Opinions - 17.05.2011

Ce qu'a fait l'IRA pour la conservation de l'outarde Houbara en Tunisie

J’ai lu les propos de Mr Ali El HILI parus dans la rubrique opinion du site www.leaders.com concernant « la possibilité de réintroduction de l’outarde Houbara en Tunisie et qu’ a fait  l’IRA de Médenine ».

 En ma qualité de chercheur à l’IRA, je voudrais apporter les précisions suivantes :

  • L’IRA a été chargée en fin de l’année 1996 par le département de tutelle (SERST) d’initier un projet visant la conservation de cet oiseau en Tunisie et la mise en place d’une unité d’élevage en captivité, projet auquel Mr El Hili a été associé au départ.
     
  • L’International Action Plan for North African Houbara Bustard C. undulata undulata (www.birdlife.org/action/...action_plans/.../houbara_bustard_sap.pdf), auquel Mr Ali El HILI a participé en 2004, a confié à l’IRA en collaboration les scientifiques tunisiens, des experts et des centres internationaux la restauration de la population d’outarde tunisienne (annexe1 p 25 de ce plan) à travers l’études de cette espèce aussi bien en nature qu’en captivité.
     
  • En l’espace d’une décennie, l’IRA, avec ses moyens du bord, a pu former une équipe de jeunes chercheurs et de techniciens qui maitrisent les principales phases de l’élevage en captivité de cet oiseau (reproduction, santé, alimentation,..) grâce à une collaboration fructueuse avec les meilleurs centres spécialisés actuellement au niveau mondial (Centre Abu Dhabi et centre de Missour au Maroc)  qui sont des centres émiraties sachant que les émiraties ne  chassent pas l’Outarde en Tunisie.
     
  • Les chercheurs formés à l’IRA ont pu maîtriser des technologies de pointe (insémination artificielle, couvaison artificielle, élevage des jeunes,…) qu’ils ont développées et adaptées à la réalité de notre pays. Ainsi, ils ont remplacé l’aliment importé de l’Angleterre par un aliment destiné à l’élevage de volaille, de la luzerne produite sur place et quelques insectes prélevés sur un parcours d’espèces salées. A ma connaissance, et comme si Ali l’a signalé, il n’y a pas beaucoup de chercheurs/techniciens dans le monde arabe qui maîtrisent de telles techniques pour l’Outarde houbara.
     
  • Le programme d’étude de l’écologie de cet oiseau dans son milieu naturel, auquel l’IRA accorde beaucoup d’importance, a aboutit grâce à l’utilisation des moyens fiables (émetteurs satellites) dans le cadre de sa collaboration avec les centre sus-cités, à la détermination des sites de parades des males, leurs mouvements au cours de l’année et leurs domaines vitaux dans une zone très large du Sud tunisien. Ces informations sont indispensables à tout programme de conservation d’envergure de cet animal.
     
  • Les principaux résultats des travaux menés depuis le démarrage du projet ont été publiés dans des revues internationales, d’autres sont en cours de publication et constituent des références, uniques ou du moins rares concernant la Tunisie, utiles pour les scientifiques et les organismes chargés de la  conservation de cet oiseau.
     
  • Les analyses génétiques réalisées sur plusieurs individus d’outarde tunisienne  ont montré que la population tunisienne ne diffère pas des autres populations d’outarde nord-africaine ce qui montre la possibilité de réintroduction de  l’outarde dans notre pays sans risque  d’une pollution génétique de notre population.
     
  •  J’invite Mr Ali El Hili et tous ceux qui s’intéressent à l’outarde en Tunisie de visiter l’IRA pour prendre connaissance de toutes ses réalisations qui ne sont pas de simples bricolages. Par la même occasion, j’informe toutes ces personnes que la première thèse de doctorat sur cet oiseau a été réalisée par un chercheur de l’IRA, inscrit à la Faculté des sciences de Tunis. Vous êtes tous cordialement invités à cette soutenance qui aura  lieu au siège de l’IRA à Medenine  le 28 Mai 2011.

Peut-on alors, après toutes ces réalités parler de « bricolage » ? Je dois également préciser que l’expérience de l’IRA n’a jamais servi d’alibi pour le massacre de la faune sauvage dans le Sud tunisien puisqu’on n’a raté aucune occasion (en particulier à l’occasion des visites à l’IRA des hauts responsables de l’Etat) pour dénoncer les braconnages causés par des étrangers ou des locaux et leurs effets destructeurs sur notre la faune d’une façon générale et l’outarde houbara en particulier. Il s’agit tout simplement de méthodes différentes de dénonciation entre un organisme public et une ONG.


Prof Touhami  KHORCHANI
* Chercheur à l’Institut des Régions Arides Medenine

A lire aussi : A propos de l'outarde houbara : les réponses de Ali Hili aux commentaires
 

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1 Commentaire
Les Commentaires
Hichem Azafzaf - 22-05-2011 19:08

Bonjour Si Khorchani, Je ne peux que vous soutenir dans vos travaux comme je l’ai fait auparavant et soyez sûr que l’Association“ Les Amis des Oiseaux“ fait et ferra le nécessaire pour la protection de cette espèce d’Afrique du Nord. On n’hésitera pas à vous contacter pour toute action qu’on pourrait mener conjointement pour la survie de l’Outarde houbara et j’espère que l’IRA fera de même. Je profite de l’occasion de vous inviter à visiter notre site web www.aao.org.tn Toujours au service et dans la nécessité de sauver les oiseaux et leurs habitats, nous restons fidèles et solidaires dans et pour notre association et notre paye.

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