News - 15.05.2014

Tunisie – Le cannabis: Quand l'avenir des jeunes part en fumée

L’arrestation d’Azyz Amami et de Sabri Ben Mlouka il y a trois jours pour une supposée détention de cannabis, a mobilisé les activistes, les représentants de la société civile, les intellectuels mais aussi les acteurs de la classe politique. Karima Souid, élue d’El Massar, a proposé la tenue d’un dialogue national autour du cannabis. Même si elle est contre la dépénalisation de cette «drogue», elle propose en remplacement de l’emprisonnement, un sursis assorti d’un traitement médical obligatoire. Les membres du parti Ettakatol appellent quant à eux à la libération des consommateurs de cannabis qui risquent en prison de «tomber dans le monde dangereux de la criminalité et de la délinquance», tout en appelant l’état à assumer sa part de responsabilité dans la propagation de ce fléau. Quant à Afek Tounes et les jeunes d’Al Jomhouri, ils dénoncent une arrestation politique musclée et violente sur fond de règlement de compte suite au lancement par Azyz Amami de la campagne «Moi aussi j’ai brûlé un poste de police».

Mais si l’arrestation des deux jeunes hommes a suscité la colère et l’émoi chez leurs proches et amis, elle a été aussi l’occasion de remettre, encore une fois, le cannabis et la consommation de stupéfiants sur le devant de la scène. Selon une étude réalisée par le Haut Commissariat des Nations Unies aux Droits de l'Homme, près de 53% des prisonniers en Tunisie sont incarcérés dans des affaires de narcotiques et 66% d’entre eux sont âgés de 18 à 48 ans. Depuis trois ans, de nombreuses campagnes et pétitions appelant à la révision de la loi n°92-52 du 18 mai 1992 relative aux stupéfiants. Cette loi répressive, héritée du système Ben Ali, prévoit un an de prison ferme au minimum et 1000 DT d’amende (la peine d’emprisonnement peut aller jusqu’à 5 ans et l’amende peut atteindre 3000 DT) pour les consommateurs de cannabis. Toute fréquentation d’un lieu aménagé pour l’usage des stupéfiants est également punie par la loi. La personne encourt alors une peine de six mois à trois ans de prison et doit s’acquitter d’une amende de mille à cinq mille DT. Enfin, l’article 12 de cette fameuse loi 52 stipule qu’il est impossible pour le juge de recourir aux circonstances atténuantes pour abaisser la peine au-dessous du minimum légal.

Prévenir ou guérir? Les deux s’imposent!

Lors de la conférence de presse qu’il a tenue mercredi soir, Mehdi Jomaa a déclaré que son gouvernement œuvrait justement sur l’amendement de cette loi. Il a ajouté qu’avec les jeunes surtout, il fallait faire preuve de clémence. Est-ce là un début d’espoir pour tous ces jeunes emprisonnés pour usage de cannabis?

Généralement issus de milieux défavorisés et blasés par la vie, fumer un joint est pour eux une échappatoire, une parenthèse illusoire d’un bonheur furtif. Verront-ils leurs peines d’emprisonnement commuées en travaux d’intérêt général? Auront-ils droit à un vrai suivi médical et à un sevrage en bonne et due forme ? Quelles mesures concrètes seront prises pour préserver les générations futures de ce danger qui les guette car ne dit-on pas que prévenir vaut mieux que guérir? Et puis, le plus important ne serait-il pas de durcir encore plus les lois envers les dealers, ces vrais mafieux? Et puis qui sont-ils ces vendeurs de poison ? Qui tire les ficelles de ce réseau qui touche, selon l'Association Tunisienne pour la Prévention de la Toxicomanie (ATPT), plus de 55% des garçons et entre 5 et 10% des filles en Tunisie. D’après cette même source, plus de 100 000 Tunisiens seraient accros aux stupéfiants, dont 8 000 filles. Affaire à suivre…

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1 Commentaire
Les Commentaires
Béchir Toukabri - 16-05-2014 13:27

Le pays est au bord de la faillite, les problèmes sociaux se multiplient; ert il y en a qui veulent qu'on discutent de la Zatla. Les islamistes nous ont emposonné la vie en discutant de la charia, du mariage des filles à 13 ans.Voilà l'opposition qui veut disctuter de la Zatla. C'est le sous développement au concret

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