Opinions - 19.03.2012

Dépersonnifier l'Etat sans dénaturer la Société

L'imbroglio dans le lequel se débat l'assemblée constituante quant à la formule devant faire figurer l'Islam  futur texte constitutionnel appelle à une réflexion moins restrictive.

En dépersonnifiant l'Etat auquel était déjà reconnu dans la constitution de 1959 la dimension religieuse et sans dénaturer la Société, dont nul n'ignore son substrat culturel et historique, cette réflexion devrait plutôt  favoriser-dans l'absolu-  la personnalisation  du même état et le  rétablissement de la même société dans son élément spirituel constitutif .L'Etat, c'est évident ,constitue l'entité politique au service de la société et son territoire. En un mot la Tunisie.

Doté d'un régime républicain depuis la fin du double protectorat ottoman et français au lendemain de l'indépendance, la Tunisie a pu jeter les bases des institutions politico-juridiques, éducatives  et économiques. A chacun, selon ses compétences la latitude de les évaluer. Reste que la manière de les gérer était  tributaire de la qualité des résultats et des hommes et de leur dévouement à servir ces institutions ou à s'en servir.

Après plus de cinq décennies d'indépendance, il s'avère que l'œuvre accomplie était à l'image des dirigeants dont la dimension humaine était plus ou moins imparfaite. Ni ange ni diable, l'homme n'a jamais été parfait. Lorsque le versant éthique l'emporte sur celui a-éthique,il  devient  perfectible .Mais quelle éthique? Entendons nous bien, il ne s'agit pas uniquement d'une question d'éducation et de socialisation. Mais plutôt, de facteurs d'intérêts de classes- divergents - et des besoins vitaux-convergents -. De tout temps, l'humanité  à cherché à faire l'équilibre entre les deux  facteurs de l'équation. Que de révoltes, révolutions et insurrections faites et  à refaire au nom de la liberté  et de la justice !

Il n'y a que les annales des dominants pour en glorifier le succès. Toujours conjoncturel et éphémère. Leurs contradicteurs étaient voués à l'ex-communion et aux geôles sombres, de l'oubli. 

Plus proche de notre aire, ni l'islamisme ottoman et sa porte sublime, ni l'Arabité nassérienne et ses avatars, ni la Jamahyria et encore moins, "le changement salutaire du 7 novembre" n'ont conduit leur empire et pays  respectifs à la normalisation sociale et à l'alternance pacifique aux leviers des commandes politiques .Et pour cause : l'accaparement, par la ruse des slogans grandiloquents, des richesses des peuples par une oligarchie, une famille ou une personne( excepté le leader Bourguiba). Et l'impasse faite  à la dialectique des impératifs des intérêts et des exigences des besoins.

Au 3 ème millénaire, peut- on appréhender la réalité en face? Certainement.

La Révolution tunisienne 14/01 a décapé  la chape de plomb, en mettant à nu tous les subterfuges des monarchies et des pseudo- républiques arabes et d'ailleurs. Elle a offert un out-put inédit dans l'histoire contemporaine . Les probabilités  du changement radical sont désormais possibles, à condition qu'elles soient explorées avec le lexique du millénaire et non avec la sémantique  du "rêve millénariste ".

Aussi , importe-t-il de  saisir qu'aucun autre pays ne peut faire le travail à notre lieu et place. L'heure est à la démocratie politique et à la justice sociale.

C'est à l'aune de ces deux vecteurs que le pays pourrait s'insérer dans les relations internationales. Il en a les capacités pour permettre à ses citoyens d' y vivre – et pas subsister - dignement. Demeurent  les modalités. Le grand tintamarre  sur le  vrai -faux débat de la laïcité et la sacralité de l'Etat  doit  être tempérer. Pas besoin de mentionner – explicitement - la dimension religieuse  dans la constitution. L'Islam est inscrit dans notre univers mental et social depuis quatorze siècles. Notre pays a une chance d'ouvrir la voie à l'appropriation de  chacune de ses individualités.

"La Tunisie, Etat souverain, une république responsable régie par le Droit (positif et naturel).Elle œuvre,  par le Travail, à réaliser les aspirations socio-économiques et culturelles  du peuple, en interaction équitable avec les autres pays."  Tel devrait être, à mon sens, le libellé de l'article 1er de la constitution post-révolution.

H.O
Journaliste

 

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