Opinions - 10.06.2014

Sauver l'exception tunisienne: recommandations internationales

À la suite de son rapport Moyen-Orient/Afrique du Nord n° 148 daté du 28 novembre 2013  intitulé: «La Tunisie des frontières: jihad et contrebande», L’International Crisis Group vient de publier le 5 juin dernier un briefing titré: L’exception tunisienne: succès et limites du consensus, où il présente la voie de sortie qu’il propose de la crise que continue de vivre la Tunisie depuis la paralysie d’une grande partie de l’année 2013. Il y souligne les mesures à adopter afin de sauvegarder les chances d’unconsensus pouvant être durable bien que demeurant fragile.

Rappelant l’issue inattendue de janvier, après les moments forts de la tension estivale, d’une option judicieuse pour un gouvernement intérimaire de technocrates, on estime que de tels acquis sont en train d’être dilapidés.
Aussi pense-t-on à la nécessité pour les partis de s’assurer, nonobstant l’issue des élections projetées, de continuer à privilégier le consensus nationalcomme base dela politique dans le pays au-delà des clivages partisans. On estime, en effet, que l’environnement régional caractérisé par la polarisation et la violence en Egypte et en Libye impose un tel coonsesnus pour préserver les chances de la transition tunisienne.

Toutefois, on n’estime pas nécessairement certaine «une coalition équilibrée entre islamistes et sécularistes» ainsi que le pense Michaël Ayari, analyste principal pour la Tunisie. «Les partis, assure-t-il, devraient envisager les scénarios les plus inattendus, s’entendre sur des règles minimales de gouvernance, limiter le pouvoir des gagnants et garantir la sérénité des perdant».

De son côté, Issandr El Amrani, directeur du projet Afrique du Nord affirme que «les principales forces politiques devraient conserver l’esprit de compromis de la dernière sortie de crise. Un tel compromis doit aller au-delà des plans de partage de pouvoirs entre les principaux camps politiques. Tous les partis doivent montrer qu’ils sont engagés dans la poursuite de l’intérêt général, même en pleine compétition politique».

En somme, les analystes du Crisis Group rejoignent mon idée de démocratie compétensuelle où compétences indépendates et consensus priment toutes autres considérations.

Voici, au demeurant, les principales  recommandations  dudit briefing :

  • La Tunisie a surmonté la précédente crise grâce, notamment, à la forte implication de la société civile, à l’engagement international et à la crainte que le pays pouvait sombrer dans la polarisation extrême à l’image de l’Egypte. Cependant, la compétition électorale et les différends non résolus, particulièrement quant à la neutralité de l’administration publique, pourraient ressusciter la crise.
  • Le consensus politique actuel repose sur un accord de partage de pouvoir entre les deux principaux partis politiques, l’islamiste An-Nahda et son adversaire séculariste Nida Tounes. Or, les prochaines élections pourraient produire la majorité suffisante pour que l’un exclue l’autre, et le perdant pourrait être tenté de remettre en cause la validité des scrutins. Les partis devraient donc s’entendre au préalable sur un minimum de garanties évitant une hégémonie absolue de l’un ou l’autre camp et sur les priorités du prochain gouvernement, notamment sa politique économique et sécuritaire.
  • Le gouvernement intérimaire, avec le soutien de ses partenaires internationaux, devrait s’assurer que la commission électorale (ISIE2 – Instance supérieure indépendante pour les élections) dispose des moyens logistiques et financiers nécessaires afin d’être perçue comme neutre, de lancer des campagnes de mobilisation civique et d’organiser les scrutins dans les meilleures conditions.

Le Briefing

http://www.crisisgroup.org/~/media/Files/Middle%20East%20North%20Africa/North%20Africa/Tunisia/b037-l-exception-tunisienne-succes-et-limites-du-consensus.pdf

Pour rappel, le dernier rapport du groupe

http://www.crisisgroup.org/~/media/Files/Middle%20East%20North%20Africa/North%20Africa/Tunisia/148-la-tunisie-des-frontieres-jihad-et-contrebande.pdf

F.O

Tags : Ennahdha   isie   Nida Tounes   Tunisie  
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4 Commentaires
Les Commentaires
T:B. - 10-06-2014 23:35

Entreprise ardue. une démocratie competensuelle ou une démocratie á visage humain, au choix. Moi je pense qu´il est extrêment difficile d´amener les grands á limiter leur influence et aux faibles d´être assurés; surtout que les faibles sont plusieurs en Tunisie, et ils aspirent á jouer un role non moins grand que celui des grands. En principe la démocratie est crée pour empêcher les duels et la guerre civile, mais si on arrive á faire de la société civile le fer de lance de ce but, á savoir avertir et convaincre les partis de chercher le consensus,la société civile si on lui donne les moyens materielles et morales pourrait conduire au consensus. Mais les partis imposeraient quand meme des concessions pour protéger leur image. Il ya eu l´expérience des grandes coalitions mais le probleme c´est qu´il ya plusieurs petits partis en Tunisie.

Jean Pierre Ryf - 11-06-2014 08:11

C'est pour moi une analyse absolument absurde car ce consensus mou ne réglera rien et chacune des parties (les islamistes et les progressistes) tireront chacun de leur côté et le pays n'avancera pas. Il y a, en Tunisie, comme dans d'autres pays arabes une question fondamentale a régler c'est la place de la religion en politique. Ou on accepte de continuer a voir la religion instrumentalisée et cela ne peut que conduire aux pires excès ou on stoppe cette dérive meurtrière une bonne fois pour toute. Voilà la question qui ne peut être tranchée par un consensus mou et qui pourrira le futur du pays.Comment voulez vous qu'un pays aille vraiment de l'avant tiraillé entre deux conceptions diamétralement opposée de son futur?

F.Othman - 11-06-2014 12:26

@ Jean Pierre Ryf Effectivement, la place de la religion en politique est centrale, il nous faut un Nouvel Esprit Islamique (NEI); c’est à quoi j’appelle et je travaille. Reportez-vous, je vous prie, à mes articles en l'objet, ici et ailleurs. Sinon, le consensus dont je parle est tout sauf mou, car il ne repose pas sur le système partisan; c’est le sens de la Compétensuelle, inévitable en politique compréhensive ou "poléthique".

el khlifi mokhtar - 11-06-2014 17:45

Il y a vraiment le problème de la multiplicité des partis alors qu'il n'y a véritablement pas de grandes différences entre eux au point de vue idéologie.L'idéal serait qu'il n'y ait en Tunisie que deux ou trois grands partis.Un parti regrouperait les partis à idéologie islamique avec leurs variantes ,un parti qui se fonderait sur le développement intégral en faveur de toutes les couches de la population et qui ne reposerait pas sur une idéologie religieuse.Le seul problème à dépasser est celui des égos. Chaque parti croit dur comme fer qu'il a des chances d'émerger et d’accéder au Pouvoir.Ce sont les élections transparentes et le mode de scrutin à adopter qui permettraient de faire la décantation.La réduction du nombre des partis n'est donc pas pour demain.

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