Dans la perspective des élections, l'heure est aux grandes manoeuvres

L’année 2013 démarre sur les chapeaux de roues pour la classe politique tunisienne. Si tout se passe bien, la nouvelle année sera notamment marquée par l’organisation des élections législatives. Ceci explique sans doute cela. 

A peine, l’année entamée, la haute coordination de la troika a tenu une première réunion-en l'absence du président de la république- et s’apprête à en tenir une deuxième, jeudi. A l’ordre du jour l’activation de la loi sur l’audiovisuel ; le déblocage du projet de loi relatif à l’instance provisoire de la magistrature et les contacts entrepris avec d’autres formations politiques pour élargir la majorité dans la perspective de la formation du nouveau gouvernement qui sera probablement  annoncée le 14 janvier à l’occasion de la commémoration de la révolution. Bien plus que la guérilla que lui livre aujourd'hui son ex fidèle allié, le CPR, la préoccupation majeure d'Ennahdha aujourd'hui et de voir Nida Tounès gagner les élections. Un scénario-catastrophe tout à fait envisageable au vu de l'ascension fulgurante de ce parti et dont le mouvement de Rached Ghannouchi est parfaitement conscient. D'où son souci de brasser large en essayant d'ouvrir la coalition gouvernementale à un maximum de partis et notamment à ceux de l'opposition de centre-gauche (El Massar et El ,Joumhoury). Cette démarche présente un double avantage : isoler Nida Tounes dont les deux partis sont les plus fermes soutiens et en même temps apparaître comme un parti de consensus, «soucieux de l'unité du pays et attaché à la réalisation des objectifs de la révolution». Parallèlement, Nida Tounès présenté comme «un rammassis de fouloul et de gauchistes opportunistes» est ostracisé et empêché de tenir la moindre réunion à l'intérieur du pays en attendant le fameux projet de loi sur «l'immunisation de la révolution» destiné  à l'exclure définitivement de la scène politique mais qui ne sera utilisé qu'en dernier recours, compte tenu de ses implications nationales et internationales éventuelles.

 Du côté de l’opposition, la situation est loin d'être reluisante. Echaudés  par l’expérience malheureuse du 23 octobre, les partis multiplient les réunions en vue de nouer des alliances, sans grand succès,malheureusement. Alors qu’elle peine à sortir des limbes, l’alliance entre Nida Tounès, El joumhoury  et El Massar bat de l’aile après les déclarations de Yassine Brahim et Béji Caïd Essebsi au journal « El Maghreb ». Pour l'instant, Chabbi ne se formalise pas de ce qu'il appelle «les tirs amis», d'autant plus qu'il reste convaincu que seule Nida Tounès est en mesure de l'aider à concrétiser ses ambitions présidentielles.  Un bon point à l'actif de cette opposition : elle a su résister jusqu'à présent aux chants des sirènes de la troika. Pour combien de temps ?