News - 08.02.2012

Les deux fautes de Bourguiba selon Abdelwahab Meddeb

Les deux fautes de Bourguiba

Ce qui arrive aujourd'hui à la Tunisie incombe à la responsabilité de Bourguiba, l'homme qui avait fondé un Etat "instituteur du peuple" (Rousseau), afin de lui donner le degré d'instruction nécessaire pour parvenir à la culture démocratique sans laquelle l'avènement de la démocratie ne peut qu'être dévoyé (comme ce à quoi nous assistons aujourd'hui). Bourguiba a oublié dans son instruction de mettre en place les étapes qui conduisent de l'Etat autoritaire à l'Etat démocratique.

Au lieu de cela, Bourguiba a renforcé la structure du parti-Etat autour du dictateur, il a bloqué la société civile, il a asséché le sol politique, il a renforcé le refoulement des référents qui tournent autour de l'arabité et de l'islam (ce qui nous envahit aujourd'hui c'est ce que la psychanalyse appelle "le retour du refoulé"). Ces multiples blocages vont favoriser la catastrophe que fut le coup d'Etat qui fit venir au pouvoir ce pauvre bougre inculte voyou maffieux que fut Ben Ali. Avec lui l'Etat a été dérouté de sa vocation publique et le bien commun a été détourné vers l'intérêt privé.

Bourguiba a eu deux points de cécité qui, s'ils lui étaient éclairées, nous aurait évité la catastrophe actuelle :

1. Il démantela la Zitouna en 1957 : je proviens d'un milieu zitounien, je connais de l'intérieur les effets de ce démantèlement accompagné de l'humiliation d'un corps "clérical" qui était avant lui paré de gloire. Avec la pérennité de la Zitouna, aurait perduré une institution où le "Pontife" aurait pu jouer son rôle régulateur en tant que dispensateur de normes au nom de la croyance encore profondément enracinée dans le coeur des citoyens. Sur cet aspect ma critique s'atténue car Bourguiba, en pur produit de la culture française de la IIIe République, ne pouvait envisager la nécessité de maintenir une niche traditionnelle dans une perspective de modernisation ; c'est qu'il partageait la vision laïque réductrice qui ne pouvait percevoir la part du sacré dans l'économie de l'humain. Cela me rappelle la querelle que suscita Georges Bataille au sein du comité de rédaction des Temps Modernes : Bataille a en effet été raillé et par Sartre et par de Beauvoir et par Merleau-Ponty, il a été traité de bigot lorsqu'il eut à présenter en tant qu'athée ses thèses autour de "l'expérience intérieure", de la "hiérologie" (à distinguer de la théologie) : le discours raisonné sur le sacré déborde le logos que suscite le dogme divin. Bref, Bataille n'était pas compris par la bande qui le recevait lorsqu'il avait insisté sur la prégnance de l'expérience du sacré, laquelle excède la croyance ou l'adhésion à quelque credo établi. Le discours d'un mystique orphelin, d'un religieux athée ne pouvait dans les années 50 être reçu. Il va falloir attendre une décennie pour que cette configuration paradoxale emporte l'adhésion. Deleuze relira pour nous Nietzsche dans la distinction entre religion et religiosité. Lacan introduira la référence mystique dans la tension entre loi et désir à travers le partage du féminin et du masculin. Ainsi ces deux approches ont-elles balisé le chemin qui conduira à l'acceptation de Georges Bataille et à la nuance qui corrige la vision laïque réductrice. J'ai donné il y a une dizaine d'années une conférence où j'ai évoqué cette question à Carthage (Beit al-Hikma) ; il y avait parmi les auditeurs Chédly Klibi qui m'avait dit avoir assisté au débat autour de Georges Bataille organisé par Les Temps Modernes à Paris, au milieu des années 50. Et il admettait qu'à l'époque, lui-même, comme tous les Bourguibiens, partageait cette vision réductrice. Après tout, le savoir traditionnel, équivalent à celui qui émanait de la Zitouna, continue d'exister et de produire jusqu'à aujourd'hui dans la France républicaine qui tient tant à sa loi de 1905 séparant définitivement l'Eglise et l'Etat. Ce savoir d'origine proto-médiévale est toujours protégé par des institutions que soutien le Saint-Siège, à l'instar des "Etudes thomistes" ou des "Etudes augustiniennes". Au-delà du contexte géopolitique du triomphe islamiste dans la territorialité islamique, j'attribue le culte sauvage de la lettre (qui fait des ravages aujourd'hui en Tunisie) au moins partiellement au retour du refoulé zitounien.

2. La deuxième occasion qui s'est présentée à Bourguiba est strictement politique : elle s'est manifestée à travers le congrès destourien de Monastir (Octobre 1971) : de fait le parti était divisé en deux tendances quasi égales. Bourguiba aurait pu tirer les conséquences de cette réalité et encourager la division du parti en deux entités ; il aurait été ainsi le président arbitre qui aurait pour un temps veillé à la constitution  d'une structure bi-partisane à l'Anglo-saxonne qui reste le gage le plus sûr pour consacrer la pérennité démocratique. Il eût fallu pour cela tempérer l'aspect régionaliste (Tunisois contre Sahéliens) qui avait surdéterminé le clivage qui s'était exprimé à Monastir. Au lieu d'emprunter cette voie de la clairvoyance, Bourguiba avait annulé les décisions du congrès et s'était enfoncé dans la cécité monologique qui allait le conduire à prendre la décision désastreuse de la "présidence à vie". Bourguiba, je l'ai écris maintes fois, était ambivalent ; en sa personnalité s'agglomérait deux contraires que rien ne concilie sinon la mystérieuse alchimie qui produit le caractère humain : il était à la fois l'homme instaurateur de l'Etat de droit tout en restant attaché à la tradition tyrannique de l'Emirat. A cette ambivalence s'ajoute le caractère clinique de sa paranoïa.

Maintenant, nous n'avons pas à nous lamenter sur notre sort. Nous avons à résister et à mener le combat pour trouver la voie du "sauf" dans notre monde dévasté. Deux directions s'imposent :

- D'abord s'organiser autour d'un parti politique aussi présent dans toute la société et aussi bien organisé qu'an-Nahdha ; un parti qui devrait veiller à combler le fossé entre la khaçça et la 'âmma; un parti capable d'absorber l'atomisation de notre camp, si néfaste pour la naissante démocratie, si avantageuse pour la partie adverse ; un parti fort face à celui des islamistes rétablirait la saine règle démocratique fondée sur le bi-partisme.
- Ensuite ne point déserter le front de la création et de la pensée pour mener le combat des valeurs dont le pivot est la liberté. Pour ce faire, toute forme d'intériorisation de l'autocensure serait funeste.

Abdelwahab Meddeb

Vous aimez cet article ? partagez-le avec vos amis ! Abonnez-vous
commenter cet article
24 Commentaires
Les Commentaires
Ennouri Benyoussef - 08-02-2012 21:18

Il est facile de critiquer un personnage politique qui n'est plus là pour se defendre . Bourguiba a eu un seul tort : celui de rester trop longtemps au pouvoir ; il aurait du decrocher après le succès electora du MDS en 1980 . Bourguiba , qui a passé vingt années de sa vie dans les prisons françaises , a été d'abord et avant tout un patriote , qui aimait son pays et n'a jamais été aux ordres de quelque nation etrangère que ce soit . Bourguiba croyait en Dieu et en l'avenir d'une Tunisie moderniste et emancipée . Si l'on veut faire son procès , il faut alors remonter plus haut dans le temps et rehabiliter la dynastie beylicale , légitimée par l'Histoire !

Al07 - 08-02-2012 23:48

Lorsque vous aurez fait le quart de ce qu'a fait Bourguiba pour la Tunisie,vous pourrez émettre un début de critique Monsieur !!

Chedley Aouriri - 09-02-2012 05:27

L'analyse est correcte, mais sa conclusion est desastreuse: ce Monsieur veut reanimer l'ex-RCD/ PSD / Destour et le positionner comme un opppsant a En-Nahdha. Un courant politique ou parti ne peut pas survivre longtemps si sa raison d'etre est de s'opposer. Il doit presenter sa propre vision positive pour le futur.!!

ERRBAI - 09-02-2012 08:10

Cher Monsieur....vous l'avouez vous même je suis "zitouniste" !!! Que sous Bourguiba des erreurs ont été commises : OUI, que Bourguiba a verrouillé l’État ( plutôt son entourage que lui ) ... OUI ! Mais dire aujourd'hui que c'est la faute à Bourguiba c'est d'un "autisme zitounien "... si vous êtes là , vivant, éduqué et instruit c'est bien grâce à ce socle batit par cette époque de Bourguiba... il n'a y qu'à regarder juste les pays voisins et notre différence est plus q'évidente ! On ne peut compare les 2 époques , on ne peut faire une soustraction aussi simpliste: relisez l'histoire de pays montrés comme démocratiques ... vous verrez que notre héritage bourguibien est un atout aujourd'hui face à tous ces bouleversements que connait la société ici et là et malgré nos différence on se retrouve assez armés pour y faire face grâce à ce socle bâtit par Bourguiba quelques soient les erreurs recensées! KENNEDY a fait des erreurs, DE GAULLE également, STALINE (l'horrible STALINE ) ... relisez l'histoire cher Monsieur et ne vous exprimez pas parce que vous êtes issu des "zitounistes" ...Si Bourguiba n'aurait pas existé on l'aurait inventé ! Soignez votre autisme ... quant à la cécité (double d’après vous !) de Bourguiba vous êtes jaloux de ses beaux yeux bleus ciel acier : autant en rire. Et j’étais "Sadikien " ...voisin de la culture "zitounienne " mais laïque !!!

Robert Poisson - 09-02-2012 10:07

C'est avec intérêt que j'ai lu cette analyse. Si Bourguiba fut "un pur produit de la culture française de la IIIème République ", que dira-t-on d' Abdelwahab Meddeb. ? Ses références aux Temps Modernes et aux disputes entre les philosophes qui s'y exprimaient , son recours à Deleuze et Lacan, son vocabulaire, la structure de son discours témoignent que lui non plus n'a pas coupé le cordon ombilical. La psychologie pour éclairer un destin poilitique ? - Rien de rédhibitoire à cela ... Précieux casuiste il en arrive finalement, si j'ai bien compris, à la même conclusion que mes amis Tunisiens expriment avec une simplicité sans détour . Elle trouve ses sources aussi dans l'histoire de notre propre démocratie : nécessité d'opposer à un parti qui se réfère au sacré une pensée libre de toute influence religieuse - qu'elle intègre cependant- s'incarnant dans un rassemblement démocratique . Une pensée libre, une création libérée, la liberté comme un pivot de la vie intellectuelle et politique de la Tunisie ! Quel beau programme ...RP.

ibtissem - 09-02-2012 10:30

il y a beaucoup de vrai dans ce que dit Medded , independament de la zitouna ou on peut imaginer l influence d ata turk qui a éliminé meme l alphabet arabe - actuellement les turcs refoulés d europe essaient de se refaire une virginité islamique -sic-- a mon sens apres l echec des cooperatives bourguiba aurait du decouper le rcd en 2 - a l américaine- et se retirer mais que veux tu il faut laisser le temps au temps ....

Abdelwahab Meddeb - 09-02-2012 10:39

Je suis surpris par le fait que les auteurs de certains commentaires n'aient pas saisi que mon texte est celui d'un bourguibiste qui critique Bourguiba. Je suis admiratif de la constitution de 1959 malgré son caractère présidentiel excessif qui s'inscrit dans le sillage du décisionnisme théorisé par Carl Schmitt, le génial philosophe allemand du droit, qui a légitimé juridiquement la mue de Hitler de chancelier en dictateur. Il faut avouer que la constitution française de 1958 est, elle aussi, marquée par le même pli. Cela n'est pas surprenant puisqu'elle a été conçue par un politique (Michel Debré) et surtout par le juriste René Capitant, lui-même lecteur inspiré sinon disciple de Carl Schmitt. Cette admiration pour la constitution de 1959 m'a d'ailleurs conduit à exprimer dans Printemps de Tunis mes craintes à propos de la Constituante qui, en raison des mauvais temps que nous traversons, risque d'accoucher d'un texte régressif par rapport à celui de 1959. Je reste aussi admiratif du cantonnement de l'islam par Bourguiba qui a fait la juste analyse, celle qui perçoit dans un référent islamique non tempéré l'entrave à la reconstruction d'une communauté nationale rénovée, adaptée au siècle. Ses trois décisions très tôt font de lui un homme politique des plus lucides : l'émancipation des femmes, l'universalisation de l'instruction moderne sécularisée et la maîtrise de la natalité. L'anthropologie actuelle confirme qu'à travers ces trois points résident les paramètres qui font muter les sociétés traditionnelles vers la modernité. La double critique présente dans "les deux fautes de Bourguiba" est celle qui introduit la nuance dans la confirmation du rôle historique qu'a joué Bourguiba en refondant sur des bases saines l'Etat qui a entre ses mains les destinées de notre pays. Mon article teste des causes pour comprendre la terrible régression qui saisit la communauté nationale à laquelle nous appartenons. Et il est surtout destiné à participer au débat de l'heure.

Jawhar - 09-02-2012 10:56

L’erreur calamiteuse de Bourguiba a été de changer la constitution pour l'instauration de la présidence à vie. Cette décision à initié la destruction du superbe édifice que Bourguiba a commencé à construire à l'indépendance. Pour le reste et en particulier éloigner la politique de la religion et de l'arabisation ont été bénéfiques et fécondes. Ceci a fait que la Tunisie soit le pays arabe intellectuellement le plus avancé. En fait Bourguiba, pour la pérennité de la Tunisie, a pratiquement tout prévu sauf ses propres faiblesses.

alia - 09-02-2012 13:51

bourguiba a effectué un mini aggiornamento en islam et alléger le poids des zitouniens ultra conservateurs.il a construit un etat modene et a contribué à changer les mentalités grace aà l ecole à l 'emancipation des femmes au controle démographique ectce qu' on peut lui reprocher c 'est son régionalisme de ne pas avoir jouer le jeu démocratique en 1980 en permettant au parti qui a gagné les elections le MDS de Mestiri de gouverner en 1980.et surtout sa presidence à vie ;il a pourchassé la gauche on était à l 'epoque de la guerre froide et il cherchait à plaire au camp occidental;la Zitouna a un role à jouer mais nouveau.vous etes zitounien mais vous avez aussi le privilege d 'avoir une culture occidentale;je vous écoute souvent sur france culture et ailleurs vous n 'y faites pas l 'apologie de la zitouna double discours?

Myriam BenU - 09-02-2012 14:05

Oui, nous les connaissons les fautes de Bourguiba ( le parti unique et la présidence à vie) mais il aussi tellement fait pour le pays alors que c'était une époque bien difficile au niveau des mentalités; je ne considère pas le démantèlement de la Zitouna comme une faute, je n'ai pas vécu à l'époque pour en savoir quelque chose, mais de ce que j'ai lu c'est qu' elle s'est désagrégée d'elle même à cause de ses arrangements avec les colons français ( concernant l'appropriation des terres), mais les zitouniens avaient le mérite à l'époque d'être des érudits ( comme Tahar Haddad). La deuxième parti du texte me plaît beaucoup elle me donne espoir mais j'ai encore le sentiment que la majorité des partis n'ont pas saisi l'enjeu, ils préfèrent toujours jouer seuls.. Pour Ennahda je suis d'ailleurs étonnée que ce parti reste pour le moment si uni, alors qu'il y a toujours eu des courants divergents en son sein.

Bouzgarou Sihem - 09-02-2012 15:09

Autant j'adhère à la deuxième partie de l'analyse, autant je m'étonne de la légèreté de la première! Étant issu d'une famille de zitouniens, Abdelwaheb Meddeb n'ignore pas la déliquescence et l'inanité des programmes zitouniens et des enseignements dispensés au sein de la Grande Mosquée  ! Bien avant l'indépendance, et suite à la campagne françaises en Égypte, les Arabes découvrirent les progrès de l'Occident et commencèrent à s'interroger sur les mobiles de leur retard. Ce fut l'inauguration de ce que l'on appela, par la suite, le Mouvement des Lumières ou de la Réforme de la culture arabe. C'est ainsi qu'à partir de 1910, soutenus par les enseignants, les étudiants de la Grande Mosquée, encouragés par des enseignants, revendiquèrent une réforme de l'enseignement zitounien, à l'instar de leurs homologues d'El Azhar. Je vous renvoie à ce propos, aux journaux de l'époque, tels que Al Mozeej ??????, (L'Importun, paru en 1906 et censuré en 1907), qui s'était  spécialisé dans la critique de la pédagogie des enseignants zitouniens, et avait même attribué à cet enseignement le  titre peu glorieux de "L'homme malade" ! Les journalistes de L'Importun estimèrent  que les enseignants de l'Illustre mosquée souffraient  de lourds handicaps qu'ils dissimulaient sous l'intimidation et la menace! Par ailleurs, Le Cheikh Tahar Ben Achour, ténor du mouvement réformateur de l'enseignement zitounien et son fer de lance,  décrivis, quant à lui le retard méthodologique et notionnel de cet enseignement, dans son célèbre ouvrage L'Aube n'est-elle point imminente!  Du reste, il est communément admis, par les Tunisiens, à quelques générations qu'ils appartiennent, que Bourguiba, ostensiblement hostile à l'identité du peuple, avait éteint le flambeau de la science au sein de la Mosquée! Mais il est indéniable que cette conviction erronée empêcha ses détracteurs d'analyser objectivement la situation réelle de l'enseignement zitounien. Par conséquent, parler du rayonnement de la Grande Mosquée et de son rôle avant-gardiste, comme un phare de la science et de la culture, procède plutôt d'une contestation idéologique que d'une transposition exacte de la réalité. 

drmohamedsellam - 09-02-2012 17:58

Cet article est un fatras d’incohérences verbales et de fadaises… Un galimatias politico-religieux ,farci d’hypocrisie et de préjugés mesquins.. La Zitouna,c’est la marque de l’ignorance et de la décadence intellectuelle.. La Zitouna,un cercle vicieux, qui fabriquait des automates haineux et machiavéliques ..qui mérite et qui a bien mérité son éradication totale dans un pays qui se voulait ouvert et tolérant.. D’autre part ,un Etat ,qui venait à peine de sortir des décombres du colonialisme dévastateur ,pouvait-il penser à instaurer le multipartisme.. ? c’est un fantasme des plus absurdes…une grotesque aberration .. ! De plus, la présidence à vie n’a pas été acceptée de gaieté de cœur par Bourguiba (ses propos refusant la propostion résonnent encore dans mes oeilles)au contraire , elle lui fut imposée et l’a acceptée par devoir,par obligation nationale ….d’ailleurs il l’a refusée à maintes reprises … mais il a fini par l ’accepter après de multiples tergiversations…. Drmohamedsellam Msellam83@yahoo.com?

Mohamed Abdelmajid - 09-02-2012 20:04

Si Abdelwaheb ! Ce que vous dites de vrai n'a rien d'original et ce que vous annoncez comme original n'est pas du tout vrai, surtout quand il s'agit de Bourguiba ! A titre d'exemple le démantèlement de "l'université"-mosquée la Zeitouna était une décision nécessaire et courageuse ! C'est ça la politique ! Il faut oser ! Regardez ce qui se passe en Égypte où Al-Azhar était/est un état dans l'état ! Et last but not least, s'attaquer aujourd'hui à Bourguiba c'est mettre en question son projet de société et soutenir implicitement celui des islamistes, car il n y en pas trois ! A moins que vous vous preniez pour Kadhafi ! En effet, politiquement vous êtes out, car la majorité des Tunisiens respecte Bourguiba et estime qu'il est maintenant au dessus de la mêlée : Bourguiba fait aujourd'hui partie du patrimoine de la Tunisie au même titre qu'Hannibal, Khair-eddine et Farhat Hached Ahbabta am Karihta !

sihem - 09-02-2012 21:37

L'un aime, l'autre n'apprécie pas. Chacun a ses raisons.mais adorer un homme et le rendre parfait alors qu'il nous appris le régionalisme (voir le nombre des ministres de Sa région et l'état de l'infrastructure à Monastir par rapport même a la capitale). De l'autre cote dire (Jawher) que le faite d'éloigner l'arabisation est bénéfique, il faut voir la modernisation de la Turquie qui a garde sa langue, l'Iran qui construit des fusées et des satellites etc. Ne pourra-t-on garder notre langue arabe tout en respectant les autres langues étrangères. Comment peut on respecter d'autres civilisations si on ne respecte pas notre propre civilisation et notre langue.

GALAI Abderraouf - 09-02-2012 22:04

Je ne crois pas que le débat de l'heure devrait être celui du personnage de Bourguiba. Celui-ci, qui avait pendant des décennies, avec ruse et perfidie, alimenté, exalté, puis déçu des millions d'esprits avides de liberté, de savoir, de modernité et de bonheur, retenus dans un état perfidement obséquieux, à travers un appareil qui ne faisait que rappeler une légitimité du Combattant Supprème. L'avenir de la Tunisie est devant, et ne supporte plus le luxe de détails et discussions superfétatoires. Bourguiba c'était un passé que j'ai vécu terrorisé, et horriblement souffrant. Et j'en souffre encore.

Nasser Kandil - 10-02-2012 03:48

J'ajouterai une 3e. erreur à Bourguiba..le massacre de Bizerte (evacuation de la france). Reste que ce grand homme était autoritaire et non totalitaire, il a aimé et dirigé son pays comme un père de famille. Il était visionnaire, voulait moderniser l'islam en regardant toujours vers le nord et vers l'ouest..le moyen orient et le panarabisme sont loin de ses pensées et il a bien fait...Il demeurera dans les coeurs des tunisiens à tout jamais...

Dr. Amor Ben Dhia - 10-02-2012 09:20

Un eclairage fort interessant et qui incite a reflechir. Qui ne connait pas le passe ne sait pas expliquer et interpreter le present ratant ainsi tout projet du futur. Je ne confonds pas le defunt Habib Bourguiba avec les fonctions et responsabilites qu'il a assumees, avant et apres l'independance. Sa vision et ses decisions ont indeniablement faconne le present de la Tunisie, en bien et en moins bien. S'il a preside a la destinee de la tunisie pendant 31 ans, ce n'est surement pas un hasard. Il ne fut ecarte que par celui a qui il a permis d'emerger. Il avait estime qu'il etait de son devoir de rester plus que de raison en changeant la Constitution de 59, soit. Mais ce n'etait pas la bonne decision. Le passe et le present le prouvent. Paix a son ame en tant qu'homme, mais l'histoire continuera a anlayser ses decisions et ses choix. Le merite de l'ecrit de Pr. Meddeb est de declencher ces discussions et interrogations. Merci pour cela!

Hedi Jemiai - 10-02-2012 12:24

Je ne défends pas A.M. Il se défend très bien tout seul. Mais certains commentaires qui, en fin de compte, lui reprochent sa cécité politique, son ignorance de notre histoire nationale, son a-culturalisme européen, sa nostalgie "zitounienne" et j'en passe et des bonnes, sont tous passionnels et point rationnels. En lisant ces commentaires, j'ai l'impression que leurs auteurs accusent A.M. de blasphème contre la personne sacrée de Bourguiba!!! Cette attitude me rappelle l'intolérance politique et intellectuelle qui a caractérisé les régimes du PSD et du RCD. Cette attitude qui a fait le vide politique autour d'elle, qui a étouffé les libertés, écrasé toute opposition et érigé le culte de la personnalité en religion d'état. Vous ne trouverez aucun tunisien qui ne reconnait l'apport visionnaire et le rôle historique de Bourguiba dans la construction de l'état tunisien moderne, comme vous ne trouverez aucun autre qui n'a le moindre reproche à lui faire. Apprendre de nos erreurs et être capables de les analyser et de les assumer est la seule manière pour nous d'avancer. C'est exactement ce que fait A.M. dans cet article. Soyons constructifs, comme a essayé l'auteur de l'être dans sa conclusion. Critiquons le sur le fond, sur l'idée et non sur le fait d'avoir osé critiquer Bourguiba.

tekaia a. - 10-02-2012 13:36

Sans bourguiba et les chantiers ouverts au cours des 07 premières années de pouvoir, la tunisie ne serait pas ce qu'elle est aujourd'hui; il a eu le courage et le mérite de corriger d'une main de maître l'histoire de notre patrie et sa trajectoire malmenée par des siècles de misère et d'ignorance.Après l'indépendance, il a misé sur la démocratisation d'un enseignement moderne et ouvert sur son environnement, il ne pouvait laisser persister un enseignement à 2 vitesses: l'un moderne "à la vitesse de la lumière",la physique moderne et la relation de la relativité d'Einstein,les mathématiques, les langues,l'autre zitounien,handicapé et figé par des siècles d'obscurentisme bien qu'on lui reconnait le rôle important, joué dans les moments difficiles dans la sauvegarde de notre identité en attendant des temps meilleurs. C'est cela avec d'autres réformes futuristes qui ont fait que l'état a perduré en l'absence de gouvernement, et a résisté à l'anarchie qui a accompagné la révolution et malgré le discrédit et le laissé-pour-compte de l'enseignement au cours des 20 dernières années.Sans bourguiba et ses décisions prophétiques , et malgré ses détracteurs,la tunisie démunie de ressources naturelles serait une autre somalie, un autre afghanistan...mais voyer-vous la tunisie est encore debout: elle est mûre, vivante, vibrante, intelligente,où désormais chacun peut s'exprimer et l'apprentissage de la démocratie chemine tranquillement.Ne pensez-vous pas que la touche bourguiba est toujours là?

RBarnat - 10-02-2012 13:45

Comme toujours une belle analyse de la part d’Abdelwahab Meddeb. - A propos de Bourguiba, quelles que furent les erreurs commises par cet homme, il n'empêche que nous lui devons de nous avoir donné le droit au savoir à l’immense majorité des tunisiens. Même la révolution n'aurait pu avoir lieu ni se distinguer de toutes celles qu'elle a inspirées. Pourquoi ? Parce qu'elle est devenue possibles grâce à une jeunesse instruite et éduquée, dont les parents été formés dans un système d'éducation scolaire et universitaire pour lequel Bourguiba consacrait plus de 30 % du budget de l’État ! Parents qui ont pris le goût du savoir et ont su le transmettre à leurs enfants. Système qui sera démantelé par celui que les tunisiens nomment "bac moins 2", en retirant au Collège Sadiki son rôle de phare, le réduisant à un collège ordinaire où le niveau de jadis disparaissait d'année en année... Ce que fit Bourguiba pour la Zitouna, l'autre phare, dont il se méfiait craignant qu'il ne soit un frein à la modernisation de la société. - Mais à propos du parti islamiste, théoriquement l'idée est juste qu'il faille lui laisser l'espace pour s'exprimer.... Encore faut-il qu'Ennahdha joue le jeu de la démocratie et ne pérennise pas des pratiques dont ses membres ont eu à souffrir sous les deux régimes d’avant ! Et qu'il cesse le double langage qui favorise la "wahhabisation" de la société comme le décrit et le dénone Abdelwahab Meddeb dans un autre excellent article : « L’Islam n’est pas l’islamisme » (http://www.leaders.com.tn/article/l-islam-n-est-pas-l-islamisme?id=7517)

raja el beji - 10-02-2012 14:26

je ne pourrai qu ajouter un point concernant la femme bourguiba a permis a cette derniere maintes avantages mais ce qu il a oublie de faire avant c est leur apprendre le sens de la liberte et aux hommes comment la respecter

afifi med mnaouer - 11-02-2012 13:25

Je ne peux que rejoindre les analyses de Meddeb ,seulement je veux ajouter que Bourguiba ne cachait pas sa moquerie pour le peuple tunisien à tel point de considérer la population un assemblage de poussières.D'autant plus son point de vue économique ,se limitant à développer les régions côtières sur le dos de l'intérieur. cette disparité a engendré une haine et" Hogra" dans la vision de la jeune population qui propulsée par la marginalité et le désespoir n'ont pas tardé d'allumer les chandelles de notre printemps.

Ben Hefaied ali - 14-09-2013 23:25

Monsieur AM,vient de lancer un débat intellectuel sur le Bourguibisme et ses conséquences de ce que vit la Tunisie actuellement et ça mérite une confrontation sans tabou ni préjugé malsain .Personnelement,le bilan politique de BOURGUIBA reste largement positif malgré quelques ratés.il n'a eu qu'une seule maîtresse :la Tunisie et le bien de son peuple.Ii était transcendé par la mission qu'il s'est fixé à bien mettre la Tunisie sur les bonnes rails de la modernité et sa hantise etait que son pays tombe dans les mains des conservateurs fanatiques religieux.Notre combat aujourd'hui est que le wahhabisme fondamentaliste ,salafiste extrémiste religieux ne doit pas instaurer une théocratie afin d'éradiquer la démocratie que mérite une grande majorité du peuple tunisien.Il faut des sueurs et des larmes pour construire un grand parti bien structure pour s'opposer au plan machivialique de MR GhANNOUCHI et ses sbires

Aida BOUCHADAKH - 12-04-2018 11:31

Il est très difficile de faire le Bilan de l'ère Bourguiba tant que les informations dont nous disposons sont biaisées . Nous aimerions disposer de toutes les données pour émettre un jugement objectif , basé sur des faits, soustrait d'un déballage émotionnel, surtout en période électorale ...Nous pouvons dire néanmois et avec certitude, qu'il a raté sa sortie de l'histoire...S'il n'avait pas réempilé les mandats et pour finir devenir président à vie, il resterait dans la mémoire collective comme un président batisseur, il n'est aujourd'hui aux yeux de beaucoup d'entre nous, notamment la génération née après les années soixantes, comme un président dictateur....

X

Fly-out sidebar

This is an optional, fully widgetized sidebar. Show your latest posts, comments, etc. As is the rest of the menu, the sidebar too is fully color customizable.