La fête de l'arbre

Il est là, présent depuis on ne sait combien de temps, seul mais pas délaissé, un peu comme un personnage solitaire, immobile, silencieux et vivant.

Il s’impose de lui-même, comme un exemple, tranquille et rassurant, familier et protecteur à la fois.
Un arbre existe tout simplement, il ne se soucie ni de son passé ni de son futur, il ne connait ni son père ni ses milliers d’enfants semés aux quatre vents, il n’a ni philosophie ni religion, il  s’assume selon ses propres règles et sa propre loi.

Un arbre plonge ses racines dans l’infinie profondeur de notre terre, il s’y nourrit des siècles passés, il s’abreuve au grand cycle de l’eau et sa respiration exhale un souffle qui forme les nuages. Dans sa cime le monde chuchote et ses frondaisons murmurent confusément.

Son écorce est un grand livre ouvert, elle montre toutes les luttes et les souffrances, les années fastes et les années funestes, la prospérité et la maladie. Elle reflète les remous, les troubles et les désordres de toutes nos époques. Tout y est, la dure sècheresse, le froid implacable, la violence de la grêle, le sirocco qui dessèche.
Ses branches sont comme un grand lustre beau et ouvragé, il est façonné par le plus grand des artistes le plus minutieux et le plus respectueux, la nature elle-même.

C’est comme un sanctuaire qui nous offre son ombre mais en fait ce que nous recherchons c’est d’être sous ses feuilles, abri plein de vie, plein d’une effervescence douce et fascinante qui nous entraine vers une délicieuse langueur plus efficacement que n’importe quel feuilleton de télévision à l’eau de rose.

Rien n’est plus beau qu’un grand arbre, un géant auprès duquel on se sent comme avec un grand frère. Son attirance est irrésistible, on s’y abrite, on s’y adosse, on cherche un creux pour s’y loger, peut être même y habiter comme le lutin de la forêt.

Un arbre est sacré, c’est l’arbre de vie, des anciennes civilisations, celui qui reliait toutes les formes de vie ensemble, c’est l’arbre cosmique qui reliait le monde souterrain au ciel, c’est aussi l’arbre du bien et du mal qui engendra le pêché originel et «la chute de l’homme» un concept décrit par Saint Augustin en des termes longuement médités.

Un arbre nous parle, si on apprend à l’écouter il nous dira son histoire, il nous dira des choses simples, des vérités sur la vie, elle n’est pas facile, mais pas insurmontable non plus, il nous dira de faire comme lui, rester calme et digne, d’être soi même, il nous dira quelque chose de plus important encore ,d être libre.

Nous fêtons la fête de l’arbre, mais cette année elle a une saveur particulière, c’est l’année de la véritable démocratie en Tunisie. Chacun de nous devrait marquer cette année en plantant un arbre dans son jardin, un arbre qui pour l’éternité nous rappellera que nous sommes enfin libres.

Dr M.A Bouhadiba