News - 20.09.2018

Habib Kazdaghli : Qui est Béatrice Slama (Album Photos)

Habib Kazdaghli: Qui est Béatrice Slama (1923-19 sept. 2018)

Béatrice Slama s'est éteinte à Paris, dans la nuit du mercredi 19 au jeudi 20 septembre 2018, à l'âge de 95 ans. Née Saada, à Tunis en 1923, elle est issue d’une riche famille tunisienne juive de Gabès (Sud de la Tunisie). Après des études secondaires au lycée Armand Fallières à Tunis (actuellement Lycée de la Rue de Russie), elle décroche son bac en 1941. Elle s’engage au parti communiste en pleine illégalité pour lutter contre le nazisme et l’occupation allemande de la Tunisie. Au lendemain de la guerre, elle a été parmi les fondatrices de l’Union des jeunes Filles de Tunisie (UJFT), organisation féministe proche du parti communiste qu’elle dirigera de 1944 à 1948. Dans son article intitulé « la déchirure », Béatrice (Bice pour ses camarades et pour les intimes) évoque avec fierté son expérience dans le parti communiste « parce qu’une partie, certes minoritaires, de la communauté juive s’y est engagée aussi et que les communistes juifs qui ont été torturés, condamnés à mort pendant l’occupation allemande, ont été dans les camps et dans les prisons pendant la lutte pour l’indépendance et ont contribué à l’histoire de la Tunisie »[1] . Bice insiste sur la fraternité entre les juifs et le reste des composantes sociales ethniques qui s'est forgée au sein du parti communiste tunisien lorsque ce dernier est sorti de l’illégalité au lendemain de la « Libération » de Tunis en 1943, « les barrières invisibles entre les multiples groupes cédaient : ainsi s’est constituée peu à peu une organisation où Tunisiens arabes, juifs, français, Italiens, militaient ensemble »[2].

Pour cette frange de la communauté juive, c’était le Parti communiste qui avait été l’outil de sa prise de conscience du problème national. Il avait motivé un engagement militant pour le pays, déterminé de nouveaux types de rapports avec les Musulmans et influencé des choix professionnels. Bice se rappelle son activité en Tunisie, elle écrit » Mes quinze années à Alaoui (collègue secondaire de Tunis), mes rapports privilégiés avec les élèves, mon intervention à leurs côtés lors de l’entrée de la police dans l’établissement en 1952, les pétitions, les grèves, qui m’ont liées avec certains collègues, notamment destouriens, n’auraient pas été les mêmes si je n’avais pas été communiste ». L’engagement politique dans le parti communiste fut un enrichissement  du sentiment d’appartenance à la Tunisie, c’est ce qui ne manque pas d’orienter ses travaux de recherche et sa quête des évènements qui marquèrent l’histoire du pays. « C’est parce que j’étais communiste que j’ai désiré mieux connaitre l’histoire de la Tunisie et que je me suis passionnée pour l’insurrection de 1964 »[3].

Elle reprend ses études à Paris au lendemain de la Guerre et obtient une licence d’Italien qui lui a permis d’enseigner la langue italienne au collègue Alaoui de 1948 à 1961. Agrégée de Lettres modernes en 1961, elle enseignera à la jeune université de Tunis de 1961 à 1965. Avec son mari le Dr Ivan Slama, elle quitte la Tunisie en 1965 pour s’installer à Paris ou elle a fait une carrière d’enseignante à l’Université de Vincennes (Paris 8). Partie à la retraite en 1993, elle vécu jusqu'à da mort  à Paris.

Notice Biographique de Béatrice Slama établie par Habib Kazdaghli extraite du livre de Mohamed Ennafaa, Chronique Saharienne, introduction et notes de Habib Kazdaghli, pp. 316-317, co-éditions Attariq Al jadid-MC-Editions, Tunis, 2011.

[1] Slama (Béatrice), « La déchirure », In Confluences Méditerranée, N° 10, Printemps 1994, l’Harmattan, pp. 129-33, p.131.
[2] Idem.
[3] Béatrice Slama, l’Insurrections de 1864, MTE, 1967.

Habib Kazdaghli

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2 Commentaires
Les Commentaires
Maarek Albert - 21-09-2018 18:29

Triste nouvelle , en effet . J'avais connu Bice Slama en lisant son ouvrage sur l'insurrection de 1864 ; je l'avais rencontré ensuite à Paris et pour la dernière fois à la Maison de la Tunisie lors du colloque organisé notamment par Habib Kazdaghli ; ses travaux constituent un apport considérable à l'histoire de la Tunisie luttant pour son indépendance : sa mémoire demeurera vivante pour les chercheurs sur ce thème historique

Habib Ben Younes - 22-09-2018 22:41

Un devoir de mémoire, on remercie l'auteur.

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