Opinions - 17.05.2013

La théorie du chaos organisé

Si le hasard est une cause accidentelle provoquant un évènement imprévu, ayant toute l’apparence de la fatalité, la nécessité a aussi un caractère irrépressible.Nécessité fait loi,  pas le hasard, il en est incapable.
L’examen des derniers évènements tragiques en Tunisie montre qu’ils sont autant étrangers à leur résurgence aléatoire qu’au déterminismede l’histoire en cours. Ne parlons pas des histoires que nous racontent les bonimenteurs, diseurs de bonne aventure,  Story- Tellers cathodiques bien nourris aux dollars de la religion cathodique d’Al Jazira.

Faisons un état des lieux : 

Dans un semblant de désordre  les   phénomènes poussent à pressentir des liens de causes à effets :

  • Assassinats politiques
  • Mines anti personnelles écalant au Châmbi,  les terroristes sont partis sans qu’on puisse n’en arrêter aucun,  ils semblent avoir été mis au courant.
  • Tirs nourris sur une caserne au Kef. Aucune arrestation.
  • Appels à attaquer les commissariats à Hay el Khadhra.
  • Meurtre d’un policier, égorgé.
  • Arrivée opportune,  en garde pompe du Cheikh Qaradhawi en pleine opérations au Châmbi.
  • Curieuses  « coïncidences »   entre des actes criminels  que le discours officiel ne cesse de qualifier de phénomènes isolés et le contexte bouillonnant :
  • Finalisation du bien nommé brouillon de la constitution
  • Enlisement de l’économie dans un marasme récessif
  • Crise  politique et  sociale
  • Débuts hésitantsd’unecoalitionpolitiqueprogressiste
  • Agitation et démonstration de force des salafistes

S. Freud dit que : « L’accumulation met fin à l’impression du hasard ». La théorie du chaos a bon dos quand on accable l’Effet Papillon en en jetant « un voile » sur la réalité. Les froufrous de la Djellaba de Cheikh El Qaradhaoui seraient plus impliqués dans les explosions du Châmbi que le battement d’ailes d’un papillon au large de la Syrie. Que se passe-t-il en Tunisie qui a des problèmes de transit ?  Disons de transition pour ne pas tomber dans l’invective.

Nous vivons les effets d’une stratégie menée par Ennahdha qui ne détient pas tous les leviers de commande et improvise en fonction du moment. La stratégie de Choc produit  des éclats qui peuvent blesser l’apprentiartificier  qui  actionne  le détonateur. C’estunestratégie de la peur, qui vise à faire régner un climat d’angoisse. Pour un peuple qui est anxieux, il admettra volontiers de se soumettre aux mesures liberticides, à une constitution qui le ligote mais qui le laisse à peu près vivant. S. Dilou dit : « des élections ne peuvent se dérouler dans un climat d’insécurité. Comment procéder à des élections alors que le pays est en feu ? ». Mais il n’y pas le  feu ! Qu’à cela ne tienne, on va l’allumer! Créons de l’insécurité programmée, entretenue : rues sombres, salafistes laissés libres d’intimider les gens, viols , braquages, chômage, égorger un policier, ridiculiser une armée et, le tour est joué. De quelles élections, de quelle constitution, vous parlez ?  L’heure est grave. Lorsqu’il est poussé aux derniers de ses retranchements, l’être humain,  comme le décrit assez bien Maslow revient à ses fondamentaux, il aura à répondre d’abord à ses besoins primaires. La nécessité est la première loi de la survie.  La vie sauve quitte à manger mal, au diable la démocratieinvention de Satan l’occidental. Renvoyons les besoins de confort, la luxure,   aux calendes paradisiaques,quarante vierges pour un djihadiste qui  fait don de sa vie et,de son corps à des femelles  consentantes au Nikah. Ce n’est pas un cauchemar, ce n’est pas du hasard, c’est une réalité tangible, visible jusqu’à la vulgarité.  C’est une démarche méthodique avec son calendrier, ses modes opératoires,  ses soutiens logistiques et, ces succès d’estime. Que fait l’Etat ? que fait la police ? que fait l’armée? Rien, ou presque rien, parce qu’il parait qu’ « ON » les en empêche. Qui «  ON »?

Incompétence et/ou connivence ? Plus de trois mois se sont déroulés depuis que les autorités algériennes ont informé les autorités tunisiennes de l’existence de camps djihadistes dans le coin. Moi, simple citoyen, peu informé, j’étais au courant pardi ! Pas l’état-major ! Qui peut le croire. Un faisceau d’éléments prouve qu’il se tramait quelque projet néfaste qui mettrait fin à l’Etat tunisien pour un Califat qui ne sera pas comme certains le pensent Ghanouchiste, il sera Salafiste, pur jus, par l’entremise de Ghannouchi lui-même qui sera éliminé par plus fondamentaliste que lui, comme cela  s’était passé depuis toujours  en « petits meurtres entre frères ».
Ben Ali disait : « Moi ou le chaos », Ghannouchi peut dire : « Moi et le chaos, moi ou les salafistes », les deux ont leurs raisons. Nous avions eu tort d’écouter Ben Ali,  comme de laisser faire Ghannouchi, parce que les deux parlent au nom de la raison du plus fort,  celui pour qui la liberté signifie le droit de soumettre les autres, mêmes les siens.

J’entends le peuple dire  «  Nous n’avions plus peur ! » ; un peu quand même; peur pour nos enfants, peur du déclassement, peur de pas pouvoir vivre comme on l’entend,  de ne pas pouvoir choisir sa robe ou, la longueur de son ourlet,  de ne pas pouvoir écouter Om Kalthoum, peur de tous les interdits.   Parce que le «  Lè Yajouz » s’immisce dans le plus anodin de nos comportements : un gaucher ne pourra plus manger avec sa main gauche, un droitier ne pourra pas saluer quelqu’un sans mettre d’abord sa main sur son cœur, il aura intérêt à l’avoir  à gauche. Il existe des êtres humains qui ont le cœur à droite.

Pour Ennahdha et ses satellites,l’objectif demeurede détruire l’Etat, instaurer la Califat.Objectif devenant pressant parce que les alliés à l’extrême droitetrouvent le temps long, Ghannouchi trop conciliant avec les Koffars. Ils sont de plus en plus tentés d’en finir avec ses atermoiements, la preuve : décrire de Taghout les militaires et gendarmes aux ordres du Gouvernement, donc aux ordres de Ghannouchi comme disaient leurs membres. C’est une façon de dire à Ghannouchi que ta police, ton armée si tant elles t'étaient  acquises ne nous obligent plus. L’armée de Dieu c’est nous. Ils l’on dit le jour mêmeoù une poignée de mains  a été fort remarquée dans un marché politique où personne n’est dupe.Ghannouchi serra la main à Beji Caîd Sebsi.  Poignée de mains ou empoignade ?Le baiser de la mort existe, la mante religieuse tue pour se reproduire.   Les salamalecs entre les ennemis intimes  sont de petites causes à  grands effets.  C’en était de trop pour Ansar Al Chariâ et Hizb Ettahrir.

La nébuleuse islamiste déclara  donc  la guerre aux « Taghout » (police,  armée, journalistes, politiques) en organisantsimultanément  dans plusieurs villes des meetings de propagande anti gouvernement, anti laïcs, anti tout ce qui n’est pas des leurs.Mobilisation générale, démonstration de force sur tout le territoire simultanément, avec  les mêmes éléments de langagedjihadiste contre la force publique, contre les mécréants,  Ennahdha l’allié mollasson compris.

Ils sonnentainsi la fin de la trêve  entre eux et Ennahdha ;ils ne croient plus à la stratégie de Ghannouchi si tant qu’ils aient cru un jour, ils veulent passer à la vitesse supérieure parce qu’ils ont compris  que l’Etat s’est affaibli par la  volonté délibéré de ceux qui le gouvernent.

Le risque  terroriste s’est réalisée, plane désormais sur nos têtes la menace de guerre civile avec ses  assassinats fratricides,  meurtres politiques, attentats, confrontation armée. Le scénario algérien se précise.
Le hasard dans certains cas devient la volonté des autres. Ce même hasard fait bien le chaos, quand il le fait (J.C Carrière). Nous y sommes, la guerre est déclarée.

 Mohedine Bejaoui
 

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