News - 16.06.2015

Jean Daniel: Une déclaration de fidélité à la Tunisie

Jean Daniel: Une déclaration de fidélité à la Tunisie

Il devait être là, parmi les siens. Jean Daniel, fondateur du Nouvel Observateur et initiateur des Journées de Tunis qu'organise l'Obs depuis le lundi 15 juin, n'a pu venir à ce grand rendez-vous qu'il espérait de longue date. Empêché par "les caprices du corps", il a adressé le mesage suivant:

Chers amis,

Je ne suis pas hélas ici, parmi vous puisque les caprices du corps m’en ont empêché, mais je suis avec vous!

Vous comprendrez combien je me sens frustré car au Nouvel-Observateur, nous pensons à ce colloque depuis des semaines. C’était évident du fait de l’ancienneté des liens qu’il y a entre la Tunisie  et ce Nouvel Observateur que nous avons fondé il y a prés d’un demi siècle.

Mais cette fois, nous étions stimulés par le désir de souligner et de célébrer de manière exigeante la politique de la nouvelle Tunisie.

Il s’agit de chercher la voie qui rend enfin possible  la réalisation de l’un des plus grands rêves populaires: celui de la démocratie.

Cela relève de la gageure mais c’est l’un des plus sérieux problèmes que pose la modernité aux hommes qui se veulent libres.

Depuis les convulsions de l’anarchie libyenne et les fantasmes d’une religion radicale, la Tunisie est traquée par tous les problèmes d’un monde nouveau où la violence compromet et souille les plus belles ambitions de la liberté de conscience c’est à dire la révolution.

Pour moi, la révolution a eu lieu lorsque j’ai lu le début de votre nouvelle Constitution. Des spécialistes de la démocratie et des experts de l’islamologie vont nous éclairer dans des débats qui promettent d’être passionnants. Faute d’y participer je les lirai avec une attention, disons religieuse! 

Je ne cesse pas de vous accompagner dans cette recherche qui contient d’ailleurs une réflexion sur l’universel et sur ce que le professeur Pierre Rosenvalon appelle «l’élargissement de la vie démocratique» depuis qu’on découvre qu’elle a d’autres registres que celui de l’élection et que les citoyens ne se contentent plus d’être de simples électeurs.

C’est d’ailleurs dans cet esprit que je m’adresse pour finir à votre Président dont je connais la culture et qui, de plus, dans les pires moments ne m’a jamais déçu. Le Président Caïd Essebsi m’inspire confiance depuis que que je l’ai vu contenir les débordements de notre grand homme c’est à dire le despote éclairé Habib Bourguiba.…

Et je trouve au surplus que la façon dont il a triomphé de tous les obstacles et les pièges depuis le début des affrontements avec les extrémistes est absolument remarquable d’habileté, de compétence et d’humour. 

En votre nom je lui fais une promesse celle de faire pression sur nos opinions publiques occidentales pour que les gouvernements Français et Américain notamment, lui procurent cette aide économique sans laquelle la Tunisie peut s’effondrer. Or jusqu'à maintenant le Président n’a trouvé à Paris que l’expression de grands sentiments et à Washington l’emphase des professions de foi.

 

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