Abdessalem Kallel - Tunisie : Pour que la nouvelle assemblée et le prochain gouvernement, gouvernent au centre et par le centre

Le 15 septembre 2019 nous avons vécu en Tunisie la deuxième révolution après celle du 14 janvier 2011. Cette deuxième révolution était inéluctable et prévisible, nous l’avions vue venir. Depuis 2011, nous n’avions eu de cesse, dans nos différentes lettres ouvertes parues dans la presse, que de rappeler à nos gouvernants de tout mettre en œuvre pour faire réussir la transition démocratique de la révolution que nous a offert notre jeunesse, qui a inspiré les peuples arabes, et qui a été acclamée dans tous les pays du monde.

La chance de la Tunisie aujourd’hui est que cette seconde révolution a été faite par les urnes, ce qui dénote de la maturité de notre peuple.

C’est par les urnes que les laissés pour compte et les sans-emplois ont pris leur revanche. Le vote sanction du 15 septembre a balayé la classe politique dans son ensemble. C’est le choc! Espérons qu’il soit salvateur.

En effet, nous nous cessons de nous inquiéter de la situation générale dans le pays que nous avions déjà évoqué dans un premier article paru dans Leaders le 8 juillet 2011 à savoir :

« …En effet, il va sans dire que la situation générale dans le pays se dégrade d'un jour à l'autre depuis le 14 Janvier 2011. La période des deux premiers gouvernements provisoires n'a pas été concluante. Avec l'actuel gouvernement, les reformes traînent dans le temps, l'économie régresse, la justice piétine, les conditions de sécurité et de stabilité ne s'améliorent pas suffisamment. Les sit-in, les grèves, les fermetures d'usines ont touché tous les secteurs de l’activité économique. Tous les indicateurs de l'économie sont au plus bas, ajouté a cela, l'indifférence des partis et de la société civile. Comment ne pas s'inquiéter devant une telle situation »…. « L'impression est que la révolution menée par les sans ressources en quête d'emploi et de dignité, semble bénéficier, pour le moment, à ceux qui ont du travail et qui sont à l'abri du besoin. Ce qui crée un sentiment de frustration et d'impatience chez tout le monde, et plus particulièrement chez les jeunes. Par ailleurs, cette jeunesse demeure encore absente du paysage politique. Pourquoi ne fait-on pas appel à ses représentants et ses compétences ? L'implication de ces jeunes de la révolution au sein du gouvernement provisoire devrait contribuer à une meilleure communication avec le peuple, tout en étant un garant des acquis de cette révolution… ».

« De même, les organisations nationales, et particulièrement l'UGTT, doivent davantage assumer leurs responsabilités d’encadrement et d’orientation afin que les revendications sociales puissent être exercées dans un cadre légal et responsable. La révolution de la dignité ne peut supporter les revendications faites par ceux, qui à l’abri du besoin, se permettent, aujourd’hui, de gripper les rouages de l’économie.Il est temps que tout le monde se mette au travail ...».

Nous appelons les partis politiques de la famille démocratique à se ressaisir, à tirer les enseignements de ce vote pour s’unir et se mobiliser pour remporter les législatives afin d’assurer une majorité capable de gouverner.

La nouvelle assemblée, ainsi que le prochain gouvernement doivent pouvoir gouverner au centre et par le centre pour faire face aux urgences et aux aspirations de la jeunesse et entamer sans tarder les grandes réformes.

Ces réformes que feu le Président de la République Caïed Essebsi n’avait pu réaliser au cours de son mandat sont nécessaires et urgentes. Elles nécessitent des sacrifices et des concessions justes et équitables de la part de toutes les catégories sociales, y compris les responsables politiques, les organisations nationales et la société civile afin de tirer le pays du gouffre, le redresser et le mettre sur la voie du salut et du développement

Me Abdessalem Kallel,
Militant de la génération de l’indépendance