News - 04.12.2011

Jalloul Ayed : «Mon dernier discours de ministre…» ?

« C’est avec un pincement au cœur que je m’adresse à vous dans cette enceinte financière, mon petit doigt me dit que c’est mon dernier discours de ministre des Finances ». En show man qui sait briser la glace et rallier à lui l’audience, le ministre Jalloul Ayed avait bien commencé son intervention, samedi, lors de la clôture de la conférence du Forex Club de Tunisie sur le marché des capitaux. Mais, très rapidement, il a été vers la substance, évoquant en toute franchise ce qui lui semble être le plus utile au pays, et recommandable pour ses successeurs à mettre en œuvre.

Le ministre sortant reconnaît l’existence de plusieurs carences, à commencer par l’inexistence d’un marché de capitaux, appuyé par des investisseurs professionnels et des gestionnaires de fonds à mêmes d’accompagner l’entreprise durant tous ces cycles, l’inexistence aussi de la micro-finance, à ne pas confondre avec le microcrédit, la non-consolidation du système bancaire à commencer par des banques publiques pour créer des champions nationaux et le gap effarant entre banques publiques et banques privées, jusqu’à la rémunération de leurs cadres.

Revenant sur les dispositifs stratégiques mis en place, notamment la Caisse de Dépôts et Consignation et le fonds intergénérationnel Ajiel, le ministre Ayed, a souligné l’effet multiplicateur que pourrait procurer la cession totale ou partielle des actions détenues par l’Etat dans nombre d’entreprises publiques ainsi que des entreprises récemment confisquées, en investissant leurs revenus, à travers ces fonds, dans le capital de nouvelles entreprises leur permettant ainsi de mieux se financer. « Ce que peut rapporter à l’Etat, en dividendes, explique-t-il, sa participation au capital de la Régie du Tabac, ou telle autre entreprise, en espérant que celle-ci soit bénéficiaire, est bien dérisoire, par rapport au rendement direct et indirect de l’investissement du même montant au capital d’autres nouvelles entreprises qui ainsi capitalisée, peuvent accéder à d’autres ressources sur le marché financier, créer plus d’emplois et se développer. »

"Je suis pour ..."

Le ministre des Finances sortant affirme clairement ses convictions : «Je suis pour la création d’un marché de capitaux, avec un marché primaire des valeurs du Trésor », mais aussi « je suis pour une nouvelle vision du rôle des banques commerciales en tant que véritables agents de changement », «je suis pour un développement plus important de la Bourse», «je suis pour qu’une bonne partie des entreprises publiques qui s’y prêtent, soient introduites en bourse», « je suis pour qu’une partie, ne serait-ce que minime de 10 à 15% du capital des opérateurs de télécom soit mise en Bourse», «je suis pour le développement de la finance islamique et d’ailleurs le projet de nouvelle loi de finance aligne le traitement fiscal des produits islamiques sur les autres», «je suis pour la revalorisation des rémunérations dans les banques publiques, à l’instar des banques privées, sur la base de performance accomplie »…

La salle applaudit. Indéniablement. Après l’analyse très bien inquiétante de la situation économique dans le pays, par le Gouverneur de la Banque Centrale de Tunisie, M. Mustapha Kamel Ennabli, qui a interpellé les présents quant aux insuffisances à rattraper et aux menaces qui pèsent sur l’économie, le ministre des Finances a voulu être, comme dans une parfaite répartition des tâches, plus optimiste

Sur le podium, Houssein Mouelhi, président du Forex Club, ne pouvait, avec ses coéquipiers du bureau directeur, espérer mieux, comme discours officiels. A ses côtés, Manfred Wiebogen, président de l’Association internationale des Cambistes regroupant 65 associations dans le monde fortes de plus 13000 adhérents, et qui a fait spécialement le déplacement à Tunis, était  ravi de la réussite de cette manifestation.
 

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4 Commentaires
Les Commentaires
Taieb ourari - 04-12-2011 21:12

Un testament qui ne tient pas compte des derniers rivages, sur la scène économique mondiale, poussés par le triomphe de l'ultralibéralisme.Les salaires des dirigeants des banques privées peuvent atteindre les 360 mille dinars ( cas de l'UBCI) comment va t on aligner les revenus des banquiers exerçant dans le secteur public?

mahfoudh barouni - 05-12-2011 14:29

9a ne sera je le souhaite de tout mon coeur qu'un discours d'orientation pour nous revoir dans un an avec Si Jalloul pour pousser encore les idées et les projets vers l'innovation financière jamais aussi bien dirigée qu'elle n'ait été par Si Jelloul, ce Grand Homme d'orchestre de la Finance.Bravo

Mhamed Hassine Fantar - 05-12-2011 16:16

Le discours de monsieur le ministre Jalloul Ayed propose un constat réaliste et une orientation pour le futur proche. Bien que profane, j'y perçois le savoir du technicien et le savoir-faire du stratège politique.je me permettrais de saluer Si Jalloul pour avoir accompagné notre Révolution et ses vicissitudes heureuses et malheureuses.A toutes les citoyennes et à tous citoyens de se ressaisir. Il est temps.La révolution politique n'est rien sans la réussite économique et sociale.

Rafaat Dali lappelrepublicain - 05-12-2011 16:43

Pour les non initiés, cela peut paraitre intéressant, mais il est utile d’informer les lecteurs que la spéculation des marchés présente aussi des points faibles et des risques conséquents pour la Tunisie. Regardons autour de nous. Les différents bilans de ces systèmes spéculatifs libérés des marchés boursiers et de capitaux montrent que les spéculateurs s’enrichissent à outrance aux dépens des caisses des états et des revenus des employés et qu’à court terme, les fonds d’investissement deviennent plus puissants que les finances des états avec toutes les conséquences qui en découlent y compris la facilité pour les mettre à genoux ou en faillite. On appelle cela le quatrième pouvoir. Un contrôle appuyé et une gouvernance rapprochée du système des marchés constitue actuellement l’essentiel des débats des pays dits développés et libéraux suite à la crise économique et financière qui sévit actuellement un peu partout. Alors, Monsieur Ayed Jelloul, les choses ne sont pas aussi simples et optimistes que vous le dites et pour être objectif, il aurait été plus utile d’expliciter les avantages mais aussi les risques de tel ou tel système. Méfions-nous de la spéculation à outrance sans une gouvernance et un contrôle publics des marchés financiers. Par contre, créons toutes les conditions de la confiance et de la transparence dans notre système politique et nos institutions publiques en priorité, alors l’économique et le financier,publics et privés, libérés de la gangrène de la corruption généralisée, ne pourront que démarrer rapidement et ce dans tous les secteurs. Et la Tunisie pourra devenir la Suisse de l’Afrique et du Moyen Orient. Ramenons la confiance d’abord. Rafaat Dali L’Appel Républicain Lien : http://lappel-republicain-tn.blogspot.com/

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