News - 19.10.2017

Ferhat Horchani : Le terrorisme se fabrique à l’école, son éradication doit commencer à la base (Photos)

Ferhat Horchani

« L’école constitue le maillon le plus important de toute stratégie efficace de dé-radicalisation. C’est à l’école que se fabrique le terrorisme. Toute stratégie efficace doit s’attaquer aux racines. » Heureux de retrouver son statut d’universitaire, le Pr Ferhat Horchani, jusqu’à tout récemment ministre de la Défense, a livré une analyse perspicace du phénomène terroriste dans le monde, la région et en Tunisie. Il estime que le terrorisme ne finira pas avec l’écrasement de Daech, mais lui subsistera, ce qui exige pour l’endiguer, un travail en profondeur et de longue haleine.

Ouvrant jeudi matin le colloque international sur « la sécurité nationale en transition », organisé par le Laboratoire de recherche en Droit international et européen et Relations Maghreb-Europe (LR-DIERME) de la Faculté des Sciences juridiques, politiques et sociales de Tunis (FSJPPST), il a affirmé que « si le terrorisme n’est pas un phénomène spécifiquement tunisien, nous l’avons souvent laissé se développer par de mauvaises mesures prises il y a quelques années. 

Un cuisant échec de la communauté internationale

L’ancien ministre de la Défense considère que « la communauté internationale a échoué dans la lutte contre le terrorisme malgré tant d’efforts et d’argent consentis en vain depuis plus de 40 ans. Al Qaeda, l’Aqmi, l’EI et autres n’ont fait que l’amplifier et le diversifier. Daech est allée jusqu’à afficher des ambitions planétaires, trouvant une attractivité auprès des jeunes, en activant les réseaux sociaux. La lecture a été fausse et la stratégie mal adaptée ».

Quels liens de causalité du terrorisme ?

Evoquant le contexte favorisant l’émergence du terrorisme et l’aggravation de ses dangers, le Pr Ferhat Horchani a expliqué que certaines situations l’attisent, comme lorsque l’Etat est faible, un pays est confronté à des conflits ethniques ou religieux, ou une société qui aborde sa transition démocratique, ce qui est le cas de la Tunisie. « En fait, ajoute-t-il, il n’obéit à aucune logique. Pas de lien de causalité avec la pauvreté. L’indigence peut en constituer un terreau, mais elle n’est pas la seule. Ceux qui avaient perpétré l’attaque de New York, le 11 septembre 2001, n’étaient dans la pauvreté. Pas de lien automatique entre la religion. Mais, parfois, certains liens avec la criminalité. Du moment où la violence, censée être le monopole de l’Etat, est déclenchée par d’autres, son impact devient grand ».

Le cas tunisien

Au cours de la première séance de ce colloque sur la sécurité nationale, le premier du genre qu’abrite une université dans le monde arabe, comme l’ont salué de nombreux participants tunisiens et étranger, le contre-amiral (r) Kamel Akrout, Conseiller à la Sécurité Nationale auprès du président de la République a présenté une communication sur «L’évolution du concept de sécurité nationale : Fondements et Enjeux, le cas tunisien ». De nombreux chercheurs universitaires tunisiens et étrangers, ainsi que des officiers supérieurs et généraux (en activité et/ou à la retraite) de l’armée nationale et des forces sécuritaires, de diplomates tunisiens et hauts fonctionnaires ont pris part attentivement aux travaux. 

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