Moncef Marzouki: rempiler?

Il ne peut pas invoquer la malchance ! Il ne devait rester qu’un an à Carthage et le voilà  étrenner sa troisième année. Les gouvernements (Essebsi, Jebali et Laarayedh) passent et Marzouki reste toujours en fonction, essayant de tirer ses marrons du feu. Quelle contribution substantielle a-t-il apporté dans l’aboutissement heureux du processus soutenu par le Dialogue national? Difficile à dire avec précision. Son parti, le CPR, qui déjà n’avait pas rejoint  la première initiative de dialogue national, initiée par l’Ugtt en octobre 2012, a refusé de signer en septembre 2013 la feuille de route. Ses élus n’ont pas tous donné leurs voix à l’investiture du gouvernement Mehdi Jomaa. «Lui, c’est lui, moi, c’est moi !», répète son entourage, ajoutant qu’au Palais, on ne parle pas du parti. En dehors de Imad Daïmi, qui dirige le CPR, nombre des proches de Marzouki s’emploient à lui vendre une radicalisation plus poussée, un rapprochement avec ses anciens camarades de lutte, Raouf Ayadi en tête, passés sous la bannière du parti Wafa. Plus, ils estiment indispensable une appropriation plus manifeste de la dénonciation de la malversation, des poursuites judiciaires, du soutien aux imams radicaux, etc.

Ce positionnement pointu leur semble  «le plus révolutionnaire » et, partant, garant de réussite lors des prochaines élections. Ces échéances sont en effet très importantes, tant pour Marzouki que pour le CPR. S’il n’a pas encore annoncé sa décision de se présenter à la présidentielle ou pas, il doit certainement y réfléchir. Ses partenaires au sein de l’ancienne Troïka, mais aussi d’autres acteurs du Dialogue national, finiront par le presser à se décider. Les options risquent alors d’être claires: rester en poste jusqu’à la transmission des pouvoirs, mais avec l’obligation de ne pas se porter candidat, ou reprendre sa liberté, dans quelques mois, suffisamment à l’avance, et se lancer dans la campagne électorale.

Maintenant que la Constitution est adoptée, le gouvernement en place et l’ISIE en fonction, cette question reviendra sans doute sur le tapis.