News - 13.07.2019

La Guinée équatoriale, un pays lointain et si proche (Album Photos)

Merveilleuse Guinée équatoriale

De notre envoyé spécial : Taoufik Habaieb - C’est le même horaire que celui de la Tunisie. Mais à près de 3 500 km de distance, le dépaysement est total. Sautez dans un avion, à partir de Francfort, Paris ou Casa, savourez un bon repas, regardez un ou deux films, piquez un petit somme et vous voilà, huit à neuf heures après, dans un autre univers. Bienvenue dans l’émerveillement.

A une heure de vol de Lagos, au cœur du Golfe de Guinée, sur la ligne de l’équateur, la Guinée équatoriale est incrustée en pleine Afrique centrale, entre le Cameroun au nord et le Gabon au sud. Le pays s’étend sur une superficie de 28 051 km². La partie insulaire est constituée d’un petit archipel de cinq îles, dont celle de Bioko qui abrite la capitale administrative et politique, Malabo. Dans un écrin de verdure, une ville très moderne, aux larges autoroutes, luxueux hôtels et grandes bâtisses, avec un magnifique complexe de congrès.

A quelques encablures seulement de l’aéroport desservi par des vols quotidiens assurés par de grandes compagnies (Lufthansa, Air France, Royal Air Maroc, Ethiopian Airlines...) et à proximité d’hôtels de chaînes internationales, le parc national est un coin de paradis. Aménagé sur 87 ha, au milieu d’une forêt soigneusement entretenue, des parcours de randonnée, lacs artificiels navigables, terrains de tennis et de foot, aires de jeux pour enfants, espaces de concerts, restaurants, musée et autres attractions sont ouverts au public à un prix modique. Des voiturettes promènent les visiteurs et leur font découvrir les merveilles d’une nature généreuse. Si ce parc si bien conçu est particulièrement soigné et entretenu, la plupart des autres régions du pays, dans les îles comme sur le continent, sont un véritable jardin fort attirant.

Le centre-ville, coquet, gardant ses empreintes historiques, aligne supermarchés, galeries de boutiques de luxe, restaurants et lounges.

De l’autre côté de la capitale, la nouvelle banlieue Sipopo est la destination prisée. Centre de congrès, mall, villas de maître avec piscine et dépendances, hôtels, restaurants et plage de sable, à croire que vous êtes dans une banlieue huppée de Californie. Partout la propreté est frappante, tout comme le respect du code de la route et la sécurité.

De par sa taille, la Guinée équatoriale figure parmi les plus petites entités africaines. Sa population est de l’ordre de 1.300.000 habitants. Une petite communauté tunisienne comptant 41 membres y est établie depuis plus d’une dizaine d’années, exerçant notamment dans le secteur de la santé.

Quand l’un des pays les plus pauvres rejoint les plus riches

La découverte du champ pétrolier Zafiro en août 1996 a apporté une manne généreuse qui a bouleversé l’économie locale, les hydrocarbures constituant 99% des exportations. Le pays est devenu le quatrième producteur de pétrole d’Afrique subsaharienne et le PIB a été multiplié par plus de 10 au cours de la décennie 2000, générant l’un des PIB par habitant les plus élevés d’Afrique (9 600 dollars US).

«Jusqu’au début des années 1990, la Guinée équatoriale était classée parmi les pays les plus pauvres, ignoré par les grandes puissances, a rappelé le président Teodoro Obiang Nguema Mbasogo (76 ans), au pouvoir depuis presque 40 ans, lors de l’ouverture des réunions annuelles de la Banque africaine de développement (BAD), tenues du 11 au 14 avril dernier à Malabo. Aujourd’hui nous avons l’un des revenus les plus élevés par tête d’habitant, a-t-il poursuivi. Avec la découverte du pétrole et la ruée des compagnies étrangères, le regard du monde a commencé à changer. A la faveur de trois conférences économiques successives, depuis lors nous avons fixé nos choix quant à l’utilisation des revenus générés, privilégiant les infrastructures, routes, ports et aéroports, les équipements sociaux et éducatifs et l’investissement dans le capital humain et le bien-être. Nous l’avons fait pour la dignité de notre peuple, et pour le continent. Certains choix ont été critiqués, mais pour moi, c’est du développement. Ce que nous avons fait, c’est en pensant à ce qui est utile à notre pays et à l’Afrique, tout en regardant le monde.»

Convoitise acharnée

Parler de richesses pétrolières ou minières, c’est parler nécessairement de convoitise. De grands groupes et de grandes puissances s’empressent de capter cette manne à leur profit. Du chantage exercé sur les Etats à la mise sous tutelle, voire les manœuvres de déstabilisation des régimes, les coups d’Etat et même l’invasion pure et simple. La Guinée équatoriale n’y a pas échappé, sans y succomber. Les bras de fer avec des «néocolonialistes» sont continus et les accusations fusent de toutes parts. Le président équato-guinéen en parle avec amertume, sur un ton qui rappelle celui des chantres africains de l’indépendance et de l’anticolonialisme, Patrice Lumumba, Ahmed Sékou Touré, Amilcar Cabral, Kwame Nkrumah, Thomas Sankara. Il termine ses discours en lançant à l’auditoire : soyez courageux. Tout est impossible jusqu’à ce que quelqu’un le rende possible. Prenez des décisions difficiles.» Ces propos donnent un bref aperçu de la situation dans le pays qui subit de plein fouet d’un côté l’impact de la chute du prix du baril et, de l’autre, la montée des convoitises.

Les flux de revenus élevés provenant du pétrole ont entraîné une évolution structurelle profonde en Guinée Équatoriale au cours des vingt dernières années, surtout dans la construction et le développement des infrastructures de base. Ces revenus ont permis d’engager des dépenses publiques, évaluées à 4 066 milliards XAF (8,36 milliards USD), de développer des infrastructures de pointe, dont la ville nouvelle de Djibjoho (ou Oyala) sur le continent et de soutenir ses objectifs à plus long terme de diversification économique.

Sur la grande corniche face à la mer, la vue est imprenable. L’inversion des saisons divise l’année en deux semestres, hiver-été, au contraire du climat de la Tunisie. Actuellement, c’est la saison des pluies, avec une température oscillant entre 18 et 28°, et une humidité supportable. Faire la marche ou courir sur la corniche est un véritable plaisir. Fumer n’est pas habituel pour les autochtones mais les amateurs de chicha seront bien servis par des petits cafés-kiosques aménagés sur la corniche.

Là où vous allez en Guinée équatoriale, la rencontre avec la nature est une expérience merveilleuse. Un pays qui s’ouvre de plus en plus au tourisme et qui offre aux investisseurs, aux entrepreneurs et aux compétences qualifiées de réelles perspectives heureuses et bénéfiques.

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