News - 18.04.2022

Sadok Belaid: Mélanges en l’honneur du doyen M. L. Fadhel Moussa

Sadok Belaid: Mélanges en l’honneur du doyen M. L. Fadhel Moussa

En hommage à sa contribution remarquable à l’enseignement et à la recherche, des collègues du Professeur Fadhel Moussa, ancien doyen de la faculté des Sciences juridiques, politiques et sociales de Tunis, ont souhaité lui offrir un recueil d’études. Ces « Mélanges», forts de près de 1 400 pages, comptent 45 contributions au total, 8 en arabe et 37 en français. Ils sont exceptionnels à plus d’un titre.

Préface par le doyen Sadok Belaid

Les lecteurs de ces lignes comprendront le profond inconfort de leur auteur, car, diraient-ils, n’est-ce pas que les « Mélanges » ici offerts au doyen Fadhel Moussa sont déjà le meilleur témoignage de la considération et de l’amitié que les contributeurs lui portent ?  En vérité, s’ils sont de quelque utilité, les propos qui suivent veulent seulement marquer les jalons de la carrière d’un enseignant qui sort de l’ordinaire.

Depuis les débuts de ses études universitaires, Fadhel Moussa a fait un parcours sans faute et sans faux pas, mais avec brio et décontraction, comme ça…entre deux matchs de tennis sur le court «Select» du Tennis-Club de Tunis aux destinées duquel il a présidé pendant quelques années et où il a eu toujours l’amabilité de nous réserver le meilleur accueil…

Fadhel Moussa s’est engagé dans une carrière d’enseignant d’abord à la faculté de Droit, des Sciences politiques, économiques et de Gestion (Tunis I), et ensuite, et ayant été admis au concours d’agrégation en droit public, il a rejoint la nouvelle faculté des Sciences juridiques, politiques et sociales de Tunis (Tunis II), ce qui l’a rapproché de sa ville chérie, l’Ariana, la «Cité des roses»

Dans l’une ou l’autre des deux facultés, Fadhel Moussa a assuré des enseignements variés, sans trop s’enfermer dans la «surspécialisation». A ce titre, il a pris part à diverses manifestations universitaires, et organisé plusieurs colloques et séminaires scientifiques. Par ailleurs, nombre d’institutions académiques étrangères l’ont invité soit au titre de «professeur-visiteur», soit en tant que directeur de travaux de recherches.

Comme d’autres font leur service militaire, Fadhel Moussa, à la suite des appels pressants de la part de ses collègues, n’a pas échappé à la «corvée décanale», qu’il a assumée avec succès.

En tant qu’enseignant et chercheur, Fadhel Moussa a apporté une contribution remarquable au développement des enseignements et des activités de recherche dans le cadre des « mastères ». En cela, il est intervenu dans l’organisation de divers enseignements et programmes de formation de «troisième cycle» dans des domaines aussi variés que les finances et la fiscalité, le droit du commerce international, le droit des affaires, le droit comparé, le droit anglo-saxon, le droit européen, le droit et les politiques de l’Union africaine, le droit international et les relations Maghreb-Europe, le droit pénal et les sciences criminelles, et le droit de l’environnement.

Fadhel Moussa a ouvert des horizons prometteurs dans des domaines de recherche scientifique et de formation parmi les plus revêches et les plus durs à maîtriser, comme le «droit nucléaire» ou le «droit foncier». Il a été, en effet, le premier enseignant à s’intéresser au «droit nucléaire».

Quant au « droit foncier », Fadhel Moussa a eu le grand mérite de révéler aux académiciens l’extrême complexité de cette matière et aussi les perspectives presque sans limites qu’elle présente du point de vue des recherches, de la formation et de la spécialisation des jeunes juristes dans ce vaste domaine. De même, il a dépensé une énergie tenace pour sensibiliser aussi bien les dirigeants politiques que les bureaucrates à l’importance essentielle de la rénovation en profondeur d’une législation foncière désuète et marquée d’une inspiration coloniale manifeste et pour leur montrer que la réforme du droit foncier est la clé incontournable de toute politique de développement économique et social de ce pays.

Fadhel Moussa a enrichi son parcours universitaire en s’engageant dans un parcours de consultant international dans le domaine de la formation juridique multidisciplinaire et du management de projets en relation avec ces matières. C’est ainsi qu’il a été recruté comme conseiller juridique principal au siège de l’Organisation internationale du droit du développement (IDLO) à Rome, ensuite comme directeur des programmes et de la formation au bureau régional de l’Organisation au Caire. Sur cette étape, William.T.Loris attestera dans une «Recommandation letter» : «In all of these assignements, Dr Moussa proved to be reliable and always performed at the highest professionalism level. His flexibility, kindness, generosity and his willingness to listen made him true team leader.».

C’est dans l’esprit de «servir l’intérêt public» que notre collègue doyen s’est intéressé à la vie politique, la vie politique active et engagée. La mouvance dans laquelle il s’est inscrit est clairement progressiste et moderniste et, surtout, sincèrement dévouée au service de la Nation.  A ce titre, il a été élu par une circonscription électorale qu’il chérit à l’Assemblée nationale constituante où il a grandement contribué à la rédaction d’une Constitution dont il n’irait pas jusqu’à dire qu’elle est «la plus belle du monde», mais pour laquelle, du moins, il a tout fait pour lui éviter d’être la plus mauvaise…

C’est encore dans cet esprit que le doyen Fadhel Moussa, qui a misé sur la vision selon laquelle la « démocratie » doit se construire en partant de la base, a présenté sa candidature aux élections municipales de la ville de l’Ariana, où il a été élu avec un très bon score, ce qui a préparé le terrain pour son élection méritée à la tête du Conseil municipal de cette ville.

«Cerise sur le gâteau» : la renonciation de Fadhel Moussa à toute rémunération de son mandat de «maire» de la «Cité des roses»… Compliments, Monsieur le Maire…

La plus grande gratitude est due à notre éminent collègue qui, avec son titre de «professeur émérite»  qui lui a été décerné par le Conseil des universités, continue de diriger mémoires et thèses et de participer aux différents jurys, à intervenir dans les manifestations universitaires et savantes auxquelles il ne cesse de contribuer.

Le doyen Fadhel Moussa a ainsi effectué un parcours universitaire et citoyen exceptionnel qui doit être salué. A ce titre, il a déjà beaucoup donné. Il y a, cependant, fort à parier que son «éméritat» ne sera point une sinécure et que, par sa double expérience du monde du savoir et du monde politique qu’il a acquise, sa brillante carrière ne s’arrêtera pas là…

Sadok Belaid

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