News - 27.01.2014

La constitution et après !

La constitution est enfin prête et votée article par article, avec un retard, de quelques jours, de quelques mois, de quelques années, mais elle enfin prête. Une constitution qui n’est ni parfaite, ni la meilleure au monde, ni sans failles, ni tout à fait satisfaisante pour les progressistes et encore moins pour les conservateurs. Nous avons eu, à l’image des caractéristiques de notre nation, de notre peuple et de notre histoire, une constitution participative, à la fois ouverte et enracinée dans une culture forgée par toute une histoire trois fois millénaire. Dans quelques heures ou quelques jours, le nouveau gouvernement prendra place, l’ISIE entamera aussi sa mission, et une nouvelle machine sera donc en marche. En ces moments, les Tunisiens semblent, partagés entre les soulagés, les enthousiastes, les blasés, les réalistes, les optimistes, les furieux et les pessimistes. Sauf que c’est justement en ces moments que tous les Tunisiens, quelle que soit leur attitude envers la constitution et le dailogue national,  devraient se poser la question que l’artiste Français Gilbert Bécaud s’est posé en chantant «ET MAINTENANT, QUE VAIS-JE FAIRE?».

Avec tout le patriotisme, l’intelligence, le dynamisme et la détermination, purement tunisiens, nous devons tous NOUS ENGAGER pour notre futur, le futur de la Patrie et celui des prochaines générations.

A voir et à lire le mot «s’engager» une grande majorité de personnes s'empresse généralement de répondre «je ne veux pas faire de la politique» ou «je ne suis pas apte à faire de la politique». Ce que l’on ignore ou  oublie, c'est que le terme «s’engager» n’implique pas nécessairement une connotation politique. Une démocratie naissante et qui se veut forte et durable a besoin, pour réussir, de voir les différentes énergies se déployer, aussi bien dans les domaines politiques qu’associatifs, voir même dans les domaines professionnels personnels.

En effet, chacun pourrait s’engager, selon ses capacités, ses compétences, ses moyens et surtout, ses convictions et tendances. S’engager pourrait justement avoir plusieurs synonymes, cela ne signifie pas uniquement adhérer à un parti afin de mieux défendre et déployer les principes de la démocratie. S’engager c’est aussi adhérer à une association pour soutenir ses missions ou mieux encore pour y être actif. Ainsi, si beaucoup de Tunisiens refusent de s’engager politiquement, il faudrait les voir au moins, ou en complément, s’engager dans des activités associatives. Pour cela, et selon le choix et la conviction personnels, les cadres ne manquent pas, partant des associations de citoyenneté, de droits et libertés et de développement régional, et allant jusqu’à celles  sur les domaines humanitaires, d’éducation, de l’enfance, de la culture, … etc. Ajoutés à cela, et au sein même du tissu associatif comme ailleurs, les groupes de réflexion et de recherches de solutions ne cessent de se multiplier. Applaudir, suivre, critiquer, et rester vigilant sur les travaux, attitudes et comportements des autres personnes engagées en politique ou en société civile est un signe de conscience des problèmes par lesquels passe le pays, mais proposer, agir, activer, prendre l’initiative et chercher les alternatives et solutions, c'est mieux , surtout lorsque nos efforts sont déployés dans un cadre qui pourrait transformer les idées et les efforts en actions ou en décisions. Vouloir et défendre la démocratie est un droit et une aspiration légitime, mais n’oublions pas que le chemin ne fait que commencer et que si l’on veut  atteindre l’objectif des élections démocratiques et transparentes, il est de notre devoir, en tant que démocrates, de participer au processus. Pour cela, nous savons tous qu’il va falloir répondre à des appels à engagement bénévole de la part de l’ISIE et des instances qui lui seront rattachées.

Nul ne doute du patriotisme de personne, mais pour que les idées, les volontés et les bonnes initiatives voient le jour et soient utiles pour le pays, il faudrait les déployer dans des cadres et organismes convenables et susceptibles de transformer ces bonnes intensions en valeurs ajoutées !!! Les prétextes invoqués pour défendre un refus d’engagement sont généralement les mêmes: Le manque de temps, les contraintes familiales et sociales ou encore les contraintes professionnelles. Il y a lieu donc de clarifier une confusion : Être adhérent ou sympathisant d’une association n’oblige pas à s’y impliquer en plein temps. Il suffit de comprendre que toute énergie supplémentaire, même minime, sous forme d’idées, de présence réelle ou virtuelle, d’aide financière ou morale, d’activité à distance ou sur le terrain, ne peut qu’entraîner un plus, un petit coup de pouce pour l’efficacité et l’amélioration des objectifs de l’association, qui ne visent qu’à servir la patrie. 

 Ce qui doit être saisi par tous, c’est que le manque de temps et les autres contraintes, sont valables pour tout le monde !! A ce stade, le raisonnement est simple : ce qui entrave chacun de nous peut être surmonté si l’on comprend et accepte l’idée suivante: «Je donne ce que je peux donner et je sais que, une fois bien agrégés, cadrés et gérés, ces petits efforts, ces petites aides, activités, idées, additionnés à ceux des autres, donneraient un résultat considérable et remarquable ». En effet, il suffit de ne pas chercher à « se valoriser soi-même aux yeux des autres et de la société», mais plutôt à «offrir de soi-même, tout comme les autres, pour former ENSEMBLE une valeur ajoutée générale». 

Il est certain que la volonté, même inconsciente ou timide, de s’engager pour le pays, ne manque pas du tout. Il existe simplement "un obstacle", un lourd héritage culturel qu’il faudrait s’entraider pour surmonter: il s'agit de cette culture d'individualisme et du manque de bénévolat. On ne peut pas nier que, depuis la révolution du 14 janvier 2011, les indicateurs d’une métamorphose culturelle sont de plus en plus remarquables: On le voit  à travers la multiplication des organismes de la société civile et du nombre de plus en plus accru de Tunisiens qui y adhèrent et s'y activent. On le voit aussi à travers les résultats, quoique insuffisants jusque là, de toutes les actions planifiées et menées par les citoyens actifs, lesquels résultats sont remarqués, aussi bien dans les domaines économique et social, que dans le processus de la transition démocratique. A présent il faut que nous nous imprégnions tous et encore plus de cette nouvelle culture de civisme et d’engagement citoyen pour l’intérêt général. Il faut que nous cherchions chacun au fond de soi, ce que l’on aimerait et pourrait faire pour soi, ok, pour l’épanouissement et selon la conviction, ok, mais veillons à ce que tout ceci soit bien orienté et cadré afin de servir toute la communauté.

Enfin, n’oublions pas que  s’engager pourrait signifier aussi, tout simplement TRAVAILLER ET ACCOMPLIR SES DEVOIRS PROFESSIONNELS CONSCIENCIEUSEMENT envers une économie et une société en souffrance. Ce genre de comportement relève aussi de la culture et de la conscience citoyenne. La Tunisie passe, certes, par l’une des crises économiques et sociales les plus graves de son Histoire, mais il est certain que, pour surmonter cette passe difficile, il est de notre devoir à tous, de déployer le maximum de nos énergies et de nous investir mieux et encore, chacun à son niveau et à sa manière. Il est impératif que nous soyons tous conscients des enjeux de la période à venir, rien n’est encore joué, rien n’est encore acquis, rien n’est encore perdu, et rien n’est encore moins rassurant. «It’s now or never», soyons conscients et ne ratons pas notre rendez-vous historique avec la démocratie et le développement durable.

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