News - 08.12.2019

Taoufik Blidi: Quelle synergie tunisienne avec la Chine (2/2)

Taoufik Blidi: Quelle synergie tunisienne avec la Chine

Qui mieux qu’un Tunisien longtemps établi en Chine pour formuler des propositions concrètes à même de développer de réelles synergies entre les deux pays ?

Taoufik Blidi, préférant rester discret et gardant sa modestie naturelle, ne s’y hasarde pas facilement. Mais, en lui posant avec insistance la question, il finira par livrer le fond de sa pensée.

Le premier pas à franchir, selon lui, c’est l’ouverture des frontières économiques tunisiennes comme déjà de plus en plus d’usage dans le monde, notamment en Asie, surtout dans le domaine industriel, commercial et technologique, tout en préservant un système de protection et de sécurité technologique. «Il va falloir s’y résoudre avec détermination, nous confie-t-il. La Tunisie gagnerait à faire le choix de devenir un grand hub chinois dans la région. C’est-à-dire un centre dynamique d’assemblage, d’intégration, de groupage et de distribution de produits chinois ou d’autres pays, en optant pour l’innovation et la qualité. Ce positionnement avantageux est mutuellement bénéfique aux deux pays. Mais aussi aux autres pays de la région, qu’il s’agisse de la Méditerranée, de l’Europe, du Maghreb ou de l’Afrique subsaharienne. Les opérateurs économiques n’auront pas à aller si loin jusqu’à Guangzhou et affronter les difficultés de la langue, pour effectuer leurs achats. En plus, ils éviteront les délais de transport et recevront beaucoup plus rapidement leurs produits. Cette triangulation Chine-Tunisie-Afrique nous sera très bénéfique.»

Une grande université chinoise à Tunis pour la technologie et le management

Pour Taoufik Blidi, la faisabilité de ce concept n’est pas très difficile. Nombre de compagnies chinoises explorent sans cesse pareille opportunité, cherchant des partenaires locaux. Ce qu’ils demandent, c’est juste une stabilité du pays, la clarification des procédures, l’obtention avec leurs partenaires tunisiens ou directement de lots de terrains industriels et dépôts en concession sur des périodes de 30 à 50 ans. Evidemment, un écosystème favorable sera un atout majeur. Blidi pense notamment à l’implantation en Tunisie d’une université chinoise de renommée, non pas pour l’enseignement de la langue chinoise, mais surtout pour le management, les technologies, l’ingéniorat et autres disciplines avancées. Elle devrait être ouverte également à des étudiants africains.

Les idées porteuses ne manquent pas chez lui : la médecine chinoise est très intéressante à explorer. Traditionnelle ou innovante, elle offre des opportunités réelles de partenariat. Blidi recommande également d’élargir les relations entre la Chine et la Tunisie au-delà des autorités dans les deux capitales et des cercles officiels pour les étendre aux provinces. La Chine, souligne-t-il, est un pays très étendu, avec des régions très dynamiques, recelant des richesses diverses et précieuses et des entreprises très en pointe. Il va falloir y aller.

Carthage en point d’ancrage pour la Route de la Soie

La Route de la Soie, initiée par la Chine, gagnerait à intégrer la Tunisie dans son parcours, quitte à créer un segment China-Carthage Silk Road, pour embrasser l’Afrique, estime Blidi. De plus, le renforcement de l’infrastructure des transports en Tunisie, notamment pour ce qui est des chemins de fer et du métro, leur modernisation et l’extension de leurs réseaux partout dans le pays, constituera un atout majeur en s’appuyant sur China Railways.
Faut-il avoir peur de la Chine ? «Nullement, affirme Blidi. Il faut plutôt savoir bâtir avec elle, c’est-à-dire, en plus de l’officiel, des relations fécondes dans tous les domaines: industrie, technologie, agriculture, services, télécommunications, médecine, pharmacie, enseignement, recherche et développement...Il suffit de s’y mettre sérieusement. Les Chinois n’attendent qu’un premier pas de la part des Tunisiens.»

«Ouverture, ouverture, plaide Taoufik Blidi. Commençons par l’octroi de visas d’entrée sans difficulté à l’aéroport, réduisons les formalités, les procédures et les taxes et connectons-nous sur le progrès, la science, la technologie, l’éducation et tous les autres vecteurs de l’essor pour notre pays.»

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