Blogs - 10.01.2012

Où va notre diplomatie ?

Programmée pour le 14 janvier dans le cadre des festivités marquant le 1er anniversaire de la révolution, la visite du président palestinien, Mahmoud Abbas n’aura pas lieu. Le responsable palestinien a invoqué d'autres engagements pour justifier cette annulation. Mais il ne faut pas être grand clerc pour comprendre qu’elle est la conséquence logique de la visite du leader du Hamas dans notre pays et du camouflet infligé à l'ambassadeur de Palestine qu'on n’avait même pas pris la peine d’informer de cette visite, ce qui est contraire aux usages diplomatiques les plus élémentaires. Il faut dire que cet impair n’est pas un acte isolé. Il survient après une série de déclarations pour le moins malencontreuses à propos de l’Algérie, de la France et de la Syrie, des initiatives malheureuses qui tournent le dos à un principe de base de notre diplomatie : la non ingérence dans les affaires intérieures des autres pays ; les appels saugrenus  à une fusion avec la Libye et à la création d'une union des peuples arabes libres et des faits comme la réunion du Conseil syrien ou la probable ouverture d'un bureau de Hamas à Tunis, sans oublier cette scène surréaliste d’un ministre tunisien conversant avec son homologue français à travers un interprète qui est à elle seule symbolique des changemements intervenus. C'est la nouvelle diplomatie tunisienne qui se met en place. Elle se veut différente de l'ancienne, avec de nouvelles priorités, de nouvelles alliances, une nouvelle philosophie. Malheureusement, ce recentrage s'est fait dans la précipitation et sans concertation préalable avec les parties concernées. La tentation de la déconstruction est certes très forte, mais sachons raison garder. On ne doit, surtout pas, tourner le dos à nos partenaires traditionnels.

 Depuis la proclamation de l’indépendance en 1956, la diplomatie tunisienne s’est distinguée par sa modération et son sens de la mesure. Un choix conforme au tempérament du Tunisien, plus porté au dialogue  qu’aux positions tranchées et à la vocation du pays appelé de par sa position  géographique à jouer un rôle catalyseur d’entente et de coopération entre les peuples. Servie par des hommes remarquables  comme Mongi Slim, qui avait porté haut et fort la voix des pays colonisés à l’ONU, la diplomatie tunisienne du temps de Bourguiba  avait rayonné sur l’ensemble de la région. 

Sait-on que le comité de décolonisation de l’ONU qui a joué un rôle de premier plan dans l’affranchissement des pays africains a été créé à l’initiative de la Tunisie qui y avait joué un rôle déterminant, que Mongi Slim a été le premier africain à avoir présidé l’Assemblée générale des Nations Unies, que notre pays a parrainé en 1961, en tant que membre du Conseil de sécurité l’entrée à l’ONU de la plupart des pays africains ayant acquis leur indépendance en 1960 ? En tout cas, ceux qui n'ont pas connu cette période trouveront dans la façon dont la Tunisie a géré la crise libyenne un exemple de ce qu'était la diplomatie tunisienne : discrète, habile, intelligente et au final, terriblement efficace. Dans le cas d'espèce, le maître d'oeuvre a été un pur produit de l'école bourguibienne, Béji Caïd Essebsi. Méditez et comparez...Le contraste avec les gesticulations d'aujourd'hui est saisissant.

Après la période de déclin pendant les années Ben Ali, on était en droit de s'attendre à ce que la révolution tunisienne  permette de renouer avec l'âge d'or de notre diplomatie.  Malheureusement, le spectacle auquel on assiste aujourd’hui autorise tous les désespoirs avec ces déclarations tonitruantes et ces actes irréfléchis. Car, enfin, tout cela fait désordre et donne une impression d'amateurisme. Le plus grave, c'est la propension de certains dirigeants à jouer les Don Quichotte en se posant en donneurs de leçons et dans des termes parfois blessants. Ce qui risque de nous aliéner un certain nombre d'Etats amis surtout dans cette partie du monde où le nationalisme ombrageux s'accommode mal de la moindre critique. Sachons rester modestes. La Tunisie n'est pas le Cuba des années 60. 

Hèdi Bèhi

 

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4 Commentaires
Les Commentaires
Rezgui Brahim - 11-01-2012 07:59

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Ennouri Benyoussef - 11-01-2012 20:48

Il serait temps que l'on fixe la date des elections legislatives , et que la Constituante se mette au travail !

chriteuf68 - 12-01-2012 14:28

Il est vrais que les commentaires du 1er des tunisiens envers la France, son pays d'accueil pendant les années noires du Ben Alisme, n'ont pas été accueillis en hauts lieux avec de très larges sourires, loin s'en faut. Il est des maladresses que l'on peut pardonner, personne n'est infaillible, même les meilleurs. Si de tels commentaires venaient à se reproduire, il faudrait en tirer les conséquences, ce que personne ne souhaite, j’en suis certain. L’expérience et le savoir se fabriquent et mûrissent par le travail. Avoir voulu récompenser des militants, même méritants, par le vote, n’est pas sans conséquence nationale et internationale, il faut le savoir. Un pays ne se dirige pas avec des amateurs sans grande compétence.

Bousnina Mohamed - 13-01-2012 10:05

Et que dire du ministre de l'intérieur qui manifestait avec les partisans de son parti politique devant son propre ministère, pire encore il est allé jusqu'à utiliser un porte voie pour provoquer ses propres collaborateurs ???? Avait il besoin de tant de gesticulations pour faire ce qu'il juge urgent à faire. Tout ça prouve une seule chose: c'est que nos gouvernants actuels ne sont en aucun cas des HOMMES D'ETAT mais simplement des HOMMES DE PROPAGANDES. Il y a vraiment de quoi s'inquiéter...........

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