News - 05.09.2019

Leaders Magazine célèbre son 100 ème numéro: ... Et l’aventure continue

Leaders Magazine célèbre son 100 ème numéro:  ... Et l’aventure continue

Ce numéro de Leaders en ce mois de septembre 2019, est le 100e d’une série mensuelle qui se poursuit depuis huit ans. Avec régularité et constance, sans la moindre interruption, ni retard, depuis le mois de juin 2011, votre magazine vous donne rendez-vous avec un contenu et un design graphique sans cesse renouvelés et enrichis. Le pari pris par les fondateurs, en sollicitant, quelques semaines seulement après le 14 janvier 2011, un récépissé de déclaration de publication d’un magazine mensuel n’était pas facile à tenir. Dans l’euphorie de la liberté de la presse retrouvée, plus de 160 nouveaux titres se sont lancés alors que le bassin des investissements publicitaires s’était soudainement asséché. Tous savaient dès le départ que la presse n’était guère lucrative, elle est même ruineuse. Mais, la motivation essentielle de la plupart des éditeurs était de jouir de cette liberté et de se positionner dans le paysage médiatique, en portant un idéal et en défendant une cause, dans la perspective des échéances électorales à venir.

Au commencement...

Dès le 1er juin 2011 (une date symbolique), le premier numéro était dans les kiosques avec en couverture Mustapha Kamel Nabli, alors tout juste de retour de Washington, nommé gouverneur de la Banque centrale. Pour la première fois, il a accepté de revenir sur ses origines, sa famille, son parcours... Le format du magazine, le contenu et le ton ont immédiatement produit leur effet sur les premiers lecteurs. Curieux hasard, Nabli n’aura droit à une deuxième couverture que huit ans plus tard, en avril dernier, à la faveur de la parution de son livre J’y crois ! La liste des auteurs est impressionnante: anciens ministres, ambassadeurs, officiers supérieurs, universitaires, chercheurs, écrivains, poètes et romanciers, ingénieurs de grandes écoles, médecins, avocats, hauts fonctionnaires, chefs d’entreprise, leaders de parti, dirigeants de centrales syndicales et patronales et humbles lecteurs sont venus épauler les jounalistes et toute l’équipe. Ce que la Tunisie compte parmi les meilleurs, et dans la pluralité des opinions.

A l’inverse de nombre de publications de par le monde, Leaders est né d’un journal électronique qui s’est prolongé en version imprimée. Profitant de l’absence de toute autorisation préalable, ne serait-ce que maquillée sous forme de récépissé de déclaration de parution, Leaders on-line avait été fondée en 2009, initialement pour encadrer de jeunes étudiants de l’Ipsi désireux de lancer un journal école en format électronique. Le titre Leaders n’était pas fortuitement choisi. Il s’agissait, et il s’agit encore, de promouvoir les leaders tunisiens dans le pays et à l’étranger, de les connecter entre eux et d’établir des ponts avec les aînés. Ce triangle servira de prisme éditorial, inscrit dans l’indépendance politique et financière totale.
Cette règle d’or de double indépendance pourrait paraître illusoire, à moins de parvenir à un équilibre financier et de résister aux pressions subies de toutes parts. Ce sera notre credo.

Des maux profonds

Le financement de la presse écrite est partout classé parmi les risques les plus élevés. Il l’est davantage en Tunisie, avec l’érosion des budgets publicitaires, le rétrécissement du lectorat, surtout francophone, les perturbations de la diffusion en kiosque et postale et l’annulation des abonnements publics. Le poste de charge le plus élevé, celui des frais d’impression, a plus que doublé, avec une hausse vertigineuse du prix du papier (dépréciation du dinar et augmentation des coûts à l’importation). Oser, face à cette équation des plus compliquées, éditer une revue, en espérant au moins ne pas perdre de l’argent, est une grande aventure.
La montée en puissance des partis, des lobbies et autres groupes d’intérêt a été tellement fulgurante que tous cherchent à accéder aux médias, les domestiquer et, à défaut, les dénigrer. La règle est simple: tant que vous n’êtes pas pour, vous êtes contre, donc asservi par l’autre.

En pleine remise en question de chacun par chacun et de tous par tous, la conquête de la confiance n’est pas facile à gagner. Au fil des successions à Carthage, au Bardo et à la Kasbah, des alliances et des défections, la constance de la ligne éditoriale et l’intégrité de Leaders finiront par l’emporter, sinon totalement, du moins largement.

«Un bon produit»

Le grand atout de Leaders, c’est un média prisé par ses lecteurs. Un très grand nombre parmi eux conservent précieusement ses numéros en collection pour les consulter et relire à loisir. Le «produit» est en effet attirant. Le concept qu’on doit à Hédi Béhi et Taoufik Habaieb, rejoints par Abdelhafidh Harguem, est ciselé: un livre mensuel dense et varié, qui se nourrit de l’actualité, sans s’embarrasser de politique politicienne ou céder ses colonnes aux charlatans. La ligne éditoriale se veut indépendante, plurielle, ouverte aux opinions dans leur diversité, moderniste, tout en revisitant le patrimoine, puisant dans nos valeurs, rendant hommage aux illustres Tunisiens et Tunisiennes disparus, et suscitant des vocations. La relecture / correction, vigilante, nous la devons à l’universitaire doublé de poète, Aly Koyta. Le design graphique, conçu par le directeur artistique Ahmed Cherni, épouse lisibilité, qualité de l’illustration et enchaînement de séquences de textes et d’images. Autant que les textes signés par de grands auteurs de divers horizons, la photo, dont on doit la grande majorité au talent du pionnier Mohamed Hammi, est érigée en expression iconographique. L’ensemble est bien imprimé sur les machines rutilantes de la Simpact, sous la supervision personnelle de son patron, Naceur Jeljli. Au sein de Leaders, les équipes marketing, suivi de production et de diffusion et appui, tous ses soldats et soldates de l’ombre, conduites par Fayçal Mejjadi et son adjoint Hamdi Mzoughi, font preuve d’un effort remarquable. Tout comme les unités de webmastering (Raed Bouaziz), de vidéo (Marwa Makni) et de relations presse (Najeh Kharrez).

Une autre lecture tunisienne en langue arabe

Comme si l’aventure de Leaders magazine en langue française ne suffisait pas, les éditeurs sont récidivistes! Une version en langue arabe était sans cesse réclamée. Les études de marché, censées identifier un potentiel d’annonceurs et d’électeurs plus fournis, signent l’échec de l’investissement et recommandent l’abandon du projet. C’était sans connaître la résolution du trio Béhi, Habaieb et Harguem, convaincus de la plus-value à apporter à la presse en langue arabe. C’est ainsi que paraîtra le 15 octobre 2015 (une date symbole) le premier numéro de Leaders Arabiya, sous la direction de Si Abdelhafidh Harguem. La couverture était dédiée à Si Chedli Klibi, à l’occasion de ses 90 ans, en recueillant auprès de lui une interview exclusive. Les lecteurs comprendront au fil des 44 numéros jusque-là parus que Leaders Arabiya n’est guère la traduction de l’édition en langue française, cultivant sa propre vision, nourrissant son propre projet, mais partageant les mêmes principes, le même professionnalisme et le même raffinement.

Et des produits dérivés

L’aventure de Leaders ne s’est pas limitée aux magazines imprimés et aux journaux électroniques. Sur le même élan de l’édition retrouvée, numéros spéciaux et livres ont été publiés. Là aussi, guère avec des objectifs lucratifs. Les titres en disent long: Bourguiba quinze ans déjà (les derniers jours de Bourguiba), Défense et sécurité nationale (par le général de Brigade Mohamed Meddeb), Invincible Tunisie (60e anniversaire de l’Armée nationale), La Tunisie en Suède : un accueil royal, Les îles de Tunisie, les phares - les oiseaux, Rjim Maatoug: comment l’armée tunisienne a fait fleurir le désert... L’accueil des lecteurs est réconfortant. D’autres projets sont quasi prêts. Seules les mêmes entraves de financement persistent, mais finiront par être surmontées.
De beaux jours devant elle, si...

Croire que la presse imprimée est morte est sujet à caution. Aucun média n’a jusque-là cannibalisé ses prédécesseurs, ni la radio n’a tué la presse, ni la télévision n’a achevé le cinéma, ni les réseaux sociaux ne se sont substitués à tous les supports. Mais, comme chacun des autres médias, la presse écrite doit se réinventer forger un nouveau concept et décliner un produit distinctif, attractif. Les contradictions sont nombreuses. Avant d’être plume (clavier), art et talent, le produit presse est un produit industriel (imprimé) qui se renouvelle à chaque édition. Si le gabarit est le même, le contenu est nécessairement renouvelé (1ère contradiction). C’est aussi un produit où le jus rédactionnel et iconographique ne représente dans les charges que moins du quart, tout le reste est ponctionné par les frais généraux, l’impression, la diffusion qui, à elle seule, absorbe 40% du prix de vente (2e contradiction). L’augmentation des ventes n’est pas nécessairement rentable, en raison du tarif publicitaire appliqué sur la base d’un tirage fixé d’avance et de frais d’impression. Imprimer plus en espérant vendre plus serait alors déficitaire (3e contradiction).

Un média de fond... et de forme

Mais, restons dans la réinvention du genre journalistique imprimé. Si l’électronique offre la convergence des médias, avec textes, photo, vidéo et interactivité, la presse écrite garde sa propre niche de média de fond — et de forme— à même de produire l’information, les reportages, les enquêtes, les interviews et les analyses, labellisés par la signature de leurs auteurs :  des journalistes professionnels, des experts reconnus et des analystes avisés. C’est elle qui fournit le contenu de fond qui sera relayé, commenté, débité, remis en perspective par les autres médias, notamment sociaux. Le talent et le raffinement s’y ajouteront.

Aujourd’hui, Leaders c’est 100 numéros déjà. Mais 100 numéros seulement. La passion et l’engagement nous tiennent. Votre fidèle lecture et vos encouragements nous y exhortent. L’aventure continuera !

Hédi Béhi, Taoufik Habaieb, Abdelhafidh Harguem