News - 16.10.2012

Malgré l'absence d'Ennhadha et du CPR, le dialogue national est bien parti

Regrettée par de nombreux orateurs, l’absence d’Ennahdha et du CPR du dialogue national initié par l’UGTT a pesé de son poids sur la séance inaugurale, sans pour autant empêché son démarrage sur une note d’espoir. Espoir de parvenir à un large consensus et espoir de voir ces deux formations finir par rejoindre cette initiative, un jour ou l’autre. La présence des trois présidents, de la République, du Gouvernement et de l’Assemblée nationale constituante, des représentants de près de 50 partis et organisations et de personnalités indépendantes ne pouvait qu’inciter à l’optimisme.  Chacun y a été de son cadrage, de ses attentes, avant de se consacrer, l’après-midi à huis clos, aux vrais débats devant aboutir à une déclaration finale.

D’emblée, le secrétaire général de l’UGTT, Houcine Abbasi a rappelé que ce dialogue ne substitue en rien à l’autorité légitime de l’ANC mais entend la soutenir et lui faciliter la tâche. « Nous aurions tant aimé voir la troïka y prendre part au complet, dit-il, et annoncer devant vous l’accord conclu, et nous regrettons l’absence d’Ennnahdha et du CPR de ce forum qui est le meilleur et le plus approprié pour les débats et le consensus ».

Très bref, le président de la République provisoire, Moncef Marzouki estime que la crise politique récente a eu au moins de mérite d’obliger les différents acteurs à dialoguer entre eux, considérant que l’initiative de l’UGTT s’ajoute à d’autres qui doivent accoucher d’une approche commune à présenter ce 18 octobre et soumettre à l’ANC afin que la date du 23 octobre ne soit pas celle d’une crise, mais d’une fête à célébrer. Rappelant l’ampleur des souffrances endurcies par la Tunisie profonde et l’acuité des attentes sociales, il a souligné l’urgence des démarches à accomplir pour apaiser les tensions et répondre aux aspirations essentielles.

Mustapha Ben Jaafar, président de l’ANC salue « ce dialogue de faciliter le travail de l’Assemblée »  et regrette « la non présence de tous », estimant que le consensus suppose des concessions. Il estime cependant que la forte présence de partis et organisation témoigne de la confiance placée en l’UGTT et de la reconnaissance de son impartialité. Ben Jaafar revient sur l’accord conclu samedi soir par la troïka en le qualifiant de «grande et importante réalisation », laisse entendre que le principe d’élection directe au suffrage universel est quasiment acquis et récuse toute remise en cause de la légitimité de l’ANC.

Pour sa part, le chef du Gouvernement, Hamadi Jebali a indiqué que les priorités sont à l’accord sur la nature du régime politique, la création des instances de Justice, d’Audiovisuel et des Elections ainsi que l’adoption de la loi électorale. L’ensemble doit être soutenu par un climat de sécurité et de paix sociale. « Nous attendons de l’UGTT, a-t-il déclaré, plus de coopération pour l’instauration d’un climat social stable qui renforce cette étape décisive de la transition démocratique ».

Tour à tour, le président de la LTDH, Abdessettar Ben Moussa, le bâtonnier des Avocats, Me Chawki Tebib et la présidente de l’UTICA, Ouided Bouchammaoui, seront sur la même longueur d’onde pour réitérer leur soutien à cette initiative. « Nous avons grande besoin d’une meilleure visibilité, a particulièrement insisté Bouchammaoui, qui nous permettra de nous atteler à résoudre les grandes préoccupations des chefs d’entreprises et des investisseurs. Le dossier économique doit retrouver son importance car chaque retard dans la prise des décisions urgentes aura de lourdes conséquences qu’il sera difficile de rattraper ».

Ahmed Mestiri, dernier intervenant lors de la séance d’ouverture, apportera son témoignage sur l’engagement patriotique de l’UGTT et ne manquera pas de pointer du doigt les menaces qui s’exercent aujourd’hui sur le pays et la société, tant au niveau des questions identitaires qu’économiques, appelant à un islam modéré et au respect du style de vie des Tunisiens.

Passés les discours de bonnes intentions, il va falloir attendre les débats puis le rapport final.La conférence devra se poursuivre dans les jours à venir selon le secrétaire général adjoint de l'UGTT, Belgacem Ayari.

 

Lire aussi :

Ahmed Mestiri : Menaces sur l’identité tunisienne et l’économie

 

Vous aimez cet article ? partagez-le avec vos amis ! Abonnez-vous
commenter cet article
2 Commentaires
Les Commentaires
al07 - 17-10-2012 00:07

En soutien avec vos confrères journalistes et suite à l'appel du SNJT,vous devriez afficher une page blanche. Vous n'êtes pas solidaires...??

Med Chawki Abid - 17-10-2012 08:26

Si les Nahdhaouis boycottent le Débat National, les Congressistes se trompent de priorités. Nous relevons que les participants ont été distraits par la triple proposition de la Troïka : ‘‘régime semi-présidentiel, candidature de Kamel Jendoubi à l’ISIEE, et nouvelles échéances électorales’’. Mais, le problème urgent de la Tunisie se limiterait-il réellement à ce triplet de soucis? Le débat télévisé d’hier soir sur TV-Nationale s’est concentré sur l’échéance électorale: ‘‘23 Juin 2013’’. Je pense que les participants au ‘‘Dialogue National’’ auraient dû s'attarder sur l’arrivée à échéance des institutions provisoires au 23 Octobre 2012, ainsi que sur le bilan catastrophique d'une gouvernance médiocre, voire défaillante ; avant de proposer une vision et des propres solutions à court terme. Ensuite, ils devraient impérativement se mettre d'accord sur le meilleur scénario de ‘‘soudure entre la légitimité électorale et la légitimité consensuelle’’. Enfin, ils gagneraient à élaborer une ‘‘résolution de sanction’’ de la Troïka dans sa gestion des institutions de l’État au titre des 10 derniers mois, résolution à inclure dans le communiqué final de la Conférence Nationale. Ce brouillon de sanction pourrait bien être repris par les élus pour le chiader davantage, et tenter de voter une ‘‘motion de censure’’ à l'ANC la semaine prochaine. En définitive, la Troïka a été subtile en lançant sa triple proposition à 24 heures de l'ouverture de la Conférence de l'UGTT, ce qui a déstabilisé les partis d’opposition et les a emmenés à en discuter au détriment des sujets prioritaires, voire brulants. Concernant la couverture médiatique de cet évènement, on sent qu’il y a retard de ¼ phase en terme d’information. Dans ce contexte, je suppose que l'article n'a pas été mis à jour, de par la grève des journalistes : "...., le dialogue national est bien parti'', quoi qu’il faille au moins ajouter: "... sauf que les sujets prioritaires ont à peine été effleurés". Je pense que nos journalistes vont réagir au terme de leur grève pour passer en revue les dessous de l'initiative "stérile". Si on continue de se renvoyer la responsabilité, les objectifs de la révolution vont continuer à être ignorés, et risquent d'être définitivement enterrés. C'est vrai qu'aucun bilan de 2 ans n'ait été fait lors de cette conférence, pour constater les écarts de réalisations socioéconomiques politiques et sécuritaires par rapport aux attentes de la majeur partie des tunisiens et par rapport aux exigences élémentaires de la frange pauvre de notre sociétés (estimée par l'INS au 1/4 de la population). Mais je pense qu'il appartient à la presse et à la société civile de rebondir sur le Communiqué Final pour poursuivre l'analyse, et surtout proposer des solutions immédiates et des stratégies à moyen terme. L'axe GOUVERNANCE est fondamental dans la mise en œuvre de toute action de rectification de notre trajectoire. (à suivre).

X

Fly-out sidebar

This is an optional, fully widgetized sidebar. Show your latest posts, comments, etc. As is the rest of the menu, the sidebar too is fully color customizable.