News - 19.05.2016

L’hommage des diplomates à l’ambassadeur Abdelaziz Hamzaoui (Album Photos)

« Je ne lui ai trouvée aucune référence dans la religion : la célébration du 40ème jour du décès d’un proche est une bidaa», commencera par dire l’ancien ambassadeur M’hammed Jnifen, à la grande surprise des présents, lors de la cérémonie organisée mercredi en fin d’après-midi par l’Association des Anciens Ambassadeurs, au siège de l’ENA, à la mémoire de l’ambassadeur Abdelaziz Hamzaoui. Avant d’ajouter : « une bidaa qui est cependant très agréable ! Passés les trois jours de deuil, se retrouver quelques semaines après alors l’émotion s’est apaisée, pour évoquer les mérites du défunt est sans doute un moment agréable à partager. » Et de se lancer dans un récit passionnant de ses souvenirs avec feu l’ambassadeur Hamzaoui. Ils s’étaient connus à Bagdad, en 1978. Hamzaoui était alors ambassadeur à Téhéran et venait dans la capitale irakienne où Zouheir Chelli dirigeait l’ambassade de Tunisie comptant dans son staff Jnifen en qualité d’attaché culturel. Une amitié est née entre les deux. Jnifen parlera de la vaste culture de son ami, de son raffinement et lui attribue une grande qualité : « Il savait poser les bonnes questions et utiliser les réponses recueillies pour construire ses analyses ».

Kamel Morjane: "Ses conseils et analyses m'étaient précieux"

Kamel Morjane, avait le premier pris la parole lors de cette cérémonie, préséance d’ancien ministre des Affaires étrangères oblige. Jeune fonctionnaire à Haut-Commissariat de l’ONU pour les Réfugiés, il était affecté début janvier 1978 en Iran, alors en pleine tension avec l’Irak. N’y bénéficiant pas d’une accréditation officielle, il était contraint d’effectuer des voyages mensuels. Dès son arrivée pour la première fois à Téhéran, Morjane ira rendre visite à l’ambassade et sera alors ravi d’y être reçu chaleureusement par l’ambassadeur Hamzaoui. « Je devais faciliter l’exfiltration en douceurs de réfugiés kurdes. Ses conseils et analyses m’avaient été fort précieux pour conduire ma mission. Je lui dis sa réussite. Depuis lors, nos entretenu des liens d’amitié qui m’honorent. »

La cérémonie était courte. Empêché à la dernière minute d’y prendre part, le fils du défunt, Ramz Hamzaoui, qui réside à l’étranger, a adressé aux présents un message qui a été lu par Dr Ridha Kechrid, ancien ministre de la Santé, ancien ambassadeur à Madrid.

Le mot de la famille

Ma mère, mon épouse et moi-même tenons à remercier tous ceux qui se sont réunis aujourd’hui pour évoquer la mémoire de feu Abdelaziz Hamzaoui. Nous regrettons tous de ne pas pouvoir être parmi vous en cette occasion.

Au-delà des liens professionnels ou amicaux qui ont pu vous lier au défunt, je pense que, nombre d’entre vous, partagiez avec lui une certaine idée de la Tunisie et le désir de la servir. Mon père a eu vingt ans en 1955 au moment où la Tunisie accédait à l’Indépendance et, comme beaucoup d’hommes et de femmes de cette génération, le regretté a été profondément marqué par cet avènement qui a insufflé du sens et de l’enthousiasme dans de nombreuses destinées personnelles. C’est ce souffle qui l’a guidé tout au long de son brillant parcours académique en France et aux Etats-Unis et l’a conduit, tout naturellement, à retourner au pays pour se mettre au service du jeune Etat Tunisien.

C’est ici même à l’Ecole Nationale d’Administration, en tant que Directeur des Etudes, que mon père a débuté sa modeste contribution à l’édification de l’Etat moderne en participant à la formation de ses cadres. Il a gardé de ce passage une grande fierté que cette réunion, en ces lieux, vient ressusciter.

Il a poursuivi sa mission au Ministère des Affaires Etrangères où il a débuté en mettant sa touche au travail de structuration du département avant d’avoir l‘immense honneur de représenter la Tunisie en tant qu’Ambassadeur. Ce métier lui a donné l’occasion de vivre pleinement son enracinement Tunisien et sa grande ouverture sur le monde et c’est ce qui, je crois, lui a permis de l’aimer et de bien le faire.

Sa longue carrière diplomatique lui a valu la satisfaction d’avoir ouvert la Représentation au Canada, d’avoir été témoin de la Révolution iranienne et d’avoir eu à assumer, avec la première guerre du golfe, un moment difficile dans les relations Tunisie - Etats-Unis d’Amérique, pays auquel il vouait une grande admiration. Il a toujours été respectueux et respecté de ses hôtes, jaloux des intérêts de la Tunisie et soucieux de s’acquitter de sa tâche en son âme et conscience. Et même quand il a choisi de suspendre son parcours professionnel et de s’éloigner un temps du pays, il a cru devoir le faire au nom d’une certaine idée de l’Etat et de la Tunisie.

Je garderai beaucoup de souvenirs de mon père mais surtout, je crois, celui d’un homme qui a toujours voulu s’astreindre à certains principes ; certains hérités et d’autres choisis. Naturellement, il n’a pas totalement réussi, mais ce qui a toujours forcé mon admiration a été sa détermination à s’y efforcer.

Qu’aurait-il pu souhaiter comme épitaphe ? "Digne Représentant de la Tunisie, Fidèle serviteur de l’Etat".

Je pense que vous conviendriez avec moi - que pour cela- Il a réussi.

ALLAH YARHAMOU.

Ramz Hamzaoui

Biographie sommaire de feu l’ambassadeur Abdelaziz Hamzaoui

Feu Abdelaziz Hamzaoui est né le 17 mai 1935 à Thala

Baccalauréat et Diplôme SADIKI (1954),
Institut des Sciences Politiques de Paris (1955-58),
Après des Etudes Supérieures aux Etats-Unis d’Amérique, il est docteur en Relations Internationales de HARVARD et Diplômé de la Fletcher School of Law and Diplomacy,
Directeur des Etudes de l’Ecole Nationale d’Administration de 1963 à 1967,
Directeur des Affaires Consulaires (Octobre 1967),
Ambassadeur de Tunisie à Ottawa (1969),
Directeur des Affaires Administratives au MAE (Sept. 1973),
Secrétariat d’Etat aux Affaires Etrangères (Nov.1973),
Ambassadeur de Tunisie à Téhéran (Fev. 1975),
Ambassadeur de Tunisie à Bruxelles (Juin 1980),
Ambassadeur Représentant Permanent de Tunisie à Genève (Déc. 1987),
Ambassadeur de Tunisie à Washington (Sep.1988),
Ambassadeur de Tunisie à Londres (1992).