News - 16.11.2017

Chaker vu par Karim Ben Smail: Slim était fait pour le service public

Chaker vu par Karim Ben Smail: Slim était fait pour le service public

Nous clôturons la série d’articles consacrés au regretté Slim Chaker à l’occasion de la commémoration du 40e jour de sa mort , avec ce témoignage de son condisciple, l’éditeur Karim Ben Smaïl:

La disparition de Slim Chaker résonne en moi douloureusement, pour plusieurs raisons. D’abord c’est le point final, quand même un peu prématuré, de l’ami d’une vie, nous avons été compagnons de banc à l’école primaire, puis durant nos études au collège Sadiki. Après quelques années, c’est à Paris que nous nous sommes retrouvés, lui dans une école d’ingénieurs, moi étudiant en informatique. Nous nous retrouvions certains dimanches pour des séances de marché-cuisine-dégustation de plats tunisiens que nous mettions un après-midi entier à digérer en discutant de nos vies respectives et en refaisant le monde. Slim était fait pour le service public, je lui disais souvent: «S’il y a une logique en ce monde, tu finiras ministre, dommage pour toi que ce soit chez Ben Ali !». Cela le faisait sourire.

 

Quand il a pris la tête du Famex, il s’est acquitté de sa tâche avec sérieux et rigueur, des qualités que Slim a toujours eues, sans concession, quand j’ai déposé un dossier, il a été refusé: «Karim, ton dossier ne passera pas, je suis désolé»... Il a donné à cet outil de promotion de l’export une dimension exceptionnelle et a tellement brillé à ce poste qu’il a ensuite été sollicité à l’étranger pour des missions similaires.

Affronter le «dégage»

A la révolution, il a quitté immédiatement cette «planque» bien rémunérée pour assumer des responsabilités ingrates que bien d’autres ont refusées ; au Tourisme d’abord, pour affronter des «dégage» qui l’ont affecté plus que le public ne le sait, il a tenu bon, et a grimpé ensuite dans la hiérarchie de son parti, jusqu’à intégrer, me dit-on, la garde rapprochée de BCE ; à partir de ce moment, nos rencontres se sont faites plus rares pour diverses raisons. Mais l’amitié fraternelle demeurait.

La mort nous frôle tous, et cette nouvelle nous glace, nous pétrifie

Quand je l’ai croisé dans un événement mondain, il a évoqué quelques soucis de santé, des précautions exigées par son médecin, discussion classique de quinquas pas très sportifs. Ce n’est que beaucoup plus tard que j’ai appris que c’était plus sérieux qu’il ne l’avait laissé entendre. Jusqu’à ce coup de fil terrible d’un ami commun : «Slim est mort». La mort nous frôle tous, et cette nouvelle nous glace, nous pétrifie. Une partie de ma vie, de mon enfance et de ma jeunesse part avec lui, et tous les jours, des bribes de souvenirs communs réapparaissent, comme pour tromper la pénible réalité. 
Salut mon ami.

Karim Ben Smail

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