News - 16.02.2020

Samir Gharbi: Une religion à la loupe... Les Chiites dans le monde

Une religion à la loupe... Les Chiites dans le monde

L’actualité internationale remet à l’ordre du jour l’Iran, comme en décembre 1979, et la position du pays dans la planète. Depuis plus de quarante ans, les Chiites iraniens, qui représentent près de 95 % de la population iranienne et près de 40 % de la population chiite mondiale, veulent dominer le monde en utilisant la religion. Avec plus de 9 Iraniens sur 10 de confession chiite et 4 Chiites sur 10 dans le monde qui vivent en Iran, Téhéran veut greffer sur ce «poids démographique» une large sphère régionale au Moyen-Orient et au-delà.

La question se pose en termes d’équilibre des forces dans la région et dans le monde. Les ennemis de l’Iran – Américains, Israéliens, Saoudiens, etc. – veulent coûte que coûte l’empêcher de posséder lui aussi l’arme atomique, qu’un seul pays musulman possède à ce jour (le Pakistan, qui fait contrepoids à l’Inde) et qu’un seul pays de la région possède (Israël, menacé par ses voisins depuis sa naissance en 1948), en plus évidemment des six autres : Etats-Unis, Russie, Royaume-Uni, France, Chine et Corée du Nord. L’Irak avait bien tenté de la fabriquer, mais son dernier site, celui d’Osirak, a été rasé par les avions israéliens le 7 juin 1981.

D’où vient cette volonté des Chiites de dominer et d’exporter leur propre confession ? Combien sont-ils et où vivent-ils ? Telles sont les questions auxquelles cette rubrique «A la loupe» tentera de répondre.

Les Chiites sont, depuis 14 siècles, les principaux ennemis des Sunnites. Depuis, en fait, la mort du Prophète Mohamed le 8 juin 632. Ils étaient 1 et son entourage. Ils sont aujourd’hui 200 millions dans le monde. Ils représentent 10 % des musulmans sur terre (certains avancent le chiffre de 15%), une minorité très agissante par rapport à la majorité sunnite (1,7 milliard d’adeptes). Voir infographies 1 et 2.

Les Chiites iraniens forment 40 % des Chiites dans le monde. Les 60 % autres sont répartis dans plusieurs pays, principalement en Irak, en Inde, au Pakistan, au Yémen, en Turquie, en Azerbaïdjan…Voir infographie 3.

Outre l’Iran, ils sont nettement majoritaires seulement dans trois pays : Azerbaïdjan, Irak et Bahreïn. Voir Infographie 4.

D’où vient le terme «chiite»?

Attention

 

Ce mot arabe de «chiisme» ne doit pas être confondu avec un mot similaire : schisme.

Attesté en français sous la forme «cisme» en 1174, le mot est emprunté au bas-latin ecclésiastique schisma qui vient du grec ancien «skhismós», qui signifie «séparation», du verbe «skhízô», qui signifie couper, fendre (source Google).

 Le schisme est un terme utilisé d’abord dans le vocabulaire religieux pour désigner l’acte par lequel un groupe qui appartient à une confession religieuse rompt avec celle-ci et reconnaît une autorité spirituelle différente.

 Dans le langage ordinaire, le mot désigne la «scission» d’un groupe, d’une école de pensée ou d’un parti.

Le mot chiisme dérive du terme arabe ancien « chi’a », qui désigne un partisan, un discipline d’un prophète… Ainsi défini, ce mot dérivé (‹chi’a’ tihi) dans le Coran :

• Sourate 37 – verset 83 : As-Saffat سورة الصافات

 وَإِنَّ مِن شِيعَتِهِ لَإِبْرَاهِيمَ

Traduction complète du passage : « Paix sur Noé dans l’univers (verset 79) ; Ainsi récompensons-Nous les bienfaisants (verset 80) ; Il était, certes, un de Nos serviteurs croyants (verset 81) ; Ensuite Nous noyâmes les autres (verset 82) ; Du nombre de ses partisans, certes, fut Abraham (verset 83)…
• Sourate 28 – verset 15 : Al-Qasas سورة القصص

وَدَخَلَ الْمَدِينَةَ عَلَى حِينِ غَفْلَةٍ مِّنْ أَهْلِهَا فَوَجَدَ فِيهَا رَجُلَيْنِ يَقْتَتِلَانِ هَذَا مِن شِيعَتِهِ وَهَذَا مِنْ عَدُوِّهِ فَاسْتَغَاثَهُ الَّذِي مِن شِيعَتِهِ عَلَى الَّذِي مِنْ عَدُوِّهِ فَوَكَزَهُ مُوسَى فَقَضَى عَلَيْهِ...

Traduction : «Il entra dans la ville à un moment d’inattention de ses habitants; il y trouva deux hommes qui se battaient, l’un était de ses partisans et l’autre de ses adversaires. L’homme de son parti l’appela au secours contre son ennemi. Moïse lui donna un coup de poing qui l’acheva...».

Brève histoire après la mort du Prophète Mohamed

Au début de l’ère islamique, le terme « shî`ite » était utilisé dans son sens initial pour désigner des partisans de telle ou telle personne.

Ce n’est qu’après la division des musulmans que le terme a acquis le sens unique de «partisans d’Ali», ceux qui croient en lui. Jusqu’à ce jour, les Chiites croient que la raison de suivre Ali était motivée, selon eux, par l’exigence du Prophète, lequel aurait préféré Ali, qui était à la fois son cousin et son gendre (il avait épousé Fatima Zahra, fille du Prophète), pour lui succéder…

Après la mort d’Othman et la bataille de Siffin (Syrie) en 657, se produit le premier grand «schisme» musulman (dans le sens français du terme): la division (ou la discorde, la fitna). Les musulmans se fracturèrent en trois groupes distincts et plus ou moins hostiles:

les  chiites, partisans d’Ali (né vers 600) comme premier successeur du Prophète (né en 571);

les sunnites qui estimèrent que la succession du Prophète n’était pas restreinte à Ali, mais comprend tous les membres de la tribu du Prophète.

Les kharijites, qui disaient que n’importe quel musulman «digne et apte» peut devenir calife...

Les Chiites ne se contentèrent pas de la nomination de Ali comme quatrième calife, de 656 à 661, à la suite de Abou Bakr, Omar et Othman. En raison en particulier de l’assassinat de Ali par un commando kharijite en 661.

Depuis cette époque à ce jour, les Chiites en veulent aux Sunnites et aux Kharijites de les avoir écartés de la succession directe du Prophète. Ils ont développé une sorte de schizophrénie, laquelle a abouti à la formation d’un groupe différent avec ses propres traditions, ses rites et ses pratiques de l’Islam. Ils ont créé tout un clergé religieux, avec une hiérarchie allant du mollah à l’ayatollah en passant par hodjatoleslam, chose non prévue dans le Coran qui affirmait qu’entre Dieu et les croyants il n’y a pas d’intermédiaire, contrairement aux Chrétiens.

Les Chiites estiment toujours que la succession du Prophète (le califat) aurait dû revenir aux seuls «Alides», c’est-à-dire aux descendants d’Ali. Eux-mêmes, ils se sont subdivisés en de nombreuses tendances : les Imamites, les Ismaéliens, les Zaydites, les Alévis (Turquie), les Alaouites (Syrie), les Druzes (Liban), etc..

Samir Gharbi


 

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