Opinions - 17.04.2014

Les priorités du dialogue national au vu de la nouvelle donne politique

Le dialogue national reprend, et il était temps! Comme il a su sortir le pays de la grave crise qu’il avait connue, il est appelé à lui éviter celle qui se profile s’il laisse les choses aller comme on semble s’y résoudre.

Voici une adresse aux parrains du dialogue national sur les priorités qui doivent être celles du dialogue national dans l’intérêt bien compris de notre jeune démocratie que les intérêts partisans sont susceptibles d’étouffer avant même sa naissance. Or il ne fait plus de doutes désormais que cet intérêt est lié à la présence à la tête du gouvernement de l'équipe actuelle, les partenaires occidentaux n'ayant ouvert les cordons de leurs bourses qu'avec la garantie d'une telle stabilité.  

Une adresse au Quartette

Madame et Messieurs,

Vous êtes aujourd’hui la seule légitimité qui compte en Tunisie, une légitimité consensuelle. En effet, sauf à faire de l’immoralité une règle en politique qui a plus que jamais besoin d’éthique, la légitimité électorale est aujourd’hui épuisée en Tunisie.

Vous avez réussi à sortir le pays de l’impasse où il s’était retrouvé et que les institutions mises en place au sortir de la dictature n’avaient su ni éviter ni résoudre.

Vous avez su doter le pays d’un gouvernement apolitique à la place d’un autre qui était partisan et qui a fait trop de mal au pays. Or, la coalition dont était issu l’ancien gouvernement est toujours au pouvoir et votre devoir et de l’inviter à le quitter pour être remplacée par des compétences apolitiques à la tête de l’Assemblée nationale et de la présidence de la République.

Car l’intérêt du pays commande aujourd’hui que le gouvernement apolitique travaille en étroite concertation avec d’autres compétences apolitiques à la tête de l’État. Pour ce qui est de l’Assemblée nationale, sa compétence doit se limiter à apporter d’urgence les réformes nécessaires à l’arsenal juridique actuel qui est en contradiction avec les droits et libertés consacrés par la constitution.

Par ailleurs, les élections nationales projetées ne serviront qu’à renouveler la légitimité des grands partis qui ont taillé à leur mesure le scrutin électoral.

La démocratie dont tout Tunisien rêve ne sortira pas des urnes au vu du système électoral retenu; elles reproduiront le même scénario, à peu de chose près, que celui de l’élection précédente. Une coalition en sortira qui cherchera à rétablir le prestige et l’autorité de l’État aux dépens des droits et des libertés des citoyens reconnus par la nouvelle constitution, mais pas encore effectifs, le système juridique en vigueur étant toujours celui de la dictature.

Le service de la patrie ou des partis

Aujourd'hui, vous avez le devoir national de décider dans l’intérêt du pays la substitution d’élections municipales et régionales aux élections législatives et présidentielles tout en chargeant un groupe d’experts de remplacer le scrutin de liste retenu par un scrutin uninominal rationalisé supposant un contrat de mission s’imposant à l’élu.

Ainsi, laTunisie revivra-t-elle,le peuple choisissant ses élus locaux et régionaux et renouant avec une politique dont l'esprit et la pratique ont été malmenés par ses actuels protagonistes. Dans le même temps, le gouvernement de compétences travaillera, de concert avec des présidences neutres au Bardo et à Carthage, à faire retrouver le pays sa santé économique et sociale.

Ce ne sera qu’après, une fois que le pays aura retrouvé la santé qu’on pourra organiser des élections nationales; mais pas avant. C’est ce que commande l’intérêt du pays pour tout observateur objectif et lucide, dégagé du moindre intérêt partisan. Et vous êtes comptables d'un tel intérêt, Madame et Messieurs du quartette. À vous de démontrer que vous êtes bien au service de la patrie et non des partis!

Et qu'on ne vous parle pas de légalité formelle, car dans la hiérarchie des normes postmodernes, il est une norme absolue dont on ne peut plus faire l'économie : une conscience nouvelle. Elle puise sa légalité informelle dans une légitimité organique, enracinée au plus profond de l'esprit de la révolution. Vous êtes en mesure d'incarner cette noblesse de la politique qui ne fait plus fi de l'éthique!

Farhat Othman

Tags : Dialogue National   Tunisie  
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