News - 03.08.2019

Entre Caïd Essebsi et Mohamed Ennaceur, une longue amitié

Ayant sept ans de différence d’âge, tous deux avocats de profession à l’origine et anciens ministres de Bourguiba, Béji Caïd Essebsi (l’aîné, décédé à 92 ans) et Mohamed Ennaceur (le cadet, 85 ans) sont liés par une longue et profonde amitié. Plus d’une fois, leurs chemins se sont croisés dans des fonctions officielles : Mohamed Ennaceur était, début des années 1960, chef de cabinet de Mondher Ben Ammar, alors ministre de la Santé et des Affaires sociales, lorsque Béji Caïd Essebsi était déjà chargé de mission auprès de Bourguiba, puis directeur de l’Administration régionale. Caïd Essebsi deviendra, après la mort de Taieb Mehiri, ministre de l’Intérieur (1965 - 1969). A la même époque, et tout en cumulant d’autres fonctions, Mohamed Ennaceur sera élu maire de sa ville d’origine, El Djem.

On les voit d’ailleurs ensemble sur ces photos, à El Djem lors de la visite de Sa Majesté Roi de Norvège, Olav V, en Tunisie. Mohamed Ennaceur a un lien très particulier avec la Norvège. C’est dans ce pays qu’il avait effectué, au début de sa carrière, au lendemain de l’indépendance, un long stage en politiques sociales et fera connaissance avec celle qui deviendra son épouse.

Mohamed Ennaceur et Béji Caïd Essebsi resteront toujours proches l’un de l’autre, partageant les mêmes idéaux progressistes et modernistes, appelant à la démocratisation du PSD et de la vie politique, exprimant leur solidarité avec l’Ugtt lors des évènements du 26 janvier 1978, et après Mohamed Ennaceur démissionnera du gouvernement Nouira, en signe de protestation contre l’escalade, dès le 23 décembre 1977 (avant de revenir au gouvernement deux années plus tard, pour désamorcer les tensions). Ensemble, ils siègeront dans nombre de gouvernements successifs, avant de prendre leurs distances du régime de Ben Ali.

Ils se retrouvent au lendemain du 14 janvier 2011. Caïd Essebsi sera Premier ministre et Ennaceur reprendra le ministère des Affaires sociales. Ensemble aussi, ils quitteront le pouvoir après l’accession de la Troïka aux trois présidences (Carthage, La Kasbah et Le Bardo). Ensemble, ils constitueront Nidaa Tounes. Ensemble, ils conduiront leur mouvement à la victoire, en 2014. Ensemble, ils seront l’un et l’autre, chacun de son côté, à la tête de deux grandes institutions de l’Etat, la Présidence et le Parlement.

Se tenant loin des querelles intestines qui déchireront Nidaa, resté très respecté par les factions en dissidence, Ennaceur demeurera toujours aligné sur les positions de Caïd Essebsi, n’hésitant pas, cependant, à lui faire part sincèrement de toutes ses réflexions.

Au Bardo, la mission du président Ennaceur ne sera guère une sinécure. Harcelé de toutes parts, il gardera le cap en toute sérénité et sagesse, forçant le respect par son sens de l’équité et de l’Etat. Rompu aux négociations(sociales), affable, courtois, intègre et juste, il sait faire converger les points de vue différents.
Comme si la description du poste de président de la République par intérim lui était taillée sur mesure. Une lourde double responsabilité lui incombe désormais : faire aboutir les objectifs inachevés du mandat du Président Caïd Essebsi et mener le pays à des élections libres, indépendantes et transparentes.
Décidément, il n’aura jamais été aussi sollicité par le destin pour servir la Tunisie. Il s’y pliera en sacerdoce.

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