News - 25.01.2015

Habib Essid a-t-il réussi la formation de son gouvernement ? Les coulisses !

Entre contraintes posées dès le départ, « concertations », mais en fait négociations, pression continue, et surprises de dernières minutes, Habib Essid a fini par former son cabinet et annoncer, vendredi, la composition de son gouvernement. Les réactions sont très variées entre déception des uns, mécontentement des autres et vives polémiques au sein des états-majors des partis politiques quant au soutien à lui accorder ou non et investiture en débat ce mardi à l’ARP. Même si l’opinion publique, dans l’ensemble, lassée par la succession de cinq gouvernements depuis la révolution, et beaucoup plus intéressée par la CAN, la Mondial Hand, et ses préoccupations quotidiennes, n’est pas dans le détail. Ce qui a retenu le plus son attention, c’est d’abord la participation ou non d’Ennahdha, ce qu’une large frange des électeurs de Nidaa Tounès refusent catégoriquement. Mais, aussi, le profil des nouveaux ministres et secrétaires d’Etat : sont-ils aussi performants, voire meilleurs que ceux du gouvernement Mehdi Jomaa.

Face à toutes ces réactions, Habib Essid est resté serein. Ceux qui l’ont rencontré tout au long de ces concertations affirment qu’il sait ce qu’il veut. Tout était dans sa tête : l’architecture, le profilage, les équilibres... jusqu’à la date précise de l’annonce du gouvernement. Il se gardait certes une petite marge de manœuvre pour des ajustements, voire des remplacements en cas de surprise, comme ce fut le cas pour l’UPL, d’un côté, ou le retrait d’Afek, de l’autre, mais ses grands choix étaient déjà faits. Certains voulaient être impliqués en partenaires de plein droit dans des concertations collectives groupant autour du futur chef de gouvernement les partis concernés et confectionner ensemble et le programme et la composition du gouvernement.

Le bouclage de dernière minute 

Afek devait obtenir deux grands ministères, stratégiques, à savoir l’Education et les TICs. Mais, Yassine Brahim et ses coéquipiers voyaient les choses autrement. Leur retrait sera « regretté », suscitant une controverse jusqu’au sein du parti. Fallait-il accepter et composer ou ne pas se joindre au futur gouvernement pour mieux se préparer à celui d’après ? Dilemme cornélien !
 
Quant à l’UPL, il a obtenu, sans trop convaincre l’opinion publique, trois portefeuilles qui devaient lui revenir, dès le début, moyennant un ajustement d’affectations. D’autres mises au point étaient effectuées et tout était prêt vendredi matin. 
 
Habib Essid, conscient de l’urgence de la situation, ne voulait pas épuiser tout le délai qui lui était accordé pour présenter son programme et la liste de son gouvernement au président de la République, Béji Caïd Essebsi. D’avance, il avait décidé de tout boucler le vendredi, laissant le weekend aux commentaires et permettant d’attaquer en trombe dès le lundi. Rendez-vous pris au palais de Carthage à 12 heures, moins d’une demi-heure de tête-à-tête lui a suffi. Dans le grand salon marocain, la presse l’attendait avec impatience, radio et télé calant leurs directs. 
 
Respectueux des formes et usages, Habib Essid retournera à son quartier général provisoire établi à Dar Dhiafa, toute proche, pour passer une série de coups fil. Il a tenu en effet à annoncer lui-même la composition de son gouvernement aux chefs de partis concernés et appeler ses ministres et secrétaires d’Etat pour les féliciter officiellement et leur souhaiter plein succès. Vers 14h, il sera de retour à Carthage, cette fois-ci pour faire sa déclaration tant attendue.

"Décollage immédiat"

« Le principe de base, affirment ses proches, était de prendre en considération, loin de tout système de quota, le poids électoral lors des législatives et la nécessaire participation des principales forces politiques, mais sur la base de la compétence et de l’opérationnalité immédiates. Tels des commandants de bord, chacun doit se mettre aux commandes dans le cockpit, déplier sous les yeux son plan de vol et décoller de suite, la piste d’envol étant balisée et la destination finale fixée. Le programme du gouvernement étant déjà conçu et les priorités identifiées, il faut s’y mettre sans une minute à perdre ».

"Des choix assumés"

Certains estiment qu’il a accordé une large place à des figures issues de la gauche ? Mais est-ce un reproche lorsqu’il s’agit de Latifa Lakhdhar, Kamel Jendoubi, Mahmoud Ben Romdhane, Khedija Cherif et autres Karim Sekik.
 
D’autres considèrent qu’il a hissé aux commandes politiques de grands commis de l’Etat. Des proches d’Essid répondent que la haute administration qui a préservé le système depuis le déclenchement de la révolution et résisté aux tentatives de dislocation de l’administration mérite hommage et réhabilitation. Regorgeant de compétences, elle peut fournir en Mohamed Salah Arfaoui (Equipement) Benaissa Laabidi (Environnement), Hanen Arfa (Hôpitaux), Habiba Louati (Fiscalité) et Amel Nafti (Production agricoles), de grandes expertises.
 
Habib Essid s’est fixé un programme d’urgence pour les 100 premiers jours. Ca sera une période probatoire pour tous les ministres et secrétaires d’Etat qui doivent faire montre de leur opérationnalité et de leur compétence. Il sait parfaitement qu’ils seront tous, lui le premier, sous les coups de projecteurs de la classe politique et de l’opinion publique qui ne lui accorderont aucun droit à l’erreur. Peu importe donc le détail du casting, à quelques éléments près. Il a tranché dans la globalité, se gardant la possibilité d’opérer plus tard, si nécessaires, des changements appropriés. Mais, il a confiance dans son équipe.
 
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