News - 20.12.2016

Ridha Najar : Pour la mémoire de Mag, celui qui nous a appris notre métier

Ridha Najar Pour la mémoire de Mag, celui qui nous appris notre métier

Mag! C’est comme cela que nous l’appelions, lui Mohamed Maghrébi, l’un des pionniers de la télévision tunisienne (avec Hassen Akrout) avant d’embrasser une remarquable carrière de communicateur public au Ministère de l’Information, à la Ligue Arabe puis au Conseil Supérieur de la Communication.

J’ai eu le bonheur de travailler directement avec lui à deux reprises, à chaque fois pendant quatre fécondes années. Mohamed Maghrébi, comme directeur des programmes, m’a tout appris du métier de la télévision lorsque j’ai été son adjoint chargé de la production télévisée de 1971 à 1974. Et je n’ai pas été le seul de ses « élèves ». Tous, réalisateurs, techniciens, monteurs, script, décorateurs, nous le reconnaissions comme notre patron. Modeste, il a toujours tiqué lorsque je l’appelais « Maître », rétorquant que le professeur était fier de ses élèves qui le dépassaient. Pour la petite histoire, la télévision n’ayant pas de statut à ses débuts, Mag avait un contrat de « Chef de chœur » à la radio!

Nos bureaux étaient communicants. Le matin, il ouvrait la porte qui nous séparait et me reprochait d’un regard complice mes arrivées tardives, lui qui était très matinal. A la TV, il faisait tout, allant jusqu’à taper lui-même sur sa machine à écrire le conducteur d’antenne de la journée ! Mais il était, surtout, à la source de toutes les nouvelles idées d’émissions, de la plupart des initiatives : Hnani et Hmayda et les micro-programmes d’éducation, c’est lui ! Les productions de fiction en noir et blanc qui étaient…hebdomadaires, c’est lui ! Les grandes variétés, c’est lui ! A nos réunions, ses idées fusaient de toute part. Et il était ravi lorsqu’il constatait que nous les concrétisions. Nous étions une véritable paire de complice où lui était toujours « le bon » et moi « le méchant » quand il s’agissait de donner ou de refuser les moyens de production à telle ou telle idée. Nous n’avions même pas besoin de nous consulter, le regard suffisait.

En 1974, Mag a eu une longue maladie de plus de six mois. J’ai assuré son intérim, lui téléphonant tous les jours pour lui demander conseil jusqu’à ce qu’il explose un jour : « Débrouille-toi, Bon Dieu ! ». Et il a bien fallu se débrouiller. Nous n’avons pas terminé l’année à la RTT. Ni lui, ni Mongi Chaffaï, l’ingénieur général, ni moi, ni Féthi Houidi, alors chargé des programmes culturels. Nous n’étions pas sur la même longueur d’onde avec un nouveau directeur général, arrivé en mars 1974. Tout le monde a, alors, remarqué, la baisse progressive du niveau des émissions de la télévision nationale.

Après son excellent passage à la Ligue arabe auprès de Chédli Klibi, je l’ai retrouvé à mes côtés au Conseil Supérieur de la Communication dont il assurait le secrétariat général. C’est lui qui préparait les réunions, les dossiers, la documentation, les notes de synthèse. C’est lui qui assurait les relations extérieures avec le CSA français et les autres autorités de régulations mondiales. Un travail d’une organisation et d’une précision impeccables. Et en toute circonstance, il est resté « le bon », l’affable, celui qui calmait toute querelle et qui trouvait le juste compromis.

Après la retraite, il a conseillé différents directeurs généraux de la RTT, assurant pour eux les relations extérieures et la coordination de la COPEAM (programme méditerranéen de coopération en radio-TV).
Ces derniers mois, digne jusqu’à la fin, il ne répondait même plus au téléphone, car il ne voulait pas que ses amis le voient diminué par la maladie.
Que Dieu l’accueille en Son Infini Paradis.

Ridha Najar
Ancien directeur de la TV

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