était contée* et auteur de nombre de contes arabo-maghrébins ayant pour objectif de faire découvrir aux jeunes et aux moins jeunes la culture et l'imaginaire traditionnels.

1ère partie: Elyssa, de la Préhistoire à 814 av. J.-C.

Les premières pages de cet opuscule qui ouvre une collection dédiée à l’histoire de la Tunisie sont consacrées à la Préhistoire. L’historien Slah Eddine Ayachi situe dans le temps, sur une frise chronologique, quelques repères jalonnant l'histoire de l’espèce humaine et formule des définitions courtes et pertinentes de notions aussi essentielles que « préhistoire », « paléolithique », « néolithique » et « protohistoire ». Slah Eddine Ayachi livre ensuite une synthèse des recherches et découvertes dans le domaine de la Préhistoire en Tunisie. Il en dresse un tableau récapitulatif : l’ère paléolithique, l’ère néolithique et l’ère de la protohistoire.

L’auteur enchaîne avec un condensé éclairant sur les origines ethniques et linguistiques des Berbères, avant d’attaquer le Croissant fertile, soit cette région disposée en arc de cercle allant de l’Egypte au Golfe Persique en longeant la côte méditerranéenne, puis en suivant les vallées des deux fleuves de Mésopotamie, en l’occurrence le Tigre et l’Euphrate. Ce passage est un avant-propos bien utile à ce qui s’ensuit, la civilisation phénicienne étant l’une des civilisations anciennes du croissant fertile.

L’historien passe ensuite à la civilisation phénicienne. Il explique que, dès le troisième millénaire, le peuple phénicien apparaît orienté vers le commerce maritime. En effet, il était en relation avec l’Egypte et la Mésopotamie. L’auteur explique, en termes simples et aisément compréhensibles pour le commun des lecteurs, que les Phéniciens étaient organisés en cités-Etats ayant chacune son roi et ses dieux (Baal, Melkart et Astarté), mais qu’ils étaient unis par la civilisation.

Les Phéniciens furent de « grands navigateurs » (p. 16), les commerçants les plus actifs de la Méditerranée. Ils ont fondé des colonies, notamment « à Chypre, en Sicile, en Sardaigne et dans la Péninsule Ibérique et en Afrique du Nord » (p. 17). Les Phéniciens, ce peuple d’origine sémite, disposaient d’importantes flottes qui jouèrent un rôle capital dans la défense contre les ennemis.  

Les Phéniciens comptaient une main-d’œuvre qualifiée et étaient d’« habiles artisans et commerçants » (pp. 18-20). L’alphabet est inventé par les Phéniciens en 1300 avant J.-C. Même si cette thèse est discutée, il n’en reste pas moins que le principe d’une écriture alphabétique est attesté en Phénicie. L’auteur explique succinctement l’alphabet phénicien en précisant qu’il sera propagé dans le monde méditerranéen et que les Phéniciens le transmettront aux Grecs notamment. Tout ce génie conjugué à d’autres précellences leur ont permis de connaître une longue période de prospérité.   

Après avoir consacré une page à la fondation d’Utique et d’Hadrim, l’auteur raconte l’histoire de la légendaire princesse de Tyr qui s’enfuit de Phénicie pour accoster « au nord de la côte méditerranéenne d’Afrique du Nord (l’actuelle Tunisie) entre les villes d’Utique et d’Hadrim (Sousse) » (p. 23), avant de fonder Carthage, Kart Hadash (ville nouvelle), autour de la citadelle de Byrsa. La dernière partie de ce premier opuscule est consacrée à la fin tragique d’Elyssa. 

2ème partie : Carthage, de 814 à 264 av. J.-C.

La première partie du deuxième opuscule est consacrée à Carthage, ville prospère, « cosmopolite », dotée d’une « organisation politique équilibrée » (p. 2) et qui a fini par établir un empire économique au commerce très actif. Dans cette première partie, l’auteur présente la « puissance méditerranéenne » (p. 2) en question tant sous l’angle social et culturel que du point de vue politique et militaire.

L’auteur y énonce une à une les différentes classes sociales qui composent hiérarchiquement la population carthaginoise. Il décrit également le rapport entre l’homme et la femme, notamment en situation matrimoniale, et dresse un bref état (mais ô combien édifiant) des habits carthaginois et de la langue phénico-punique.

Il expose, dans la foulée, les fondements de l’organisation sociale et politique de la vie carthaginoise, tout en mettant en exergue la définition de notions essentielles telles que « Agora », « république », « oligarchie », « Conseil des Anciens » et « Assemblée du Peuple ». Ensuite, l’auteur consacre une page à l’organisation de l’armée carthaginoise qui disputera aux Romains l’hégémonie de la Méditerranée occidentale. 

La partie d’après se rapporte au dynamisme économique de Carthage et l’on y voit passer en revue les ressources de cet empire en tant que puissance maritime, commerciale et agricole. L’auteur souligne l’importance de l’artisanat dans la Carthage antique, mais aussi la présence d’une économie agraire diversifiée et fondée sur la pêche et sur une « agriculture florissante » (p. 16).

Les pages suivantes sont consacrées aux dieux carthaginois et à la religion à Carthage qui a été, majoritairement, héritée de l’Orient phénicien. La partie qui suit porte sur des points indispensables à la compréhension de cette religion : les Tophets, les nécropoles, les prêtres…

Avant de parler de la rivalité qui a opposé les Carthaginois aux Grecques, des guerres gréco-puniques qui ont duré trois siècles durant en Sicile (de 580 à 264 av. J.-C.), l’auteur a consacré une page au rayonnement culturel de Carthage qui, si l’on juge les thèmes traités par l’auteur, à savoir « la bibliothèque », « l’éducation », « les arts et la musique » (p. 26), etc., fut un centre intellectuel important dans son temps.  

Ce petit livre s’achève sur Le périple d’Hannon, ce navigateur carthaginois mythique qui effectua un voyage d’exploration le long de l’Afrique occidentale par les colonnes d’Hercule (Gibraltar), les Canaries, le cap Vert, jusqu’au du golfe de Guinée. L’historien publie un extrait du récit du voyage du général Hannon qui a été traduit en grec et qui est connu sous le nom de « Périple d’Hannon ». Et c’est sur une belle carte des plus importants sites carthaginois en Tunisie que s’achève le deuxième volet de cette passionnante trilogie.  

3ème partie : Hannibal, de 264 à 146 av. J.-C.

L’auteur revient sur l’empire carthaginois, et plus particulièrement sur l’empire à son apogée et les colonies carthaginoises, mais aussi sur les causes de sa décadence. L’auteur souligne que l’histoire a, entre autres, été écrite par l’historien grec Polybe, un admirateur inconditionnel de Rome qui a vécu les guerres contre Carthage, et l’historien romain Tite-Live, celui-là même qui a contribué à répandre une image exaltante de Rome.

Avant d’attaquer les guerres puniques, Slah Eddine Ayachi s’est intéressé aux relations profondes qui unissaient les numides aux carthaginois. L’intérêt de cette partie du livre réside dans les explications fournies quant à l’influence mutuelle de ces deux peuples et au caractère tourmenté de leur coexistence. Leur histoire n’a pas été un long fleuve tranquille, loin sans faut. L’historien prépare le lecteur aux guerres puniques. En effet, les numides, appartenant à la race des valeureux cavaliers, ont été engagés en grand nombre dans l’armée carthaginoise, avant d’être sollicités par Rome.

L’historien retrace les guerres puniques qui ont opposé les Carthaginois aux Romains et qui avaient pour enjeu l’hégémonie en Méditerranée occidentale. Rome, après avoir conquis l’Italie méridionale, s’est heurtée à Carthage en Sicile.

La première guerre punique – de 264 à 241 av. J.-C.

L’historien passe en revue les événements historiques les plus importants de la première guerre punique. Les Carthaginois, d’abord vaincus à Agrigente et au Cap d’Ecnome, parent au débarquement du consul Régulus en Afrique.

La suite permet aux lecteurs de mieux connaître des personnages historiques que la majorité des Tunisiens ne connaissent que de nom. L’auteur commence par décrire la déroute du général Hasdrubal en Sicile, mais aussi la résistance héroïque, dans le sud de l’Italie, des Carthaginois aux armées romaines sous le commandement du général Hamilcar Barca.  

Slah Eddine Ayachi consacre toute une partie de ce volume à la révolte des mercenaires qui eût lieu juste après la première guerre punique (de 241 à 238 av. J.-C.). Carthage, extrêmement affaiblie et saignée à blanc par Rome, ne pouvait plus payer ses mercenaires. En lisant cet opuscule, vous vous apercevrez jusqu’à quel point Hamilcar Barca est un personnage historique des plus illustres.

L’historien, avant d’attaquer la deuxième guerre punique, dresse le portrait de trois célèbres généraux carthaginois :

Hamilcar Barca, le fondateur de la dynastie barcide. Il oppose, en tant que commandant en chef, une vive résistance aux Romains en Sicile. Il réprime, par la suite, la révolte des mercenaires à Carthage et conquiert le sud de l’Espagne pour « payer les indemnités de guerre de Carthage » (p. 17) et préparer sa revanche.
Hasdrubal, dit Le Beau, est le gendre de Hamilcar Barca. Associé à son pouvoir en Espagne, il lui succède à sa mort, fonde Carthagène ou Carthage Nova (la nouvelle Carthage) et négocie le traité avec Rome, lequel délimite les zones d’influence à l’Ebre.

Et, enfin, le plus célèbres des généraux et hommes d’Etat carthaginois : Hannibal Barca. Enfant, il accompagne son père Hamilcar Barca en Espagne et s’y distingue, plus tard, sous les ordres de son beau-frère Hasdrubal Le Beau.

Slah Eddine Ayachi revient sur la solide formation qui lui a été donnée durant sa jeunesse, passe en revue les principaux faits d’armes du général Hannibal et fait défiler les épisodes historiques les plus significatifs de son parcours. On comprend, après avoir lu ces quelques pages consacrées à Hannibal Barca, pourquoi il est considéré comme l’un des plus grands chefs de guerre de l’Antiquité.

La deuxième guerre punique – de 218 à 202 av. J.-C.

Après la défaite des îles Egates, Carthage demande la paix et accepte la perte de la Sicile et le paiement d’une forte indemnité de guerre. Trois ans plus tard, et comme nous l’avons vu un peu plus haut, les mercenaires se révoltent et provoquent une guerre civile à Carthage, laquelle achète la non-intervention romaine par l’abandon de la Corse et de la Sardaigne, perte bientôt compensée par les conquêtes de Hamilcar Barca en Espagne. Rome, inquiète, impose au successeur d’Hamilcar Barca, Hasdrubal Le Beau, le traité de l’Ebre. Après la prise de Sagunto, « ville riche, florissante et alliée à Rome » (p. 22), par Hannibal, Rome déclare la deuxième guerre punique. 

Il s’ensuit alors les exploits du légendaire Hannibal :

Le passage du Rhône, après le passage des Pyrénées, « avec son armée et ses éléphants, montés sur des radeaux » (p. 23) ;

La traversée des Alpes, renforçant au passage son armée avec des Gaulois cisalpins révoltés contre Rome ;

Hannibal remportera sur les Romains de brillantes victoires en Italie. L’historien raconte les différentes batailles que Hannibal a livrées avec succès contre les Romains, dont la bataille de Cannes, « la plus grande bataille terrestre de l’antiquité » (p. 26). 

Ensuite, l’historien explique les raisons des revers subis par Hannibal. S. Ayachi avance les différentes thèses développées par les historiens au sujet du refus d’Hannibal de marcher sur Rome. Il décrit aussi comment Rome étend la guerre à tout le pourtour de la Méditerranée occidentale, mais aussi la reconquête de l’Espagne par le redoutable Scipion l’Africain. L’ennemi juré de Carthage, buriné par le soleil d’Afrique, mais aussi par une haine héréditaire et par les traits de la plus implacable des vengeances, détruit les armées de secours carthaginoises commandées par Hasdrubal Barca et Magon et mène avec succès ses batailles nord-africaines, grâce entre autres à l’alliance numide. Ayachi explique, non sans éloquence, les raisons qui ont poussé Massinissa à s’allier à Scipion l’Africain et cite les différentes batailles remportées par le proconsul romain en faisant logiquement la part belle à la célèbre bataille de Zama.  

La troisième guerre Punique – de 150 à 146 av. J.-C.

Carthage abandonne l’Espagne et le contrôle de sa diplomatie à Rome, paye une forte indemnité de guerre et livre sa flotte et ses éléphants. En dépit de ces dures conditions, Carthage prospère de nouveau sous l’impulsion d’Hannibal. Inquiets, les Romains saisissent le prétexte d’une guerre de Carthage contre Massinissa, l’allié de Rome, pour déclencher la troisième guerre Punique. Le roi numide voulait profiter « de la faiblesse de la cité punique et de l’impunité romaine pour étendre son territoire du sud-ouest de Tabarka jusqu’aux limites de la grande Syrte (Golfe de Libye) » (p. 37).

Caton l’Ancien ou Caton le Censeur, très impressionné par la prospérité de Carthage, joue un grand rôle dans le déclenchement de la troisième guerre Punique : « Rome ne peut pas se permettre d’avoir un tel ennemi à ses portes » déclara-t-il un jour (p. 38). Il y contribue par ses discours incendiaires auxquels il ajoute invariablement la célèbre formule : « Delenda est Carthago » (il faut détruire Carthage).

Slah Eddine Ayachi reproduit, à la fin de ce troisième opuscule, un passage très poignant de l’historien grec Appien : « Dans un intense effort de survie, les habitants [ndlr : les habitants de Carthage] se mettent à fabriquer des armes et du matériel de guerre. Femmes, vieillards et enfants travaillent nuit et jour. Une flotte est construite à partir de poutres de maisons et les femmes coupent leurs chevelures pour tresser des cordes et pour confectionner les arcs… » (p. 39).
Les Carthaginois se battirent jusqu’à la fin avec l’énergie du désespoir, mais ils ne purent échapper à leur fin tragique.     

* Les trois opuscules en question sont déjà disponibles dans plusieurs librairies de Tunisie.

Elyssa, de la Préhistoire à 814 av. J.-C.
Collection Histoire de la Tunisie
Sousse, Les Editions IRIS, 2021
28 pages
8 dinars

Carthage, de 814 à 264 av. J.-C.
Collection Histoire de la Tunisie
Sousse, Les Editions IRIS, 2021
36 pages
10 dinars

Hannibal, de 264 à 146 av. J.-C.
Collection Histoire de la Tunisie
Sousse, Les Editions IRIS, 2021
40 pages
12 dinars

*Ayachi Slah Eddine, Baâziz Ameur, Si Sousse m’était contée : mémoire d’une ville de 3000 ans, Sousse, Les Editions IRIS, 2017.   
 

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