Israel tue délibérément les palestiniens pour faire perdurer l’occupation

« Les Arabes doivent partir, mais nous avons besoin d’un moment favorable pour que ça arrive, par exemple une guerre » (Lettre de David Ben Gourion à son fils en 1937).

Le gouvernement sioniste d’extrémistes et d’ultra-orthodoxes de Netanyahou ne s’embarrasse plus de la « justice » pour exécuter les Palestiniens. Comme dans les cirques de Néron et de Caligula, on tue en public, dans la rue en tirant  à bout portant sur les Palestiniens : adolescents, femmes enceintes ou enfants.  Sous les vivats d’une foule assoiffée de sang! 29 Palestiniens ont ainsi été assassinés depuis début octobre – et, pour la plupart de ces martyrs, nul Etat  de droit  n’aurait requis la peine capitale à leur encontre. 

Des exécutions capitales en pleine rue!

C’est ainsi qu’à Afoula, la police a exécuté Asra’a Abed. Celle-ci avait un couteau à la main mais ne bougeait pas. Les policiers l’entouraient et s’en approchaient doucement. L’un d’entre eux léchait même un cornet de  glace. C’est dire si elle était dangereuse ! Finalement, plutôt que de la désarmer ils lui tirèrent dessus,  à bout portant.

A Tel Aviv, un Palestinien muni d’un minuscule tournevis infligea des griffures  superficielles à quelques Israéliens. Le lieutenant Daniel, de l’armée de l’air israélienne, le tua sans sommation alors que neutraliser ce jeune désespéré aurait été facile. Ce militaire « si courageux » devint le héros du jour, écrit Gidéon Lévy (Haaretz, 11. octobre 2015), et les médias le couvrirent d’éloges. Le corps du Palestinien demeura sur la chaussée et nul ne pensa à le couvrir. Son petit tournevis était visible à côté de lui. Lévy note : « Le peuple d’Israël a vu ces images du cadavre du Palestinien et de son petit tournevis. La plupart des gens furent remplis de joie et de plaisir, les incitations des médias ayant réveillé leurs instincts animaux. Les adultes comme les enfants voient que les Arabes sont traités comme des chiens errants et retiennent la leçon… Ainsi, est démontrée une des principales raisons de ce soulèvement : la déshumanisation du Palestinien dont la vie et la mort sont sans la moindre valeur pour l’Israélien… On ne parle guère des tentatives de lynchage [de Palestiniens] à Afoula ni du juif qui a tenté à Dimona de poignarder des Palestiniens. Nul ne songe à abattre sa maison et encore moins  à l’exécuter. On évoqua sa « détresse» et on lui pardonna alors que la détresse que vivent les Palestiniens est dix fois plus forte ».

De son côté, Amira Hass écrit (Haaretz, 7 octobre 2015) à propos de ces atrocités : « Nous notons que la guerre est là seulement quand les juifs sont tués. Ce qui ne fait pas disparaître le fait que les Palestiniens sont tués tout le temps et que tout le temps nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour leur rendre  la vie insupportable. Nous leur faisons une guerre unilatérale, nous leur déclarons les hostilités pour les amener à dire oui au chef, au maître, pour qu’ils disent merci maître de nous laisser vivre dans nos réserves … Les jeunes Palestiniens ne vont pas se mettre à assassiner des juifs parce qu’ils sont juifs, mais parce que nous sommes leurs occupants, leurs tortionnaires, leurs geôliers, les voleurs de leur terre et de leur eau, les démolisseurs de leurs  maisons, ceux qui les ont exilés, ceux qui  bloquent leur horizon. Les jeunes Palestiniens, vengeurs et désespérés, sont prêts à donner leur vie et à causer à leur famille une énorme peine parce que l’ennemi auquel ils font face leur prouve chaque jour que sa méchanceté n’a pas de limites."

Quant à la députée au Parlement israélien (Knesset)  Hanène  Zoabi (Liste arabe unie), elle accuse le gouvernement Netanyahou, la police et l’armée de « persécuter les citoyens palestiniens d’Israël et leurs leaders. Des femmes, des enfants, des fidèles et des protestataires sont la cible de persécution et des tueurs. Netanyahou ne veut pas reconnaître la rage et la colère et les milliers de raisons de ces manifestations, de ce combat politique… » et  d’accuser le gouvernement israélien de « vouloir éliminer les citoyens palestiniens de l’arène politique légitime… encourageant ainsi les activités subversives ».

Déguises en palestiniens… pour tuer… des palestiniens

Contre les Palestiniens, Israël fait aussi appel aux « moustaaribine », « ceux qui se déguisent en Palestiniens ». Tous les moyens se valent et sont bons pourrait être le credo de  ce gouvernement d’extrême droite. Les services de sécurité et d’espionnage israéliens s’infiltrent dans les manifestations de Palestiniens jouant les (faux) frères pour mieux tuer… en laissant même dépasser de leur  poche l’écharpe verte du Hamas - rapportent les journalistes de l’AFP - avant de dégainer et de tirer dans le tas.  De véritables chevaux de Troie qui ont   grièvement atteints trois Palestiniens mercredi 7 octobre au cours d’une « journée de colère » organisée par les étudiants de l’Université de Bir Zeit alors que plusieurs autres Palestiniens ont été arrêtés par les soldats prêtant main forte à ces espions. Ce genre d’infiltration n’existe pas que dans les films : il est courant et Israël entretient même une unité spéciale chargée de cette fort sale besogne qui ne fait que nourrir la haine (Lire Cathy Ceïbe, L’Humanité, 9 octobre 2015, p. 32).

De plus, les punitions collectives, les intrusions de nuit dans les maisons  et les destructions de maisons palestiniennes ne connaissent plus de limites : ainsi en a décidé Netanyahou… qui réfléchit au bouclage total de la Jérusalem arabe et de la Cisjordanie et voudrait autoriser le port d’armes pour tous les israéliens. Mardi 13 octobre 2015, il a conféré à la police le droit de déclarer, à volonté,  le couvre-feu à Jérusalem-Est. Netanyahou ne sait manier que le bâton!

Détourner les regards d’israel

Cette cruauté et cette barbarie inhumaine s’expriment aujourd’hui en « vase clos » dit Edgar Morin dans l’Humanité (Voir « Moyen-Orient : le brasier s’intensifie et s’étend », 13 octobre 2015,p. 17).

Et pour cause.

Le Président Obama n’a soufflé mot de l’occupation et des crimes israéliens lors de son discours à l’ONU le 29 septembre dernier. Les néo-conservateurs -promoteurs de la guerre d’Irak pour détourner l’opinion d’Israël, de ses ultra-orthodoxes qui dictent une politique basée sur  la Torah  (Editorial de Haaretz, 11 octobre 2015) et de l’apartheid qu’exerce l’Etat sioniste vis-à-vis des Palestiniens - ont ainsi atteint leur objectif et gagné sur toute la ligne puisque le président démocrate et Prix Nobel de la Paix s’aligne sur leur conception et protège- comme eux- Israël. Après  le discours  d’Obama, les profanations d’Al-Aqsa pouvaient démarrer, prenant prétexte des fêtes juives. Cependant, mardi 13 octobre 2015, plus de 20 000 manifestants ont manifesté à Sakhnine (à majorité arabe) en Israël  pour exprimer leur solidarité avec les Palestiniens. Ahmed Tibi, membre de la Knesset, devait déclarer à cette occasion : « Nous avons averti depuis des mois que ce qu’ils sont en train de faire à al-Aqsa est l’étincelle qui provoquera une nouvelle Intifada. Personne ne nous a entendus… Vous mentez, vous portez la main sur la mosquée et vous essayez de changer le statu quo en changeant les heures d’ouverture ». L’étranger n’est pas en reste : à Londres, samedi 17 octobre 2015, les amis de la Palestine** manifesteront devant  l’ambassade israélienne pour dénoncer les crimes sionistes et le racisme anti-palestinien.

En fait, c’est contre la colonisation, les check points, les brimades, les destructions de maisons et le saccage de leurs  vergers  que se révoltent cette fois encore les Palestiniens- surtout les jeunes et, fait nouveau, les femmes. Pour le Pr Zeev Sternhell  (site du Monde, 13 octobre 2015), les Palestiniens comprennent que la colonisation vise à perpétuer leur infériorité et à rendre irréversible la situation qui fait que leurs droits fondamentaux sont niés. Ces jeunes n’ont connu que l’échec des négociations de paix. Pour l’étudiant Moumin Moussameh : « Oslo, c’est la perte de nos terres. Ce qui a été pris par la force doit être repris par la force. Je suis prêt à me sacrifier ». Quant à Rami Mesleh, 19 ans il confie à Piotr Smolar (le Monde, 13 octobre 2015, p.13-14) tout ce qu’il endure du fait de l’occupation: « Notre premier problème, ce sont les routes. On est assiégés, entourés par les colonies, il y a des barrages entre nos villages. Ensuite, on ne peut pas aller à al-Aqsa, faute de permis ».

L’Autorité palestinienne  et le président Abbas semblent aux abonnés absents au cours de ces évènements tragiques qui endeuillent les Palestiniens. Les trois plaintes déposées à la CPI le 13 octobre 2015 mettront longtemps avant d’être examinées par la Cour… si d’aventure elle accepte de les examiner. Amira Hass écrit (Haaretz, 11 octobre 2015) au sujet du président palestinien qui serait coupé des préoccupations de son peuple : « Il y a quelques jours quand on a commencé à parler des confrontations et des pertes humaines, il a trouvé le temps d’inaugurer le luxueux siège d’une firme de construction et d’investissement Consolidated Contractors Compagny, en Cisjordanie, à El Bireh qui se trouve à deux kilomètres du check point si difficile de Beit El ».
« La révolte des Palestiniens est légitime » assure Zeev Sternhell. Pour l’éminent historien, le sionisme est trop gourmand. Il suit en fait à  la lettre la prescription d’Ariel Sharon : « toujours plus de terre » ! Sternhell constate que  « la seule question sensée que l’on puisse poser aujourd’hui est donc de savoir si la société israélienne a encore la capacité de se réinventer, de sortir de l’emprise de la religion et de l’histoire et d’accepter de scinder le pays en deux Etats libres et indépendants ».

Eternelle question à laquelle le sionisme a toujours répondu par non.

En 1904, le grand écrivain anglais Israël Zangwill (1864-1926) devait déclarer lors d’un discours fondateur à New York que « la Palestine est une terre déjà peuplée ». Au grand dam de son auditoire sioniste. Il fut promptement mis au ban du mouvement et exclu des instances sionistes. On le réintégra quelques années plus tard et il déclara alors publiquement ce que tout sioniste pense en son for intérieur : « Les Arabes n’ont aucune raison particulière justifiant qu’ils s’accrochent à ces quelques kilomètre de territoire. « Plier leur tente et déguerpir en silence », telle est leur coutume séculaire : qu’ils en donnent l’exemple aujourd’hui même… Nous devons gentiment les convaincre de se mettre en route ». (Lire Ari Shavit « Ma terre promise. Israël, triomphe et tragédie », Editions J.C. Lattès, Paris, 2015, p. 36-37).  Ce mardi 13 octobre,  le ministre de l’Education,  Naftali Bennet - qui a contraint les écoles chrétiennes à faire grève tant il a rogné sur leur budget - n’a d’autre solution pour mettre fin au soulèvement des Palestiniens que… la déportation. Un autre membre du gouvernement suggère que les Palestiniens soient envoyés en Europe… « où l’on reçoit si bien les émigrés syriens ».

N’en déplaise à Bennet et ses acolytes, David Ben Gourion a tout faux car  le peuple palestinien ne se laissera pas faire car comme le dit le Prix Nobel de littérature le portugais José Saramago : « Un peuple qui a résisté soixante ans, résistera soixante années encore ! ».

Mohamed Larbi Bouguerra

** Saluons la mémoire du grand auteur  suédois de romans policiers Henning Mankell (traduit en 40 langues), ami de la Palestine car soucieux de justice et de paix et qui vient de nous quitter. 

Nous saluons l'auteur immense, "père" du commissaire Kurt Wallander.
Nous saluons le citoyen engagé pour qui "l'action confirme la parole".

Cette action qui le fit participer à la flottille "bateau pour GAZA" en 2010, flottille qui se termina tragiquement par la mort de 9 citoyens turcs.  
Il en fit un compte rendu détaillé dans le journal Libération du 5 juin 2010.