Opinions - 04.10.2011

Le scrutin du 23 octobre vu par Elyes Jouini

Qu’attendez-vous des élections du 23 octobre 2011 ?

De ces élections, j’attends avant tout l’expression d’une dynamique populaire : que le peuple tunisien s’exprime pour la première fois de son histoire pour dire ses choix et pour mettre en place l’instance dont la mission est de dessiner, pour notre pays, une nouvelle république.

Cette tâche est une tâche historique et son impact se prolongera bien au-delà de l’impact individuel de ceux qui participeront à cette Constituante. Les constituants vont inscrire leurs choix dans la durée, et le temps dans lequel ils vont devoir s’inscrire doit être distinct du temps court des affaires courantes, des contingences et de l’immédiateté.

Ces élections vont dresser pour la première fois la physionomie du paysage politique tunisien, la cartographie des idées et des aspirations. Cette cartographie sera, on le sait d’avance, imparfaite et comment pourrait-il en être autrement lorsque l’on est face à près de 1600 listes et plus de 100 partis ? Imparfaite peut-être mais légitime, légitime pour mener à bien la mission que lui aura donné le peuple.

J’attends donc du 23 octobre à la fois la naissance d’une instance en mesure de jeter les bases de notre vivre-ensemble et à la fois l’émergence d’un gouvernement ayant légitimité et coudées franches pour aborder les urgences du moment. Emploi, solidarité, développement, constituent autant de questions urgentes qu’il nous faut affronter pour pouvoir répondre en profondeur aux maux à l’origine de notre révolution. Il faudra pour cela être en mesure de tenir un discours de vérité, le discours de l’effort, le discours de la mobilisation des énergies, loin des promesses populistes et de la démagogie, loin de la vanité des débats idéologiques.

Là est toute la difficulté de l’exercice et ne nous leurrons pas, le 23 octobre sera un début et non un achèvement. La mise en place d’un gouvernement recueillant l’assentiment de la Constituante ne sera pas chose facile. Il y faudra probablement des semaines de consultations, voire des mois. Quelle que soit la durée nécessaire à sa mise en place, espérons qu’il ne s’alignera pas sur le plus petit dénominateur commun des forces présentes à la Constituante mais qu’il mobilisera au contraire la somme des énergies présentes dans le pays.

Quel serait, d’après vous, l’indice de leur réussite ?

La première condition de réussite est celle de la réussite formelle. Les élections devront se dérouler dans un cadre serein, sans troubles et sans problèmes d’insécurité. Il faut que les électeurs puissent avoir accès aux bureaux de vote sans subir de pressions de quelque sorte qu’elles soient. Il faut que les résultats soient arrêtés de manière transparente et que la contestation de ces résultats reste dans les limites raisonnables de ce qui peut être observé dans de nombreux pays déjà bien avancés sur la voie de la démocratie.

Mais bien que ces éléments soient des conditions nécessaires à la démocratie, ils n’en sont que l’écume. La réussite de ces élections se mesurera au lendemain du 23 octobre par la capacité des élus à se mettre autour d’une table, ou plutôt d’un hémicycle, pour travailler ensemble, pour trouver ensemble un modus vivendi et arrêter rapidement un règlement intérieur pour l’Assemblée constituante organisant les tâches et répartissant les pouvoirs. Il faudra probablement que des coalitions se mettent en place. De leur solidité dépendra la stabilité du régime constituant et cette stabilité dépendra elle-même des bases de cette coalition : convergence objective ou calculs politiques et alliances de circonstance.

N’oublions pas enfin que la démocratie, c’est organiser l’expression et le choix populaires. Cela nécessite notamment que le peuple soit correctement informé aussi bien des différentes options disponibles que des positions des différents acteurs et partis qui lui proposent d’être ses porte-parole. C’est le rôle de la campagne électorale que de permettre cette diffusion large de l’information ainsi que la confrontation entre acteurs pour que chacun soit poussé dans ses retranchements et amené à révéler le fond de son projet. A l’annonce des résultats, il sera aisé pour chacun de savoir si le débat a été assez constructif pour cantonner populisme et extrémisme à leur vraie place, dans les marges.

Lire aussi :

Le scrutin du 23 octobre vu par l’ambassadeur des Etats Unis à Tunis

 Le scrutin du 23 octobre vu par l'ambassadeur d’Allemagne à Tunis

 Le scrutin du 23 octobre vu par l’ Ambassadeur de Canada à Tunis

Le scrutin du 23 octobre vu par l’ambassadeur de l’Inde à Tunis

Le scrutin du 23 octobre vu par l’ambassadeur de l’Italie à Tunis

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Lire aussi : Le scrutin du 23 octobre vu par Salem Bourmeche (Chef d’entreprise à New york)


 

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1 Commentaire
Les Commentaires
khefab - 04-10-2011 21:36

BRAVO :C'EST BIEN DIT!

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