Opinions - 02.07.2011

Après la Révolution, une Nouvelle Tunisie ?

Nous vivons notre cinquante-cinquième année depuis l’Indépendance. La génération Bourguiba qui a combattu pour notre libération n’est plus là. Celle qui a contribué à l’édification du nouvel Etat tunisien indépendant n’a plus que quelques représentants encore en vie. Celle des jeunes qui ont fait la Révolution n’a guère pu s’illustrer au cours du dernier quart de siècle, une dictature indigne ayant étouffé ses possibilités. Il lui revient cependant de se préparer à conduire le pays vers un avenir meilleur.

Cet avenir meilleur est-il possible ? Quels problèmes pose-t-il ? Est-il réellement à notre portée et à quel prix ? Pour le construire, il faut tenir compte des enseignements du passé, de ce qui s’est passé durant le demi-siècle qui vient de s’achever.

La Tunisie a eu, dès l’Indépendance, des tâches urgentes et difficiles que les jeunes d’aujourd’hui ont de la peine à imaginer. Elle a réussi à y faire face : le pays a considérablement progressé au point de vue économique, social, éducatif et culturel. Il aurait pu mieux faire et plus substantiellement si le système de gouvernement avait été plus judicieux et conforme à ce qu’avait annoncé Bourguiba en 1956 et en 1957 : démocratie, respect des libertés, pas de concentration des pouvoirs, pas de pouvoir personnel. De nombreuses perturbations, économiques, sociales, syndicales, estudiantines ont débouché sur un système de gouvernement autoritaire avec des élections qui n’en sont pas et une absence de liberté destructrice des capacités de développement du pays et qui a fini par aboutir à une dictature sordide, laquelle a provoqué la Révolution libératrice.

La conclusion à en tirer est que la priorité des priorités consiste à établir un système de gouvernement conférant au pays la stabilité, l’efficacité et la liberté nécessaire à la construction de son avenir. Il ne faut surtout pas que ce système puisse nous conduire encore à un nouveau coup d’Etat et à une seconde Révolution.

Je me suis prononcé dès le 30 janvier 2011 (1), deux semaines après la Révolution, pour l’abrogation du système présidentiel à l’origine de tous les graves évènements intervenus depuis 1956 dans tous les domaines.

Je maintiens mon point de vue. Malgré les déboires que le système présidentiel a infligés au pays et à la population, une sorte de «nostalgie» présidentielle, « présidentialiste » règne encore parmi ceux qui se destinent au « pouvoir suprême». Il y a en quelque sorte une « adoration » de ce pouvoir et de l’autorité qu’il confère à son détenteur.

On le croit plus «démocratique», émanant du suffrage «universel direct» en oubliant que l’histoire de ce système montre que l’élection se transforme en «plébiscite», que ce soit avec les deux Bonaparte ou avec Ben Ali avec des « victoires » admirables à presque 100% des votants. Cela finit par ressembler à la monarchie de « droit divin » et comme celle-ci, le Président n’a plus de compte à rendre au cours de son mandat, tous les autres pouvoirs, législatif et judiciaire, considérés comme moins « représentatifs», lui sont plus ou moins soumis.

Plus grave encore, et chez nous plus spécialement, le système présidentiel risque de « déchirer le pays », le divisant en deux clans: le « pour » et le «contre». Pour que le « pour » l’emporte, on lui promet des merveilles et pour que le «contre» soit éliminé, on le «marginalise» ou pire on l’élimine. Et si cette méthode ne suffit pas pour « triompher», on utilisera d’autres méthodes, des élections à 99%, des modifications «adaptées» de la Constitution, des créations de partis satellites pour la «façade», etc., toutes connues amplement de nous tous.

Les partisans de ce système invoquent alors des arguments qui ne résistent pas à l’examen.

En premier lieu, ce système est meilleur pour la stabilité politique et gouvernementale ? Avons-nous bénéficié de cette stabilité ? Cette stabilité n’a-t-elle pas été néfaste ? On a construit durant dix ans un système coopératif et nous l’avons aboli ! Nous avons établi une union avec le voisin libyen et nos divisions intérieures ont réussi à la défaire, conduisant à ce qui se passe actuellement chez le voisin. Nous avons, après le « coup de Gafsa », la Tunisie étant alors devenue un « trou », selon l’expression de Bourguiba, réussi à avoir une « éclaircie » démocratique qui a duré quelques mois et qui a sombré avec les élections « trafiquées » de 1981 et nous avons eu la crise du pain et deux ans et demi après la dictature. On pourrait faire mieux comme « stabilité » ? Pour éviter de tels inconvénients, les partisans du système suggèrent qu’on limite les pouvoirs du président. A supposer que c’est possible et que cela puisse fonctionner, il faut dire comment ? En instituant un gouvernement émanant de l’Assemblée parlementaire et responsable devant elle? C’est là un emprunt essentiel au régime parlementaire. Mais cela ne peut guère fonctionner. Ce « mixage » introduit en outre une confusion préjudiciable. On le voit en France où ce « mixage » a été institué avec la Ve République, De Gaulle tenant à être désigné par le suffrage universel et ses successeurs, nostalgiques aussi, ont voulu limiter, pour ne pas dire le « singer ». Le résultat est que son premier successeur, Mitterrand, s’est trouvé, à l’Elysée, chef de l’opposition, le Premier ministre qui « gouverne » étant issu du camp adverse de la droite. Le mixage aggrave donc
l’irresponsabilité et le non-contrôle du régime présidentiel.

Au lieu donc « d’emprunter » au régime parlementaire ce qu’il a d’essentiel pour rendre « acceptable » le régime présidentiel, il serait plus judicieux d’adopter ce régime parlementaire en le dotant des moyens nécessaires à son succès.

Le reproche le plus important que ses adversaires lui adressent réside dans l’instabilité et on invoque les cas italien ou français durant la IVe République, oubliant la stabilité qui existe en Grande-Bretagne depuis des siècles et qui lui a permis de devenir historiquement la première puissance industrielle et de conquérir l’Asie, l’Amérique et on oublie aussi les autres pays européens, Etats scandinaves, Hollande, Allemagne ...

Or, il est tout à fait possible de remédier à cette instabilité éventuelle si l’on instaure les moyens nécessaires à cet effet.

En premier lieu, il s’agit du système électoral. Chacun sait que le système proportionnel intégral est source d’instabilité. Il favorise la multiplication des partis politiques, chaque fraction ou sous-fraction de l’opinion souhaitant et pouvant, par ce moyen de la proportionnelle se faire attribuer un ou des sièges et être ainsi représentée au parlement. Cette «justice » électorale conduira à une Assemblée hétéroclite où l’on peut disserter à l’infini mais qui ne permet pas de dégager une majorité de gouvernement homogène et stable qui peut gérer efficacement les affaires du pays.

Pour remédier à cet inconvénient, les régimes parlementaires efficaces ont instauré le système majoritaire et non le système proportionnel. Ce système peut adopter la majorité simple dite relative ou la majorité absolue qui nécessite 50% et plus de votants.

La majorité simple attribue tous les sièges à pourvoir à celui qui a obtenu le nombre de voix le plus élevé : par exemple 40% et tous les autres moins de 40%. La majorité absolue les attribue à celui qui a obtenu au moins 50% plus une voix. Ce système majoritaire a le mérite d’inciter les partis à se regrouper en un nombre réduit pour pouvoir obtenir la majorité, relative ou absolue. Or le nombre de partis chez nous est déjà pléthorique (une centaine autorisée) : le système proportionnel avec les plus « fort restes » ne les incitera pas à fusionner ou à se regrouper et nous conduit à une Assemblée hétéroclite ne permettant guère de dégager une majorité homogène de gouvernement.

Un second inconvénient de ce système proportionnel consiste à rendre nécessaire le scrutin de liste et non le scrutin uninominal, le premier obligeant l’électeur à voter pour plusieurs candidats inscrits sur une liste devant représenter une grande circonscription électorale, le second, en revanche, permettant à l’électeur de voter pour un seul candidat qui doit représenter la population d’une circonscription plus réduite. Le scrutin de liste est censé favoriser les partis politiques qui sont plus libres de mettre sur leurs listes les candidats de leur choix. Le scrutin uninominal, en revanche, favorise l’émergence de personnalités indépendantes ou mieux choisir par les partis politiques, ce qui contribue à améliorer le niveau moyen de l’élu. En outre, le scrutin uninominal peut être à un seul tour, si dès le premier tour, il y a un candidat qui atteint la majorité absolue, sinon il y a un second tour après deux semaines où il n’y a plus que les deux candidats arrivés en tête au premier tour qui peuvent se représenter et, dans ce cas, est déclaré élu celui qui obtient le plus de voix. Ce mode de scrutin favorise donc le regroupement des partis, l’émergence de candidats plus représentatifs et de députés d’un meilleur niveau ainsi qu’une plus grande motivation de l’électorat et une moindre abstention. Il permet de ce fait d’obtenir une majorité homogène et responsable pour gouverner le pays, ce qui est un objectif fondamental qu’il serait aventureux d’oublier ou d’éluder.

Enfin et toujours dans le même souci, et pour avoir un régime parlementaire sans instabilité, la loi électorale devrait prévoir, comme dans nombre de pays, que le parti qui n’obtiendrait pas un nombre de voix supérieur à 3,4 ou 5% ou même 10% comme en Turquie aujourd’hui, ne pourra pas se faire attribuer des sièges au Parlement.

Précaution ultime pour faire fonctionner un régime parlementaire dans les meilleures conditions possibles, il faut attribuer, dans ce système, au gouvernement, et non au président, qu’il soit parlementaire ou présidentiel, et au gouvernement seul le droit de dissoudre l’Assemblée et de revenir au corps électoral pour arbitrer un conflit qui dure entre gouvernement et parlement, ce qui incite l’un et l’autre à réfléchir avant de s’y laisser conduire. Cela étant, voyons ce en quoi le système parlementaire est le meilleur.

Il permet en effet de séparer les fonctions de chef d’Etat et de chef du gouvernement. Les deux fonctions obéissent à des nécessités différentes.
Le chef de l’Etat est là pour symboliser l’unité nationale, le respect de la Constitution et de la loi, pour servir d’arbitre et de conciliateur en cas de besoin. Il ne doit pas être mêlé aux vicissitudes quotidiennes de l’action politique pour ne pas se discréditer. Faute de quoi, il n’est plus un chef d’Etat respecté, il risque de devenir un partisan à combattre, un adversaire à éliminer ou un chef de bande à abattre. Le Président dans ce système assure la permanence de l’Etat qui ne disparaît pas à chaque crise politique comme dans notre ancien régime présidentiel où les dérives de nos deux Chefs d’Etat se sont traduites par une déstabilisation grave du pays et de la société.

Le «gouvernement» est une pièce essentielle du système. Il doit être un organisme politique responsable et contrôlable. Durant le régime présidentiel, il n’a été qu’un organisme technique dont le rôle était d’exécuter la politique et les ordres du président. Premier ministre et ministres n’étaient que des fonctionnaires, nommés et révoqués par lui, à sa convenance. Ce « gouvernement », ainsi désigné, ne peut pas être homogène. On n’y trouve aucune politique d’ensemble commune à tous ses membres. Un vrai gouvernement responsable ne peut émaner que du Parlement. Ce gouvernement doit avoir un programme approuvé par tous ses membres. Il est investi par l’Assemblée si sa composition et son programme sont approuvés par celle-ci à la majorité. Si celle-ci se révèle difficile à dégager et si l’émergence d’une coalition se révèle nécessaire pour en constituer, le président aura un rôle à jouer pour aider à y parvenir en tant que médiateur et conciliateur. Le gouvernement gouverne sous le contrôle du parlement et tant qu’il a sa confiance. S’il n’a plus cette confiance, il est remplacé par une nouvelle équipe qui a pu recueillir la majorité de l’Assemblée. En cas de « crise » et d’absence de majorité, le gouvernement « censuré » peut dissoudre l’Assemblée et revenir devant le corps électoral pour dégager une nouvelle majorité de gouvernement. La « crise ministérielle » se déroule sans drame alors que la destitution d’un chef d’Etat qui est aussi chef de gouvernement dans le régime présidentiel est de nature à créer un vrai drame, sinon une tragédie et nécessite un coup d’Etat ou une révolution pour mettre fin au règne d’un président qui dérive.

Le Parlement constitue donc la pièce centrale du dispositif. Il détient le pouvoir législatif. Il approuve la Constitution le gouvernement et contrôle son activité et il peut mettre fin à ses fonctions.

On voit ainsi que le régime parlementaire n’accorde à aucun organe constitutionnel un pouvoir absolu pouvant conduire à des abus, ni au chef de l’Etat qui peut être révoqué par le Parlement à la majorité qualifiée (deux tiers ou trois quarts des membres), ni au gouvernement qui peut être sanctionné et congédié, ni au Parlement qui peut être dissous : le pouvoir « arrête » donc le pouvoir selon la formule célèbre de l’Esprit des lois de Montesquieu, ce qui est une garantie de liberté, d’efficacité et de stabilité.

Reste à évoquer enfin le pouvoir judiciaire qui a été toujours plus une « autorité » (comme c’est indiqué dans les constitutions française et tunisienne) qu’un « pouvoir » autonome. Il faut le réhabiliter après sa longue « absence » et la détérioration de son autorité morale et de son prestige en assurant son indépendance réelle par l’institution de « l’inamovibilité » qui le protège contre les interventions de toutes sortes dont il peut être l’objet.

Compte tenu de ce qui vient d’être exposé, de la loi électorale qui a été adoptée, de la proportionnelle qui a été instituée, de la multiplication des partis qui de ce fait et en l’absence de facteurs incitant au regroupement, on ne peut qu’être inquiet sur l’issue d’élections qu’on a été obligé de retarder, ce qui pourrait permettre éventuellement une meilleure réflexion.

Les divers partenaires dans ce domaine ont le devoir de s’exprimer clairement, et à haute voix, au sujet des questions qui viennent d’être évoquées. La facilité consiste à accepter l’inacceptable et qui n’est nullement adapté à notre situation. Les partis politiques comme le gouvernement ont une responsabilité particulière dans cette phase historique de la vie du pays. Chacun doit dire si réellement il pense que ce qui a été fait pourra réellement assurer le meilleur gouvernement pour le pays et pourquoi ?
Chacun aussi doit dire quel système de gouvernement il propose au pays. On ne peut ici se contenter de généralités, de séparation et d’équilibre des pouvoirs, de démocratie,etc. sans livrer au public le détail de l’organisation du système proposé. On ne peut pas attendre d’être élu à la Constituante pour en parler, ce qui serait tromper l’électeur. Le débat public et contradictoire doit s’installer pour que le corps électoral puisse être suffisamment informé et pleinement éclairé. On ne peut se dérober à cette responsabilité.

Il y a lieu également de se prononcer sur une autre question fort importante qui est restée dans le clair-obscur : on entend et on lit à son sujet toute sorte d’interprétation. Il s’agit des attributions de la nouvelle Assemblée qu’on élira normalement le 23 octobre prochain. Sera-t-elle uniquement constituante ne s’occupant que de l’établissement de la Constitution ? Ou sera-t-elle également législative pour éviter « les décrets lois » et la confusion des pouvoirs durant la période d’établissement de la Constitution qui peut être plus ou moins longue, surtout si l’on ne veut pas « bousculer » l’Assemblée en lui fixant un court délai pour ce travail essentiel pour le pays ? Aura-t-elle en dernier lieu un rôle politique et devra-t-elle désigner un gouvernement responsable devant l’Assemblée élue, gouvernement qui aura alors la crédibilité et la légitimité nécessaires pour travailler dans la durée et mettre fin au caractère « transitoire » et « provisoire » du gouvernement du pays qui ne peut plus se prolonger sans porter préjudice à l’intérêt national. Il n’y aura plus ainsi à attendre l’adoption de la constitution, attente qui peut devenir longue, pour procéder à des élections législatives, ce qui peut lasser l’électeur et aggraver l’abstention. Il ne restera plus à résoudre que la question de la désignation du chef de l’Etat. Celui-ci pourra être « provisoirement » (et c’est le seul « provisoire » supportable) désigné par le Parlement, parmi ou en dehors de ses membres, à une majorité qualifiée des ¾ des parlementaires et ce, en attendant la promulgation de la Constitution qui précisera ce mode de désignation, mode qu’on devra alors appliquer. Ce triple rôle de l’Assemblée a élire doit être bien explicité et faire l’objet d’une disposition légale – par décret loi – pour que l’électeur puisse comprendre pour quelle nature d’Assemblée il est appelé à voter. On voit ainsi que de nombreuses questions devraient faire l’objet d’attention, de discussion et d’examen en vue d’aboutir à la conclusion de cette étape transitoire par l’institution des dispositifs nécessaires à la création d’un système de gouvernement démocratique et efficace pouvant, dans la durée, établir les plans et programmes devant permettre à notre pays de résoudre les problèmes économiques, sociaux, éducatifs et culturels pour pouvoir accéder à un nouveau stade de développement et pour construire une nouvelle Tunisie.

Une fois que la loi électorale aura été adoptée, qu’il y a peu d’espoir qu’elle soit amendée, que la proportionnelle et le scrutin de liste paraissent donc inévitables et qu’aucune loi ne viendra probablement obliger ou inciter les partis à se regrouper d’une manière ou d’une autre, il appartient à ces formations politiques de remédier à ces insuffisances et à ces dangers en faisant preuve de responsabilité, de civisme et en privilégiant l’intérêt général par rapport à celui de leurs propres « chapelles ».
J’ai exprimé déjà mon opinion à ce sujet et j’ai indiqué clairement que, de mon point de vue, la Tunisie ne peut être gouvernée qu’au centre, avec toutes ses composantes, les extrêmes, de droite ou de gauche, devant remplir un rôle aussi important que celui du gouvernement : celui de l’opposition légale et républicaine, qui approuve lorsque c’est possible et qui désapprouve lorsque c’est nécessaire, en attendant que l’évolution des circonstances, des esprits, des idées et des pratiques puisse leur permettre d’exercer utilement des responsabilités gouvernementales. En attendant, je ne vois pas, dans la conjoncture actuelle, comment ils pourraient « gouverner » sans nuire aux intérêts majeurs du pays. Le pays ne sera-t-il pas isolé ? Le développement ne sera-t-il pas entravé ? La liberté et les libertés ne seront-elles pas menacées par l’idéologie ou le fanatisme des uns et des autres ? Autant d’interrogations auxquelles les formations concernées doivent réfléchir en tant que citoyens et patriotes.

Il reste également que les formations politiques qui se réclament du centre doivent réfléchir à leur dispersion actuelle qui ne pourra probablement pas leur procurer la majorité pour pouvoir assumer convenablement la charge du gouvernement du pays. S’unir pour y parvenir devrait devenir aujourd’hui leur principale préoccupation. Il est encore temps de le faire. Quatre mois nous séparent de l’échéance du 23 octobre 2011.

On peut parvenir à bâtir cette union des formations du centre si l’on souhaite réellement servir le pays et contribuer à le doter d’un gouvernement stable et efficace malgré les défauts énormes de la loi électorale. Cet appel sera-t-il entendu par tous les leaders des partis, ceux d’avant la révolution, qui sont dignes de respect, et ceux créés depuis et qui aspirent à contribuer à l’essor du pays ? Je veux l’espérer et je ferai ce que je pourrai pour y participer, me tenant à la disposition de tous les partis qui approuvent ou qui, au moins ne sont pas hostiles, en attendant la discussion, aux idées que je viens d’énoncer et à celles que je me propose de soumettre à la discussion dans le prochain numéro de « Leaders » économique et ce, dans plusieurs domaines dont notamment l’investissement, la croissance, l’emploi et aussi la réforme du système éducatif, du système bancaire et financier ainsi que les sujets concernant le développement régional, la balance des paiements et les relations économiques extérieures de la Tunisie et spécialement avec notre principal partenaire, l’Union européenne. Toutes ces questions et ces réformes concernent l’avenir de la Tunisie et la création d’une nouvelle Tunisie, fruit de cette extraordinaire mutation consécutive à la Révolution du 14 janvier 2011 qui nous a révélé que plus rien ne sera et ne devra être comme avant.

Mansour Moalla

(1) Jeune Afrique N°2612 du 30 janvier au 5 février 2011


 

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14 Commentaires
Les Commentaires
lassoued - 04-07-2011 08:51

Si Mansour pose les bonnes questions et donne des conseils: gouverner au Centre, asemblée constituante et en même temps législative, moins de pouvoir au Président de la République et plus de contrôle de ses prérogatives. Mais il nous laisse sur notre failm: doit on approuver le travail effectué par Iyadh Ben Achour et son équipe?Quelles sont les solutions de rechange, dans la négative?Que pense t'il des compromis actuels pour continuer à faire fonctionner le pays?Que pense t'il de la tendance actuelle à mettre tous les problèmes du moment sur le dos du gouvernement de transition, en raison d' un "certain manque de légitimité", selon certains? Que pense t'il de certains pays comme la Belgique ou l'Italie qui continuent à fonctionner durant des années , en l'absence d'un gouvernement élu?

Amor Ben Dhia - 04-07-2011 09:49

Un article hors du commun: clair, pertinent, sage. Et dire qu'ils veulent (qu'ils on deja fait) ecarter des personnes de ce talent et cette clairvoyance. C'est le meilleur article que j'ai lu sur le sujet de: Regime Politique, Lois Electorales, Equilibres des Pouvoirs pour la Tunisie et les enjeux qui s'y rattachent. A tous ceux et celles qui veulent etre eclaires: Lisez...Merci infiniment Monsieur! Y aura t il des sages qui ecouteront votre "voix" ou a defaut, les Tunisiens auront ils la volonte de forcer leur destin.? Quand je em rappelle la preference de Mr. I. Ben Achour pour le regime presidentiel, j'en fremis. Lisez Mr. Ben Achour. SVP

meditatif - 04-07-2011 09:57

Analyse claire et rationnelle d'un grand homme politique, mais les dissensions telles qu'on les voit au liban par faute d une tel système ne sont-elles pas à craindre? Mr Mansour Moalla tient-il compte de la nature profonde du peuple tunisien ou est-il en train de l'idéaliser? Rien qu'à voir les dérives post-révolutionnaires vécues dans le pays et l'incapacité de remettre la machine de l'état en marche, n'est-il pas à craindre qu'un tel système ne nous mène qu'à une gabégie permanente?

Mohamed Chawki Abid - 04-07-2011 15:25

Toujours aussi perspicace et précis, Monsieur Mansour Moalla nous livre son appréciation des orientations prises dans la conduite du processus de transition démocratique précédant l’élection d’une Assemblée Constituante. Constamment égal à lui-même, il se permet de rappeler sa vision initiale et de souligner les insuffisances et les dangers du dispositif réglementant le scrutin du 23 Octobre. J’ose espérer que les formations politiques puissent répondre favorablement à ses recommandations organisationnelles pour atténuer les risques de déstabilisation.

Fernand Danan - 04-07-2011 16:27

Monsieur Mansour Moalla, votre analyse est parfaite, seulement peu de personnes peuvent d'une part suivre votre raisonnement et d'autre part le Peuple Tunisien, le Chaab Karim est préoccupé par des considérations très simples: manger, dormir, éduquer les enfants, profiter de quelques jours de vacances avant les fêtes de Ramadan et avoir un Président de la République qui préside, un Gouvernement qui sache gérer le quotidien et préparer l'avenir, un Ministère du Travail ou de l'Emploi qui soit créatif et opérationnel... A chacun de mes passages à Tunis, j'assiste à des bagarres sur l'Avenue Bourguiba avec des interventions musclées ... chey y hachem ! En ce qui concerne les Elections de l'Assemblée Constituante, le Ministère de l'Intérieur devrait publier une à deux fois par mois un bulletin officiel des Partis inscrits et autorisés, leur adresse, téléphone, email, les principaux dirigeants de ces partis et le nombre approximatif d'adhérents à la date considérée. Ceci permettra au Peuple Tunisien de suivre intelligemment le processus vers des Elections plus libres voire moins orientées. Demandez aussi au Ministère de l'Intérieur de publier sur son site internet par exemple ces informations en arabe, en français et en anglais, pour qu'elles soient reprises par la Presse et Télé nationales et internationales. Il reste environ 4 mois, mais tout est flou, avec un Gouvernement de transition qui est plutôt lent. Fernand Danan, Tounsi hoor fdanan@gmail.com

Mohamed Ali Sellami - 04-07-2011 18:00

Effectivement, Si Mansour s'est exprimé depuis le 21/01 sur NESMA TV pour éclairer la feuille de route salutaire pour réussir la transition démocratique dans les meilleurs délais. Quinze jours après, il a donné plus de détail sur le planning dont l'échéance terminale arrivait avant fin Avril 2011. Nous sommes déjà en Juillet, et aucune visibilité fiable n'est donnée par le Gouvernement Transitoire,

J.C. - 04-07-2011 18:50

Le pragmatisme et la grande lucidité du propos de Mansour MOALLA sont à méditer.Sans détour, il donne d'emblée le ton et éclaire la voie de ce qu'il lui paraît être le chemin le plus sûr et le plus porteur pour un pays de la dimension culturelle, politique et économique de la Tunisie. Ce réalisme est tout à son honneur tout autant d'ailleurs que la franchise et le courage dont il fait montre en cette période transitoire marquée par des turbulences et des ...incertitudes politiques.

mohamed Abdelkefi - Madrid. - 04-07-2011 19:03

Si ce n'est pas trop prétendre de ma part, je félicite Mr. Oalla pour sa clairvoyance, son patriotisme et son savoir faire et écrire. D'accord avec lui dans la plupart de son interressant article, j'insiste, comme lui sur 2 points très importants pour l'avenir de notre Tunisie: le chef de l'état et la loi électorale: je suis, me basant sur l'espérience de chez nous et ailleurs, pour le ´regime parlementaire et un chef de l'état, pou tous et au dessus de toutes les tendences. La loi électorale ce que propose l'auteur est très necessaire et j'ajouterai le problème de la majorité: 50 + 1 ne gantie pas nos espoirs et je parle me basant sur des exemples soufferts par d'autres pays comme l'Espagne dont j'ai suivi sa transition et je constate actuellement les erreurs commises et leurs conséquences. Oui Mr. Moalla pour un gran centre et un salutaire consencus ne serait ce que pour la première etape de notre transition. Il ya beaucoup à dire encore mais ce n'est qu'un commentaire que je termine en proposant aux amis de Leaders de faire traduire l'article à l'arabe et de le publier. Merci Si Mansour et merci Leaders.

khaled - 04-07-2011 19:16

Sujet trop important pour la destinée de la Tunisie et l'article est très explicite.Je propose à tous ceux qui y adhèrent de le diffuser par tout moyen possible(mailing aux amis,facebook,youtube,tweeter etc,...) pour l'exposer ainsi à une proportion importante de la population tunisienne qui doit réclamer dans les assemblées des différents partis politiques la feuille de route(dans le cadre du sujet traité par Si Mansour)tracée par le parti en question.

mahjoub - 04-07-2011 22:57

Article très pertinent, à la hauteur de la réputation de Mr Moalla. J'adhère, notamment, à sa position visant à éviter à la Tunisie une autre "expérience" présidentialiste, sachant que les dérives autoritaires sont faciles dans la "culture" arabe et avec des personnages que l'ont voit déjà sur la place politique actuelle (qu'il s'agisse de transfuges du RCD ou d'ex-opposants à benali, candidats à d'éventuelles présidentielles). Cependant, je voudrais émettre de sérieuses Réserves quant à l'idée de Si Mansour de "gouverner au centre", à travers une sorte de "Rassemblement" fourre-tout dont le seul but serait d'écarter du pouvoir la "droite" comme la "gauche", au motif que celles-ci seraient encore "immatures"! Outre le fait qu'un authentique centriste peut être de gauche comme de droite, je crois qu'il ne faudrait pas faire place à un "unanimisme" déguisé sous la forme d'un "grand parti des tunisiens modérés" -qui ne pourra être conduit que par un "grand homme"!- qui ferait facilement glisser le régime "parlementaire" préconisé vers une dictature "new look". Non, Merci !

mahfoudhi chedli - 04-07-2011 22:59

dommage que les tunisiens n(ont pas écouté cet homme politicien et grand financier;son idée etait,l'élection du parlement,puis,exceptionnellement ce parlement élira le president de la république,c'est le meilleur scénario,pour faire redémarrer le pays

moumen - 05-07-2011 12:57

La valeur de Monsieur Mansour Moalla n'est pas à refaire. Après la lecture de son article paru au mois de Janvier, j'ai souhaité qu'il soit le premier Président de notre deuxième République. Il a toutes les qualités pour faire sortir la Tunisie de sa situation actuelle. Je ne critique pas ses idées que trouve excellentes, mais je voudrais exprimer mon avis sur certains points. 1/ La loi électorale. Il n'y a pas de loi électorale parfaite, je trouve celle proposée par la haute instance valable , elle nous protège de la dictature d'un quelconque extrémisme qui peut être dangereux. Quant à la coalition entre les partis, elle est inévitable quelque soit le mode de scrutin. 2/ Le régime politique.Je suis pour le régime parlementaire, il a été efficace dans certains pays mais dans d'autres. Pour réussir il a besoin d'une grande maturité des peuples, peut on dire de même en ce qui nous concerne? Pour le mot de la fin, dirais que les partis importent peu, que les régimes politiques ne constituent pas toujours une garantie. Le plus important à mon avis c'est le choix des hommes, de leur moralité , de leur niveau intellectuel, de leur expérience...

btaher - 06-07-2011 10:18

Le 14 janvier, il n y a pas eu de révolution en Tunisie mais un soulèvement populaire pour chasser une mafia qui était entrain de s’approprier le pays. Une vraie révolution, avec doctrine politique et leaders, aurait balayé tous ces supposés dignitaires du pays qui ont tiré profils et très largement de plus de 50 années de système corrompu marqué par le népotisme et le clientélisme.

ZE - 16-07-2011 15:49

M. Moalla propose une analyse fort intéressante des différents systèmes politiques que l'on devrait envisager, en démontrant clairement leurs forces et faiblesses. Toutefois, ce sont les trois premiers paragraphes que je trouve un peu embêtants. Ils donnent l'impression que la dictature a commencé avec Ben Ali. Il n'en est rien. La dictature a bel et bien commencé avec Bourguiba que M. Moalla a, par ailleurs, servi pendant plusieurs années. D'après Béchir Ben Yahmed, l'un des proches collaborateurs de Bourguiba au lendemain de l'indépendance, Bourguiba ne s'était jamais engagé à mener la Tunisie à la démocratie (Jeune Afrique N°2610 du 16 au 22 janvier 2011). Au contraire, M. Ben Yahmed affirme qu'"À ses proches collaborateurs, dont j'étais, il [Bourguiba] répétait à l'envi que la Tunisie, alors sous-développée et où l'analphabétisme était fort répandu, n'était pas mûre pour la démocratie!" (p. 5). M.Ben Yahmed avait demandé à Bourguiba, en 1957, s'"il voulait bien, en donnant le temps au temps, s'engager à la mener à la démocratie... en cinquante ans à raison de 2 % par an. Il [Bourguiba] ne s'y était pas engagé et, en trente ans de pouvoir, n'a même pas fait une partie du chemin" (p. 5). En fait, Ben Ali n'est que le produit d'un système qui était en place pendant presque 55 ans. La différence entre Ben Ali et Bourguiba (que Dieu lui accorde Sa miséricorde) n'est pas une question de substance mais plutôt de degrés.

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