News - 09.08.2017

Qu'attendez-vous de BCE d'ici à fin 2019 : la réponse de Mustapha Ben Jaafar

Qu'attendez-vous de BCE d'ici à fin 2019 : la réponse de Mustapha Ben Jaafar

Quelles sont les principales réalisations que le président Béji Caïd Essebsi doit accomplir d’ici à la fin de son mandat en décembre 2019 ? C’est la question que Leaders a posée dans son numéro d'Août à des acteurs politiques de premier plan :Rached Ghannouchi, Habib Essid, Mustapha Ben Jaafar, Yassine Brahim, Said El Aidi, Ouided Bouchamaoui, Yadh Ben Achour et Fadhel Moussa.

Mustapha Ben Jaafar(*) : Trois souhaits à BCE

1- La Constitution de 2014

Afin de rompre avec le régime présidentialiste antérieur et la concentration des pouvoirs qui en a résulté, a institué une nouvelle distribution des pouvoirs entre les deux têtes de l’exécutif, confiant au Président de la République les rôles majeurs de garant de la Constitution et d’arbitre de la scène politique. Cette fonction d’arbitrage du Président de la République a été confortée par son élection au suffrage universel direct. Cependant, nonobstant les changements induits par la Révolution, Si El Beji, dès son élection en 2014, s’est coulé dans le moule traditionnel de chef « principal » de l’exécutif, s’impliquant publiquement hors du champ qui lui était imparti par la Constitution. Les signaux donnés par la Révolution ont été brouillés, ne facilitant pas l’indispensable évolution de la mentalité des citoyens. Par un effet boomerang, cette nostalgie, entretenue par les médias, d’un président omniprésent, a conduit ces citoyens à le considérer comme responsable de tous leurs maux. Or, président de tous les Tunisiens, il se doit de rester au-dessus de la mêlée. Garant de la Constitution, il se doit de dissiper tous les doutes en se montrant vigilant en ce qui concerne les exemples —hélas fort nombreux— de non-respect de la Constitution. Ainsi, la mise en place urgente de la Cour constitutionnelle et le choix de ses membres devant lui garantir une totale indépendance sont la condition sine qua non du bon fonctionnement de nos institutions.

2- En concertation avec le Président de la République

Le chef du gouvernement vient de lancer la campagne ‘’ guerre contre la corruption’’. Cela ne peut être que positif. Mais il serait souhaitable, afin de crédibiliser cette campagne, que le soutien du chef de l’Etat se montre plus actif. De plus, on gagnerait en cohérence si le projet si décrié de « loi de réconciliation économique » était retiré. En écartant le passage en force, le Président donnerait une preuve irréfutable de sa capacité d’écoute vis-à-vis de l’opposition et enverrait aussi un signal de grande humilité digne d’un régime vraiment démocratique. Il éviterait les conséquences d’un débat long et stérile qui dure depuis plus de deux ans et qui ne fait qu’entretenir les divisions du pays.

3- Le Président de la République

S’est fortement impliqué dans la recherche d’une solution politique à la crise particulièrement complexe qui secoue depuis six longues années la Libye. Nous l’avons soutenu, conscients des retombées positives qu’aurait une telle issue pour la paix,  la stabilité et le développement de tous les pays de la région. Mais, dans le même élan, la diplomatie tunisienne devrait s’engager à réduire les tensions qui marquent les relations entre l’Algérie et le Maroc. Avec le doigté qu’on lui reconnaît, ses relations privilégiées et confiantes avec les dirigeants des deux pays, Si El Beji ne manque pas d’atouts pour faire redémarrer le Grand Maghreb et faire se concrétiser le rêve de plusieurs générations !

*Président de l'Assemblée nationale constituante

Fondateur du parti Ettakattol

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