News - 16.06.2015

Massimo D'Alema : La solution pour la Libye n’est pas entre Tripoli et Tobrouk

Massimo Dalima : La solution pour la Libye n’est pas entre Tripoli et Tobrouk

« La situation en Libye est dramatique », avait mis en garde, jeudi dernier à l'ITES, le président Caïd Essebsi avant d’ajouter que « toute tentative de partition de ce pays sera catastrophique d'abord pour la Libye elle-même, puis pour ses deux voisins immédiats, la Tunisie et l’Italie » avant de préciser : « différentes parties y interfèrent, chacune avec son propre agenda ». L’ancien chef du gouvernement italien, Massimo D'Alema, acquiesce. Interrogé par Leaders à la faveur de sa participation aux Journées de l’Obs, ce mardi à Tunis, il a livré une analyse instructive sur les fausses pistes et les vraies solutions.

Alors que l’envoyé spécial de l’ONU, Bernardino León multiplie les rounds de discussion entre les représentants du conseil national de transition et le gouvernement de Tobrouk, tout semble se jouer ailleurs. « C’est un conflit régional, souligne D'Alema, qui met en confrontation divers pays comme la Turquie, l’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, le Qatar et autres. A la table de négociation, il ne faut pas s’asseoir uniquement avec les représentants de Tripoli et Tobrouk, mais élargir la concertation à ceux des tribus significatives, de la société civile et surtout les présidents des municipalités ».

 
« Même s’ils appartiennent à des sensibilités différentes, les maires de Tripoli, Misrata, Ben Ghazi, Ezzaouia et autres, se rencontrent, s’appellent au téléphone et se concertent. Elus, ils sont représentatifs de leurs villes et exercent cette légitimité. Ils peuvent être d’une grande contribution pour faciliter l’aboutissement d’une solution partagée ».
 
L’ancien chef du gouvernement italien (1988 - 2000) peste contre l’attitude des grandes puissances qui, impatients de se débarrasser du dictateur Kadhafi, avaient autorisé le bombardement de la Libye sans guère se préoccuper de la reconstruction du pays et de la restauration de l’Etat. « Ce qu’a fait Berlusconi est inacceptable», tonne-t-il. Laisser la Libye se débattre aujourd’hui dans ces conflits inextricables, est très dangereux. Quand on donne le pouvoir à l’armée pour destituer une dictature, il faut aller jusqu’au bout. C’est le pays qu’il faut sauver ».
 
Massimo D'Alema préfère limiter ses propos à ce constat doublé d’indignation et d’appel à une sortie de crise acceptable. Il ne veut pas aller plus loin dans sa déclaration à Leaders. Il se contentera de conclure:  Les différents acteurs sont fatigués. Lassés par tant d’épreuves et hantés par de sombres perspectives, ils sont aujourd’hui plus favorables à des bonnes propositions». Lesquelles ? No comment !

Les présidents des municipalités peuvent jouer un rôle déterminant

Mais des observateurs qui suivent de près le « dialogue inter-libyen » nous fournissent d’autres éléments intéressants. L’une des principales questions qui bloquent le processus de réconciliation est celle du leadership. Qui conduira le nouveau gouvernement et quelle structure de cabinet mettre en place ? Certaines grandes puissances qui s’expriment à travers l’ONU et son envoyé spécial Bernardino León, pencheraient vers l’ancien premier ministre de Kadhafi, Abderrahamen Chalgham. En poste à New York, en tant qu’ambassadeur représentant permanent auprès de l’ONU, il avait dénoncé Kadhafi, pris ses distances de l’ancien régime et présenté ses excuses au peuple libyen. Si son ralliement au CNT a été apprécié à l’international et par certaines parties, il est loin cependant de faire l’unanimité dans son propre pays.
 
D’autres noms circulent avec insistance, avancés par telle ou telle partie, tel ou tel pays. Ils demeurent tous contestés. L’élargissement de la concertation, au-delà de Tripoli et Tobrouk et l’implication des maires pourraient ouvrir d’autres voies pour esquisser les éléments de la concorde, nécessaire à la formation du nouveau gouvernement, estiment nombre d’analystes interrogés par Leaders. En route pour l'Italie, il y a quelques semaines, une quinzaine de maires de grandes villes libyennes avaient transité par la Tunisie où ils avaient rencontré nombre de hauts dirigeants et chefs de parti. Cheikh Rached Ghannouchi, notamment les avaient longuement reçus. En Italie, ils se sont entretenus avec Massimo D'Alema et d'autres dirigeants, apprend Leaders.
 
 
 
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