News - 16.07.2016

Le vrai visage de Daech

Le vrai visage de Daech

Le point le plus surprenant est sans doute l’incroyable diversité des volontaires du djihad, puisqu’ils sont originaires de près de 70 pays, ce qui affaiblit les thèses faisant du terrorisme une forme de revanche sociale qui serait la conséquence de l’histoire coloniale d’un pays. D’ailleurs, lorsqu’on observe les principaux pays pourvoyeurs de combattants les Occidentaux sont faiblement représentés. Les pays qui «envoient» le plus de combattants (par million d’habitants) sont d’abord la Tunisie : 51 combattants par million d’habitants, l’Arabie saoudite  (19), le Kosovo (18), Bahreïn (17).

Les pays européens sont très loin derrière : la France (0.74), la Belgique (0.8), le Danemark (1.42).

 

Ces derniers chiffres augmentent un peu pour les pays européens lorsque la nationalité, et non la résidence, est prise en compte. Non moins intéressant, et défaisant les stéréotypes sociologisants concernant le profil des terroristes, le rapport note que les djihadistes ont un bon niveau d’éducation au regard de la moyenne nationale des pays dont ils sont originaires. 

 
Cela ne surprendra aucun de ceux qui se  sont penchés sur les autres statistiques du fait terroriste, qu’elles relèvent de l’extrême gauche, de l’extrême droite ou d’Al-Qaïda, mais mérite d’être rappelé, tant les certitudes hâtives dans ce domaine sont tenaces, mises au service des compulsions idéologiques et misérabilistes des uns et des autres. 
 
L’âge moyen des volontaires se situe autour de 26-27 ans et 61% sont célibataires. Ce chiffre ne doit pas faire oublier que 30 % sont mariés et que, parmi eux, la plupart abandonnent femmes et enfants pour partir combattre, ce qui en dit long sur la capacité d’un extrémiste à tout risquer au nom de l’idée qu’il se fait du bien. S’il est une donnée constante du fanatisme qui ne doit pas être oubliée, au-delà de la statistique, c’est que ces individus sont prêts à mourir pour leurs idées plus souvent que ne l’est le démocrate moyen. Une réalité angoissante, d’ailleurs rappelée par une citation bien connue d’Oussama ben Laden : «Nous aimons la mort plus que vous n’aimez la vie».
Tribune de Gérald Bronner
Le Point (2284 du 16 juin 2016)
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