News - 02.11.2011

Jebali à l'Utica : les chefs d'entreprises ont été parmi les grandes victimes d'injustices, spoliations et usurpations de biens et droits

« Vous avez été parmi les grandes victimes des malversations, spoliations et usurpations ourdies par le régime déchu et nous connaissons vos souffrances. Aujourd’hui vous êtes nos partenaires à part entière pour bâtir ensemble la Tunisie nouvelle ». Hamadi Jebali ne pouvait mieux commencer son adresse aux dirigeants de l’Utica, en leur rendant visite mercredi au siège de leur organisation à Tunis. « Aujourd’hui, nous avons dépassé le simple discours d’assurance que certains croient nécessaire, il s’agit d’œuvrer en commun, avec tous les partenaires à sceller un nouveau contrat social et de développement, à même d’instaurer la paix sociale et d’accélérer la reprise économique», a-t-il ajouté, soulignant qu’il en avait déjà discuté avec le secrétaire général de l’UGTT, Abdessalem Jerad.

Après avoir rappelé l’engagement d’Ennahdha à défendre les libertés et les acquis, Jebali a souligné que le mouvement prône « un état de droit et de citoyenneté, équitable, neutre, régulateur, garantissant la justice sociale, moteur du développement économique et de prospérité ».  Il s’engagera à faire inclure dans la nouvelle Constitution trois grands ensembles, à savoir : les libertés fondamentales et les acquis, en les verrouillant contre tout tripotage ultérieur,  le système institutionnel et l’organisation des pouvoirs, et  le dispositif de contrôle à travers des organes constitutionnels.

« Il s’agit de ne plus permettre une domination de l’Etat sur les droits et libertés ni abus dans la gestion, et nous devons mettre les garde-fous nécessaires et ériger la société civile en contre-pouvoir vigilant », a précisé le secrétaire général d’Ennahdha. Pour utiliser un langage plus poche des chefs d’entreprise, Hamadi Jebali rappelle ce qui lui avait enseigné en France son professeur de gestion d’entreprises, à savoir la nécessité de voir dans chaque conseil d’administration « la chaise du diable » occupée par un administrateur contradicteur, exerçant pleinement tout son rôle de superviseur intransigeant. « La Constitution que nous espérons élaborer ne sera pas celle d’Ennahdha, à elle seule, mais de tous les tunisiens, émanant d’un large consensus, a-t-il déclaré ».

Sans mentionner explicitement le mandat qu’il aura personnellement à exercer à la tête du gouvernement, Jebali souligne cependant l’ampleur de la tâche qu’attend le pays, et les mesures d’urgence à prendre. « Nous multiplions les concertations afin d’y rallier le plus possibles de forces politiques et sociales, et nous aurons à agir en pompiers pour faire face à une situation économique et sociale critique, exigeant des réponses immédiates. Le concours de l’Utica et de se adhérents est plus que nécessaire pour participer à la formulation des solutions appropriées et contribuer à leur mise en œuvre.

Lui souhaitant la bienvenue, la présidente de l’Utica, Wided Bouchammaoui s’était déclarée "satisfaite des déclarations d’Ennahdha et de ses engagement" et avait souligné que la centrale patronale "entend poursuivre sa mission de porte-parole des opérateurs économiques, petits et grands et de contribuer efficacement au développement économique et à l’attraction des investissements extérieurs". « Nous sommes attachés à la concertation avec toutes les parties concernées et au dialogue social et nous espérons rompre rapidement avec les les sit-ins et autres mouvements sociaux qui entravent les entreprises et échaudent les promoteurs de projets», a-t-elle affirmé.

Plus explicite, Hichem Elloumi, a rappelé que les chefs d’entreprise ont fortement contribué à la révolution, malgré certaines critiques injustes, ayant subi directement durant les dernières années, injustice, concurrence malsaine et abus de droits. « L’immense majorité des hommes d’affaires, si non la totalité, a-t-il dit, sont intègres et n’ont cessé d’œuvrer dans l’intérêt du pays. Rien que durant les neuf derniers mois, et malgré toutes les difficultés endurées, pas moins de 30 000 emplois ont été créés par le secteur privé, les exportations ont augmenté de 9% et les intentions d’investissement, de 24%. Ce qui est demandé aujourd’hui, c’est rétablir totalement la sécurité, instaurer durablement la paix sociale et fournir plus de visibilité quant au processus de transition.»

N’y allant pas par quatre chemins, Elloumi estime que « si le discours d’Ennahdha est positif, il s’avère que des comportements d’intolérance commencent à émerger dans la rue », appelant à « les dénoncer et sanctionner fermement ». Lui répondant immédiatement, Hamadi Jebali  affirme que "toute atteinte aux libertés  ne saurait être acceptée, ni rester impunie". « Ce sont là nos propres valeurs de tolérance et de respect des convictions et libertés, mais aussi, notre conception de l’Etat de droit, a-t-il souligné. »

Habib Testouri, revient lui aussi sur l’image du patronat et le mauvais procès que certains veulent lui faire en la taxant de collusion avec le pouvoir déchu. « L’ancien régime nous enserrait tous, cherchant par tous les moyens à étouffer l’indépendance de notre organisation et la domestiquer. Nous étions obligés à travailler avec les instances et structures en place, mais avions-nous le choix de le faire. De là à cibler l’Utica et  à mettre en cause son long parcours patriotique , nous ne le saurions l’accepter et comptons beaucoup sur le soutien de tous pour f lever cette injustice».

Il rejoint ainsi la demande Khalil Ghariani qui a salué la déclaration de Jebali reconnaissant les injustices subies par nombre de chefs d’entreprise et demandant de médiatiser largement son témoignage et son hommage aux opérateurs économiques.

Près de deux heures durant, les échanges entre le secrétaire général d’Ennahdha qui était accompagné par Walid Bennani et Ridha Saidi, et les dirigeants de l’Utica ont été intenses et féconds. «De part et d’autre, un climat de confiance commence à s’instaurer entre nous, déclare à Leaders, un chef d’entreprise participant à cette rencontre. Nous devons mettre nos engagements réciproques à l’épreuve et nous n’avons hâte qu’à relancer la machine économique et voir le pays se stabiliser et prospérer».
 

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12 Commentaires
Les Commentaires
A. EL ABASSI - 02-11-2011 17:34

Courageuse et claire communication de M. Hichem ELLOUMI, pour rappeler à ENAHDHA, ses promesses de respect et de protection des droits fondamentaux et exiget toute la rigueur requise contre certaines formes de dérives religieuses notées par ci par là.

Moncef MAALEL - 02-11-2011 21:45

Non messieurs, il fallait se réunir avec les centrales syndicales (UGTT UTT...) qui posent réellemnt des problèmes à l'économie Tunisienne et même à l'intérêt national

Halim - 02-11-2011 22:38

Quand Ennahdha crie : Au secouuuuuuurs! Qui rafle les élections par un jeu hypocrite sur les sentiments des tunisiens doit maintenant faire face a la réalité des choses...La foi seule ne peut pas nourrir les tunisiens et satisfaire nos partenaires occidentaux!!!

Gasmi Lamine - 03-11-2011 10:19

Je ne fais qu'encourager toute initiative ayant pour but de sauvegarder les interets de notre chère TUNISIE . Le geste qui était fait d'une part et de l'autre ne me fait qu'enchanter pour lmettre en route la machine économique seul facteur de prosperité des tunisiens qui ont bien souffert materiezllement durant cette année .J'espère que ceci a attiré les responsables de la centrale syndicale pour faire autant et arreter cette hymoragie de greves qui ne fait que mettre à plat notre économie d'ailleurs en situation très précaire depondant de facteurs exogenes qu'il faut mettre en cause pour des raisons d'identité d'un coté et d'hegimonie de l'autre .

Mhamed Hassine Fantar - 03-11-2011 12:06

Prenons actes de ces heureuses déclarations de Si Hammadi Jebali, lesquelles méritent d'être qualifiées d'historiques.Profitons de nos différences positives et conjuguons nos richesses respectives pour construire notre pays et y bâtir la démocratie gardienne de toutes nos légitimes et imprescriptibles libertés in aeternum.

Observateur - 03-11-2011 12:27

@A. EL ABASSI: Ça suffit avec les discours qui divisent. Ennahda n'est pas plus responsable du comportement des extrêmistes que n'importe quel autre parti politique. Quand dérive il y a, il est inutile de montrer Ennahda du doigt et de lui demander à rendre des comptes. Dans un système démocratique, toute enfreinte à la loi doit être traitée conformément à la loi.

Slim ENNAIFER - 03-11-2011 12:40

Beaucoup d'injustices commises à l'encontre des chefs d'entreprises à l’ère de ZABA, et après la révolution ? il faut aussi parler des dépassements encourus après le 14 janvier et qui sont plus graves car elles risquent de bloquer les issues pour sortir de la crise et relancer notre économie! les grèves et les menaces de grève (et même des menaces à l'encontre de ceux qui veulent reprendre le travail !) qui reprennent actuellement (tourisme, pas de petit déjeuner servi aux touristes de la Toussaint, Sté LEMETAL, etc.) semblent "préparées" et surgissent au moment où tous les tunisiens sont appelés à travailler dur pour remettre le bateau à flot ... ne jouons pas au chat et à la souris, tout le monde sait que certains membres de l'UGTT (bien connus d'ailleurs)ne sont pas étrangers à ce qui se passe chez nous ! ! alors messieurs du gouvernement, l'intérêt national est en jeu, ne parlons pas de "chasse aux sorcières" ni de "réconciliation nationale", il faut "agir"......

Dr. Amor Ben Dhia - 03-11-2011 13:53

C'est une tres bonne chose que de se reunir, d'essayer de se comprendre pour oeuvrer pour le bien de notre Terre, notre Pays. Il n'y aura que les actes qui compteront, mais encore faut-il lever les suspicions steriles et les proces d'intention aux uns ou aux autres.

khlifi - 03-11-2011 15:02

Les déclarations verbales des premiers responsables d’Ennahdha tranquillisent le citoyen et le capital ( Bourse & UTICA… ). Mais, car il y a un mais, il n’est pas certain que les troupes de ce parti partagent les déclarations de leurs dirigeants. Pour preuve, ce que nous sommes en train de voir dans la rue, l’université et les mosquées. Ces comportements doivent non seulement être dénoncés mais combattus. Sur la base d’une feuille de route claire, sans équivoque sur la politique à suivre au cours de cette période de transition et qui engagerait aussi bien Ennahdha que les partis politiques et la société civile, le citoyen et l’investisseur tunisien et étranger n’auront plus de doute sur la Direction qu’empruntera notre pays. Il ne sera plus permis alors de ne pas apporter son concours à Ennahdha. Par ailleurs, les déclarations télévisées faites par l’un des partis qui a fait alliance avec Ennahdha et selon lesquelles les chiffres de l’Administration sont peu fiables d’où l’urgence de mettre en place une audit trahissent un langage démagogique inadapté à la situation post 23 octobre. J’aurais souhaité que ce responsable accepte d’examiner avec ses experts, « la Stratégie de Développement Economique et Social : 2012-2016 » et tienne une réunion de travail avec les techniciens qui ont travaillé sur ce projet en s’aidant d’autres économistes de son choix pour l’adopter après les aménagements qui s’avéreraient utiles. Ce document économique et financier sera de nature à tranquilliser tout le monde sur nos choix et montrera le degré de maturité et de pragmatisme de la nouvelle équipe au pouvoir .La charte et ce document économique sont deux mesures concrètes qui vont beaucoup plus loin que de simples déclarations verbales.

Mondher Belhadj - 03-11-2011 16:15

L'UTICA doit étre restructuré, les personnalités qui ont collaboré avec les trabelsi et compagnons doivent ceder la voie, et cela méme s'ils étaient les plus puissants economiquement. On ne pourrait pas chercher l'interet national de l'apres revolution avec ses gens lá. D'autrepart, les gourments qui ont freiné le pouvoir d'achat des tunisiens durant presque deux decennis pensez vous qu'ils vont vers une politique de hausser les salaires et d'offrir des avantages sociaux á leurs travailleurs? tous ca c'est de l'etopia. Le mieux est de forcer l'UTICA á changer de main afin de pouvoir établir des nouveaux contrats sociaux dans chaque secteur de l'activité économique. Notre crise est en premier lieu une crise de demande á la fois interne et externe il faudrait trouver tous les moyens de s'en sortir. Notre economie necessite l'occtroi de technologies avancées dans plusieurs domaines vitaux pour reactiver l'economie á un tempo supérieur á celui d'auparavant..

Citoyen - 03-11-2011 22:00

L'administration était le seul parti d'opposition à ben ali car elle a su déjouer les malversations du clan ben ali trabelsi mais malheureusement on voit que ces partis dits "gagnants" parlent d'assainir les administrations publiques et ils ont oublié qu'ils sont en face, ici et là de loups qui jouent la victime. Une administration qui a su maintenir le pays debout en temps de vide est la seule si on lui donne la liberté et les moyens qu'il faut pour préserver l'intérêt de notre pays. L'habit ne fais pas le moine ....

Jawhar - 04-11-2011 13:00

Ennahdha pourra faire beaucoup de bien pour la Tunisie et pour les tunisiens et même pour cela s'inscrire dans une histoire au delà de nos frontières mais pour cela il y a une condition essentielle et obligatoire: Ennahdha doit s'épurer des concepts pré moyenâgeux qui menacent et limitent les libertés individuelles - les rapports de la personne avec Dieu relevant de l'intimité de chacun. Le développement économique et social a besoin de créativité qui ne peut s’épanouir et se développer que dans un climat de liberté. Si Hammadi JEBALI en homme pragmatique et intelligent veillera, j'espère, sur l’application de cette condition

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