Opinions - 30.11.2014

«Que sont les promesses de Deauville devenues !»

Maintenant que  les  cloches des urnes ont sonné que sont les promesses de Deauville devenues !  Il y a trois ans le G8 (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Italie, Japon, Royaume-Uni, Russie)  annonçait un plan d’aide, d’une ampleur sans précédent, en faveur des pays du «printemps arabe». Et ce pour assurer le succès de la « transition démocratique» en criant haut et fort que «la démocratie demeure le meilleur chemin vers la paix, la stabilité, la prospérité, une croissance partagée et le développement»
Le Fonds monétaire international s’est engagé à consacrer 80 milliards de dollars.

Plus d’un demi-siècle avant le plan Marshall américain a consacré 13 milliards de dollars soit près de 90 milliards d’euros actuels pour la reconstruction de l’Europe au lendemain de la seconde guerre mondiale. Ce qui a permis une croissance économique durable et une consolidation des démocraties occidentales.

A la différence des promesses du partenariat de Deauville, le plan Marshall a appelé les Européens à se rencontrer afin de mettre en place leur propre projet de reconstruction, que les Etats-Unis s’engageaient ensuite à financer. En effet l’aide financière promise aux pays du « printemps arabe »  est conditionnée à la mise en œuvre de «réformes» spécifiques  et liée, le plus souvent, à l’achat de biens et de services en provenance des pays donateurs.

On s’écarte ainsi des principes du plan Marshall qui a permis à la classe politique, issue des élections de l’après-guerre, d’échafauder leurs projets de développement.
 
Le gouvernement élu devra veiller à ce que les projets de développement reflètent:

  • Des institutions politiques et économiques fondées sur l’inclusion.
  • Une citoyenneté sociale qui unit tous ceux qui contribuent à la solidarité nationale par leurs impôts et cotisations et bénéficient de celle-ci en tant qu’assurés sociaux et usagers des services publics.
  • Coordonner et soutenir de nouvelles solidarités (le volontariat  géré par des organismes à but non lucratif, comme les associations, les syndicats ou les mutuelles —, sans oublier les solidarités familiales).

Nos projets de développement ne peuvent être, en aucun cas, ni préconisé ni imposé  par les bailleurs de fonds.
 
La Tunisie a hérité d’un lourd passif. Ses institutions politiques et économiques étaient entre les mains d’oligarchies soucieuses de s’enrichir aux dépens de leurs populations.  Une part non négligeable de la dette qui grève lourdement nos budgets pourrait être jugée «odieuse» et illégitime. En effet une dette contractée par un pouvoir despotique «voyou» en vue d’asseoir  son régime et de réprimer la population est une dette de régime sinon une dette personnelle du pouvoir qui l’a contracté. Avec la chute du pouvoir elle est nulle et non avenue.

Les Etats qui ont réussi leur « transition» devraient rendre des comptes aux électeurs et non aux bailleurs des fonds étrangers  comme ce fut le cas avant les révoltes arabes. Les rapports du FMI et de la Banque mondiale présentaient les régimes de Ben Ali et Moubarak comme des réussites éclatantes. Les organismes internationaux misaient, alors, sur la continuité. Les peuples  du «printemps arabe», quant à eux,  réclamaient le changement.

Il est bon de rappeler que les solidarités nées dans l’action du «printemps arabe» ou les solidarités d’exclusion nées des « chimères » des identités religieuses, ethniques ou tribales ont, aussi, pour origine les tensions et les inégalités engendrées par la mondialisation.
 
Aujourd’hui, on est en droit d’exiger une aide d’urgence, ni conditionnelle ni liée pour compenser la fuite des capitaux,  la baisse du tourisme et des investissements étrangers…

Une assistance internationale, disons-le, afin de désenclaver l’intérieur du pays et d’éviter à la Tunisie le cercle vicieux de la pauvreté avec son lot de chômage et d’exclusion à  l’origine, pour beaucoup, du populisme et de l’extrémisme.
 
Ainsi un message d’espoir sera adressé  aux jeunes pour calmer leur impatience à même de balayer les élites kroumir et corrompues et pour barrer la route aux contre-révolutionnaires, toujours, aux aguets.
 
Maintenant que les  cloches des urnes ont sonné on est en droit d’exiger de nos  dirigeants  élus de nous éclairer sur la suite à donner aux promesses des responsables du partenariat de Deauville et de négocier au mieux (changement dans la continuité) les conditions et le reliquat !

B.B.G.

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1 Commentaire
Les Commentaires
farhat - 01-12-2014 01:16

Ah decidement ces reveurs inveteres qui confondent tout et qui font des comparaisons a l'emporte pieces. 1/A la fin de la guerre 39/45,il n'y avait plus d'economies europeennes.Le plan Marshall avait pour but de redresser l'Europe que Hitler et les Allies ont detruite. Que l'on sache,personne n'a detruit la Tunisie.le plan Marshall est devenu la tarte a la creme pour toutes les pensees courtes 2/trois annees durant,la gestion de l'economie tunisienne a releve du "en veux-tu en voila",le resultat, un deficit budgetaire et un endettement jamais atteints. Aux reves colores des milliards de dollars du dictateur a vite succede le reve du plan Marshall avec a nouveau des milliards de dollars a pleuvoir. Messieurs les economistes et intellectuels qui voulez nous liberer de la poigne de fer du capitalisme international,appelez le peuple au travail,a l'effort et a la sueur plutot que nous faire miroiter des mirifiques plans Marshall et de nous.faire croire qu'il nous suffit de consommer ,de dicter nos desiderata et d'edicter nos regles taillees a la mesure de notre irresponsabilite pour que le monde se mette a genoux devant nous. Cessons cette delagogie,cessons de faire rever a si bon compte,cessons de suivre aveuglement les groupouscules altermondialistes europeens et americains qui viennent nous inciter a defier leurs gouvernements et leurs banques alors qu'ils n'arrivent pas eux-memes a les defier chez eux.Cessons d'etre naifs et appelons-nous les autres a retrousser nos manches pour que le monde nous respecte et nous aide. Soyez surs que nul ne nous aidera tant que nous continuerons a simplement demander de l'aide fut-ce nom du general Marshall.

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