News - 18.01.2020

Tunisie: Ksar Ouled Debab (Album Photos)

Ksar Ouled Debab

Sur ce territoire des hommes bleus, celui qui a exalté les grandes âmes et les grandes plumes, là où sont nés les prophètes, où se rencontrent mystiques et poètes, ermites fous et rois sages, ne s’aventuraient que les voyageurs en quête d’un ailleurs.

Là, à Tataouine, dont la légende n’a retenu que les «bats d’af», la légion étrangère, les chars de Rommel et le bagne maudit et romanesque, s’élèvent d’étonnants châteaux du désert. Ces formidables architectures d’une grandiose beauté racontent l’histoire d’un peuple, d’une civilisation, d’un mode de vie, aujourd’hui oubliés. Ils dominent les plaines, s’accrochent aux montagnes, se fondent dans un paysage plus minéral que de sables. Ils évoquent ces résistances farouches conduites par la Kahena, la guerre menée avant que de plier pour la paix des braves, un passé de bruits et de fureurs, une épopée de courage et d’aventures.

Les ksour, comme on les appelle, imposant ensemble de greniers, d’habitats, mais aussi de fortifications défensives, n’ont pas, à ce jour, livré tous leurs secrets. On les dit berbères, selon la plupart des historiens, hilaliens pour d’autres moins nombreux. Mais tous s’accordent à leur reconnaître la double vocation de magasins de réserves pour une population semi-nomade, d’édifices militaires pour la protection de ces même réserves qui, dans cette région aride, assuraient la survie de la tribu, et enfin d’habitat quand finit le temps de la transhumance.

Ksar Ouled Debab est l’un des plus importants, de par sa taille, sa préservation et sa situation. Au carrefour des routes sahariennes qui mènent à Tataouine, à Douz, à Douiret, ou plus loin, à Remada, il dresse l’impressionnante puissance de son architecture d’un autre âge au cœur d’un pays aride, peu attractif, a priori pour les amateurs du pays du jasmin. Il fallait un véritable amoureux du désert pour se laisser séduire, et un aventurier des expériences extrêmes pour en déceler tout le potentiel. Abderrazek Cheraït est de ceux-là, dont le nom est intrinsèquement lié au développement touristique de Tozeur, destination jadis longtemps à l’ombre de Nefta. On lui doit l’idée insolite de créer un musée au cœur des sables, véritable gageure qui s’avéra un coup de génie et entraîna une dynamique étonnante. On ne parle plus de Tozeur sans évoquer les parcs d’animations, les villages- musées, les maisons dans les arbres, et les multiples festivals cinématographiques, musicaux, ou culturels en tous genres  que la cité a su drainer.

Ksar Ouled Dabeb demandait une approche différente. Une approche lente et réfléchie, faite de respect du lieu, de sa compréhension, et de la manière de l’appréhender. Karim Cheraït, le fils, a su prendre temps et patience pour apprivoiser ce formidable ensemble de quelque 600 ghorfas et en faire un pôle de culture et d’hébergement. Il a fallu tout d’abord retrouver et concilier les innombrables ayants droit de ce bien communautaire, rassurer les puristes du patrimoine inquiets des travaux d’aménagement, établir les priorités, définir les espaces, en un mot faire d’un lieu à vocation de refuge et de défense un lieu d’accueil et de convivialité.

Aujourd’hui, Ksar Ouled Debab offre un logement raffiné et confortable, une table conviviale et ancrée dans une culture régionale spécifique, un musée où sont représentées les diverses expressions d’art islamique, une galerie d’artisanat. On y évolue dans un décor épuré, d’une sobre élégance, dont les références au lieu et à son histoire sont subtilement suggérées ou théâtralement mises en scène.

Là-bas, on vit différemment.

Alya

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