Comment l’Égypte se bat pour relancer son tourisme

Charm El Cheikh, de l’envoyé spécial de Leaders, Taoufik Habaieb. « Si on nous dit que la crise durera six mois ou un an, on s’y fera, mais, ne voyant rien poindre à l’horizon, on prend notre destin en main et on se bat ». Sherif, directeur général d’un grand hôtel dans la station balnéaire de Charm El Cheikh, au Sinaï du Sud, ne baisse pas les armes. Sur les plus de 300 hôtels de la zone, son hôtel fait partie de ceux qui n’ont pas fermé et continuent à recevoir des touristes, mêmes russes. Le taux d’occupation moyen est cette semaine à près de 40% ce qui est une performance. C’est en fait le client qui en profite : tous le chouchoutent. L’Egypte est loin des 15 millions de touristes qu’elle recevait chaque année, avant 2011, et même des 9 millions en 2014. Les recettes du tourisme, première source en devises, avant les transferts des Egyptiens à l’étranger, ont dramatiquement chuté des 7 milliards de dollars. Le terrorisme a sévèrement éprouvé un secteur prospère et prometteur.

La force de l’Égypte est ce pendant de ne pas se résigner cette fatalité. Tout se redéploye pour relancer le tourisme. Le président Al Sissi en fait un engagement personnel, mobilisant tout l’appareil de l’Etat, incitant le ministère du Tourisme à multiplier les missions promotionnelles à l’étranger, encourageant les professionnels à revisiter leur produit pour le rendre encore plus attractif. La compagnie aérienne nationale, Egyptair, apporte tout son soutien, avec des tarifs incitatifs et une qualité de service de très bon niveau. EEn réceptif, sa filiale l'agence de voyage Egyptair Tourism (Karnak) & Duty Free, déploie toutes ses voiles. La sécurité est un cheval de bataille. Des experts internationaux ont été invités à auditer les aéroports et les sites touristiques. Leurs recommandations sont mises en œuvre immédiatement. Le dispositif sécuritaire est partout renforcé. Mais, c’est la qualité du produit touristique lui-même qui est sensiblement améliorée.

Une trilogie gagnante

Promotion, sécurité, appui de l’aérien : à ces ingrédients l’Egypte insiste sur l’essentiel : la qualité de l’accueil, du service, du séjour et des loisirs. Au lieu de brader les prix qui risque de casser le produit, la consigne a été de faire plus et mieux pour satisfaire le touriste, lui offrir beaucoup plus que ce qu’il attendait. En formule all inclusive, les restaurants gastronomiques payants sont ouverts gratuitement. Pas de supplément exigé pour certaines prestations et consommations non-incluses. Ici, tous se battent pour faire plaisir au client. Dans les hôtels, les souks, les centres de loisirs et autres : traditionnel « Charraftou Misr » est très chaleureux, très sincère. 

Chacun est dans son rôle : le gouvernement, les professionnels, le personnel et l’ensemble des autres métiers concernés. Un engagement perceptible comme jamais auparavant.

En appui à tous ses efforts, le gouvernement égyptien organise dans quelques jours une grande conférence internationale pour soutenir son tourisme. Les professionnels de différents marchés émetteurs seront invités pour les rassurer sur la sécurisation des sites et les encourager à reprendre leurs opérations. Les hôteliers et les voyagistes égyptiens seront à leur écoute pour répondre à toutes leurs demandes.

Les touristes qui se rendent actuellement à Charm El Cheikh sont très heureux : un climat pré-estival qui les envoient dès tôt le matin sur la plage et autour des piscines, un paysage marin exceptionnel avec des poissons colorés et des coraux d’une rare beauté, une restauration gastronomique et beaucoup d’animation. Bref, tout ce qu’ils cherchent, avec le sentiment de bien profiter de leurs vacances à prix abordables.

S’il n’y a pas de recette magique face à un contexte géo stratégique pénalisant, il y des initiatives qui gagnent à être prises en considération. Les enseignements tirés de la démarche égyptienne peuvent profiter à la Tunisie, qui fait face à la même crise touristique.

T.H