News - 03.11.2013

Ahmed Mestiri – Mohamed Ennaceur : un ticket est-il possible ?

Les 36 heures supplémentaires que se sont accordé les participants au Dialogue national pour convenir du choix d’un chef de gouvernement seront-elles probantes ? Le délai fixé au samedi dernier à minuit est en effet prorogé au lundi à 13 heures, avec de multiples promesses de concrétisation, cette fois-ci.

Samedi toute la journée, les concertations menées au siège de l’ancienne Chambre des Conseillers au Bardo n’ont fait que cristalliser les positions, avec Ennahdha qui s’attache à faire passer son « préféré » Ahmed Mestiri, soutenue en cela par Ettakatol et Al Jomhoury alors que le reste des partis est acquis à Mohamed Ennaceur.
En appui à son parti, Hamadi Jebali monte au créneau sur France 24, puis Mosaïque Fm, pour expliquer le choix de Mestiri, balayer la notion de l’âge avancé et multiplier les arguments en sa faveur. Le même Jebali qui en décembre 2011, lors de la formation de son gouvernement voulait y adjoindre Mohamed Ennaceur, alors ministre sortant des Affaires sociales, sous le gouvernement Essebsi, en qualité de Conseiller, avec rang de ministre, tout comme Habib Essid.

Prompte à l’attaque, la galaxie médiatique d’Ennahdha, presse écrite, TV et réseaux sociaux, s’est déclenchée pour disqualifier les nominés de l’opposition, ciblant particulièrement Ennaceur et Nabli. comme au temps de la Pravda.

Plus que des garanties, un homme de confiance

A présent, le clivage est clair entre deux conceptions du futur gouvernement : un gouvernement juste pour préparer les prochaines élections, ce que demande Ennahdha ou un gouvernement certes pour expédier les affaires courantes et préparer les élections, mais aussi, jouer pleinement son rôle dans cette phase délicate de la transition vers la démocratie, comme le conçoit l’opposition. A la clé, les craintes d’Ennahdha sont multiples, surtout quant à la révision des nominations effectuées et redours à la justice au sujet de certains faits. Au-delà des engagements et garanties qui peuvent être apportés, c’est une personne de totale confiance qui prime aux yeux du parti islamique au pouvoir. Tout est là. Le blocage devient total : Mestiri, d’un côté, et Ennaceur de l’autre.

Lorsque samedi peu après 13 heures, Béji Caïd Essebsi lança l’idée de laisser les deux nominés, Mestiri et Ennaceur, se rencontrer et se mettre d’accord sur une formule de compromis, nombre de participants au Dialogue national y ont vu une bonne sortie de crise. Cette initiative était soutenue par la convivialité qui avait marqué la rencontre vendredi soir entre Essebsi, Ennaceur et Mestiri, à l’Ambassade d’Algérie, à l’occasion de la célébration de la fête nationale. Alors qu’Ennaceur était resté dans le grand patio de la chancellerie  parmi les centaines d’invités, un jeune s’improvisant chargé de protocole d’un parti de l’opposition est venu lui demander de rejoindre le salon d’honneur où se trouvaient Essebsi et Mestiri. Le tour était ainsi joué pour les prendre en photo devisant calmement. Mais est-ce suffisant pour sceller un partenariat politique solide entre Mestiri et Ennaceur pour un mandat commun.

Un ticket harmonieux ou une cohabitation respectueuse?

Certains ont vu dans la proposition d’Essebsi, un ticket harmonieux à l’américaine avec Mestiri comme Président du Gouvernement et Ennaceur  en qualité de vice-président. D’autres, la prennent pour une cohabitation harmonieuse, à la française (Mitterrand – Chirac ou Chirac – Jospin). En fait, l’idée d’un vice-président, voire de deux, était déjà gardée en réserve, chez certains partis et les noms de Mustapha Kamel Nabli et Jalloul Ayed étaient fréquemment cités, en plus de celui de Mohamed Ennanceur.

Veto contre certains nominés, notamment,  Mustapha Kamel Nabli « pour avoir déjà été limogé de son poste de gouverneur de la BCT», appui inconditionnel à Mestiri, remise en cause du vote vendredi après midi accordant 14 voix à Ennaceur contre 4 à Mestiri, menaces de l’Assemblée nationale constituante pour un vote sur tous les nominés, et bien d’autres manœuvres : Ennahdha fait feu de tout bois. Pourtant, l’impératif de concorde n’a jamais été aussi fort. Béji Caïd Essebsi continue à garder bon espoir d’y parvenir, laissant un peu du temps au temps et espérant que le weekend portera conseil.

Les traits tirés par le stress des négociations et le poids de la responsabilité, nombre de dirigeants des deux camps ont un réel besoin de décompresser, de revenir en toute sérénité à leurs partis et se retrouver lundi autour de la table du Dialogue avec un réel esprit de concorde. Les portes de l’espoir restent ouvertes, affirme-t-on dans les rangs de l’opposition qui s’attend à une sage flexibilité d’Ennahdha.
 

T.H.

A la recherche du troisième homme
 

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7 Commentaires
Les Commentaires
Jendoubi Mehdi - 03-11-2013 18:34

Un ticket associant Messieurs Mestiri et Ennasser dans un même gouvernement, est possible et nécessaire. Il est possible car les deux personnalités jouissent d’une large part de confiance aussi bien pour leur compétence que pour leur honnêteté et intégrité. Le passé de chacun, même avec des itinéraires différents les prédispose à assumer les hautes tâches de commandement , d’écoute et de rassemblement. La personnalité de base de chacun telle que dégagée de leur longue expérience publique est plutôt encline à la modération, à l’indépendance d’esprit , au compromis et à la modestie. Le ticket est aussi nécessaire, car plus que jamais la Tunisie a besoin d’un gouvernement avec une large assise politique et sociale qui met le maximum d’acteurs politiques et de citoyens en confiance et atténue les tensions et les malentendus cumulés depuis deux ans. La tâche sera rude et chacun des deux y contribuera â sa manière. l’apport de Monsieur Mestiri avec sa longue expérience politique de jeune militant nationaliste, d’homme d’Etat confirmé et d’opposant déterminé et respecté, assagi et enrichi par l’âge même si cela peut constituer un handicap selon certains en terme d’énergie et de disponibilité, est évident. Celui de Monsieur Mohamed Ennasser, ne l’est pas moins, avec sa connaissance plus actuelle de l’appareil administratif, sa maitrise des urgences sociales, sa discrétion et son humilité ainsi que courage politique dont il a fait preuve en démissionnant du gouvernement la veille de la crise opposant le syndicat au gouvernement en 1978, autant de qualités qui lui permettent de trouver les bonnes synthèses et les bons compromis. La troïka et le parti jomhouri votent Mestiri et l’opposition vote Ennasser, mais j’affirme modestement que ni Monsieur Mestiri, ni Monsieur Ennasser ne seront enclins à favoriser un clan ou l’autre. Ils sauront faire preuve d’esprit d’indépendance et savent qu’íls auront a diriger une Tunisie affaiblie et auront à gérer des dossiers complexes et brulants, avec peu de moyens et en si peu de temps. Ils sauront remettre tout le monde a sa place même ceux qui les auront fait rois, pour la simple raison que c’est la nation représentée par le comité des sept, qui les appelle a sortir de leur paisible retraite.

Ali Ahmed - 03-11-2013 20:09

qu'est ce qu'on peut attendre d'un vieux de 90 ans ou bien de l'autre qui esrt a peine moins agè que lui. Je dits aux que la voix de la sagesse est celle de Me MOALLA, laisser la place aux "jeunes".

citoyenne indépendante - 03-11-2013 20:26

Je plains celui qui sera à la tête du gouvernement actuellement cela ne sera pas tâche facile !! Je me demande malgrés tout le respect que je porte aux candidats ;vas-t-on les laisser travailler ?? Pourvu que ce calvaire aura une fin !!

kamel - 04-11-2013 08:27

Cherche chef du gouvernement désespérément !! je discutais aujourdhui avec des amis et nous avons constaté que ni AMestiri, ni M Nacer ne vont donner à la Tunisie ce qu'elle a besoin pour les prochains mois : - une confiance internationale, - un espoir national de justice, - le rétablissement de l'état de droit, - la tenue d'élections libres , - la révision des décisions illégales (administrativement) dont certaines nominations... Comme le débat est reporté de quelques dizaines d'heures, et que les autres candidats ne sont pas retenus, nous vous avons eu une idée: Nous proposons de chercher une compétence opérationnelle, forte, irréprochable, en activité avec une vision légaliste de l'état et apolitique pour faire sortir la Tunisie de la médiocrité de certains partis politiques ancestraux... Nous proposons la présidente du tribunal administratif au poste de Chef du gouvernement avec un ministre d'état chargé des affaires économiques, un ministre d'état chargé de la sécurité

sihem - 04-11-2013 09:03

ON choisit à travers un programme, que le peuple suit sa réalisation, et on élimine ceux qui ont eu des relations avec kamel Elltaief comme Mohamed Ennaceur

SAIDA DOUKI DEDIEU - 04-11-2013 20:21

Je n'ai pas lu le texte. La photo m'a suffi! Est-ce qu'elle représente la Tunisie d'aujourd'hui, la Tunisie qui s'est révoltée? J'ai énormément de respect pour ces hommes qui ont mérité du pays, mais ils n'inspirent aucun espoir d'avenir. Au lieu de se battre pour le pouvoir, ils devraient avancer des jeunes capables, leur expérience aidant, de relancer le pays.

mounir baccouche - 08-11-2013 05:20

Le pays regorge de cadres qui peuvent non seulement gouverner la Tunisie mais d'autres pays avoisinant. Arrêtez de prendre le peuple pour des cons! Avant; ghanouchi a traité Sebssi d' archives de bourguiba. Et ces trois la sur la photos mmm c' est quoi alors! L archive de Bhutto??? Y en a marre de reprendre les mêmes et de recommencer! On est en 2013 la Ils savent même pas manipuler un ipad ni même bien marcher dans un cortège officiel. Pourquoi en veux toujours nous duper!

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