News - 24.11.2014

Les prévisions de Mourou vont-elles se réaliser ?

orsque, au lendemain des élections législatives, cheikh Mourou avait prédit des élections anticipées dans 18 mois, personne n’y avait  prêté  attention, pensant sans doute  qu’il s’agissait de l’une de ces facéties auxquelles le cheikh  nous avait habitués. Pourtant, cette hypothèse n’est pas aussi invraisemblable qu’on ne le pensait.Quand le Dialogue national avait  annoncé il y a quelques semaines, après avoir consulté les meilleurs constitutionnalistes du pays, que le chef de gouvernement sera nommé  par le président de la République élu et non par le président provisoire, on avait pensé que cette décision allait mettre un terme à une polémique qui commençait à prendre de l’ampleur. Tout le monde avait alors poussé un ouf de soulagement d’autant plus que Moncef Marzouki n’avait pas réagi. C’était mal le connaître.

A la veille des élections présidentielles, et sans attendre l’annonce des résultats définitifs des élections législatives, il envoie une lettre au président du parti majoritaire  l’enjoignant de lui communiquer le nom du Chef de gouvernement qu’il doit nommer dans un délai d’une semaine comme le veut la constitution. Le choix du timing n’était pas innocent. Alors que toute la classe politique était focalisée sur la présidentielle, une telle lettre ne pouvait que déstabiliser son adversaire, Caïd Essebsi. C’est peut-être le début d’une affaire qui va empoisonner la vie politique d’autant plus que l'article en question autorise toutes les hypothèses. Si Nidaa Tounès n'obtempère pas, il pourrait nommer lui même un chef de gouvernement ouvrant la voie à une crise politique qui pourrait servir de prétexte à la dissolution de l'assemblée,peut-être bien avant les dix huit mois dont parlait Mourou.

Le Dialogue national a confirmé lundi sa position. Mais il y a fort à parier que le locataire de Carthage va s'employer à en faire un abcès de fixation dans les semaines à venir pour discréditer Nidaa Tounès. L'occasion est trop belle pour démontrer le peu de cas que ce parti fait de la constitution. Déjà, «l'affaire» est largement débattue sur les plateaux de télévision. On peut faire confiance aux soutiens du président provisoire : elle finira par occulter les élections elles-mêmes à moins que le président provisoire ne revienne sur sa position.

Lire aussi

Le Dialogue national confirme : le prochain chef de gouvernement sera désigné par le président élu

Marzouki est-il habilité à désigner le nouveau Chef de gouvernement ?