News - 20.09.2017

Lettre ouverte au chef du Gouvernement: des Médecins Hospitalo-universitaires tirent la sonnette d'alarme

Lettre ouverte à Monsieur le Chef du Gouvernement: La Médecine tunisienne en danger... Des Médecins Hospitalo-universitaires tirent la sonnette d'alarme.

Un collectif composé de 387 Médecins Hospitalo-universitaires, dont 292 professeurs et Maitres de Conférences Agrégés et 94 Chefs de services nous a fait parvenir cette lettre ouverte qu'il vient d'adresser au chef de Gouvernement. Le collectif y fait part de ses «inquiétudes face à l'accumulation de problèmes structurels apparus depuis plusieurs années et l'absence de réformes adaptées» et «appelle à la mise en oeuvre d'un plan de sauvetage immédiat, en attendant une réforme profonde et globale du système de santé».
  Partout dans le monde, la médecine académique est assurée par les structures universitaires de santé publique, à travers les trois fonctions de soins, d'enseignement et de recherche. Dans ce domaine, la Tunisie a connu des années de gloire depuis la création des facultés de médecine et des hôpitaux universitaires. La médecine tunisienne s'est ainsi distinguée par des réalisations multiples qui ont eu un impact positif sur la santé du citoyen tunisien et une reconnaissance internationale ayant permis le développement d'un secteur économique lié à l'exportation des services de santé.
Cependant, devant l'accumulation actuelle de problèmes structurels apparus depuis plusieurs années et l'absence de réformes adaptées, ces acquis et notamment la santé du citoyen tunisien, sont plus que jamais menacés.

Nous, médecins hospitalo-universitaires, lançons ainsi un cri d'alarme quant à la situation dramatique à laquelle est arrivée la santé publique. En effet, les insuffisances flagrantes des ressources matérielles et humaines, constatées aujourd'hui, ainsi que les défaillances de gestion et de gouvernance, sont à l'origine d'une dégradation vertigineuse des services de soins et des conditions de travail dans les hôpitaux, notamment universitaires. Actuellement, nous vivons une crise sans précédent avec une menace sérieuse, dans un premier temps, de paralysie des hôpitaux publics, en raison principalement du déficit budgétaire (700 milliards de dettes) et du départ massif de nos médecins, puis dans un deuxième temps une dégradation des soins dans les deux secteurs ; public et privé, par défaut de personnel médical et paramédical suffisamment formé.

Monsieur le Chef du Gouvernement, en attendant une réforme profonde et globale du système de santé, la mise en oeuvre d'un plan de sauvetage immédiat, est impérative. Elle a été exprimée par tous les acteurs du système et à différentes occasions (« Dialogue Sociétal », séminaire «Hôpital de demain», «Appel pour sauver le secteur public de la santé» signé par plusieurs organismes et associations...)
Nous, soussignés, médecins hospitalo-universitaires, conscients de la gravité de la situation, appelons, dans le cadre d'une approche participative, à:

  1. Mobiliser des ressources additionnelles pour résoudre les difficultés financières des hôpitaux (comme cela a été possible pour les secteurs du tourisme et des banques)
  2. Mettre en place de nouvelles mesures afin d'améliorer les conditions de travail et la situation matérielle des médecins universitaires, afin d'atténuer l'hémorragie des départs et encourager les jeunes médecins à rejoindre la carrière universitaire.
  3. Passer rapidement à la gestion par objectifs dans la gouvernance des hôpitaux.

Monsieur le Chef du gouvernement, étant parmi les principaux acteurs du système de la santé, nous estimons, qu'il est de notre devoir de tirer la sonnette d'alarme devant ces problèmes qui menacent non seulement le secteur de la santé publique mais aussi l'avenir de la médecine tunisienne.

Signataires : 387 Médecins Hospitalo-universitaires,
dont 292 professeurs et Maitres de Conférences Agrégés et 94 Chefs de services.

 

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11 Commentaires
Les Commentaires
Abdellatif - 20-09-2017 15:21

Je crois qu'il faut: 1- réunir les intervenants essentiels du secteur pour discuter des problèmes relevants surtout de l'enseignement , de la formation , de l'emploi et du financement. 2- redeterminer ou redéfinir le nombre de bacheliers à orienter médecine, médecine dentaire et pharmacie. Il n'est pas concevable que des bacheliers avec 11, 12, 13 de moyenne parceque leurs parents sont aisés font médecine dans les ex pays de l'est et taux de réussite 100% alors que leurs camarades avec 18 de moyenne peinent pour réussir. Ceux qui pousuivent leurs études en Tunisie, à la première occasion quittent pour la france , l'Allemagne, ... 3- les hôpitaux doivent recevoir leur budget de fonctionnement proportionnellement aux nombres de consultations, d'opérations chirurgicales, nombre d'analyses et d'hospitalisations. 4- Ceux qui veulent travailler à l'étranger doivent payer un pourcentage du coût de leur formation. 5- Etc...

Ammar Adnene - 20-09-2017 20:12

Quoi qu'on fasse , l'hôpital ne pourra jamais évoluer si l'UGTT continue à avoir une main mise. Une tentative de remise en ordre a coûté la peau de Said Aidi .

Deghilage Brigitte - 20-09-2017 20:18

Dieu merci, Voilà enfin une réaction tant attendue pour un redressement d'un système et milieu universitaire médical (si compétent, efficace et doté d'humanisme depuis des décennies), qui est en train de péricliter et sème la crainte et la peur parmi les citoyens qui n'ont d'autre possibilité que de recourir au service médical. Quoique et cela est tout aussi regrettable, que l'accueil, les consultations, les soins et interventions chirurgicales auprès des établissements privés, malgré les coûts élevés, voire plus, ne soient pas épargnés de critique négative.... on peut et on se doit de fournir des services plus respectueux des malades, plus professionnels etc. Merci au collectif des 387 Médecins Hospitalo-universitaires, dont 292 professeurs et Maîtres de Conférences Agrégés et 94 Chefs de services de tirer la sonnette d'alarme urgente auprès du chef de Gouvernement en recommandant vivement, urgemment et impérativement la mise en oeuvre d'un plan de sauvetage du système de santé!! Nous sommes tous concernés, personne ne pourra échapper tôt ou tard à recourir aux services et soins médicaux! En avant toute, chacun à sa tâche pour relever la situation. A bons entendeurs, salut!

Hadj taieb walid - 20-09-2017 20:46

Comme la medecine a des prob. Entunisie. Le secteur de la comptabilité aussi, par le secteur parallèle. La concurrence illégale, les corps de métier inconscient par résoudre ces peob.

Chajia Schlömann Abid - 21-09-2017 08:28

Un plan d urgence pour notre systheme de sante est necessaire.

Anticorps santé - 21-09-2017 08:49

Ces universitaires oublient qu' il sont la principale cause de dégradation du système de santé par leur avidité à l argent à travers l APC, ces médecins oublient que ce sont eux qui dirigent les Chu par un lobbying maladive chacun veut être un empereur croyant que les services sont leurs royautés, ils oublient que leurs rendement dans les trois disciplines citées ne dépasse pas chez les meilleurs les 15 pc, ils oublient que ceux qu' ils ont décrit comme insuffisamment formé c est leurs constat d échec .....

Masmoudi Jamil - 21-09-2017 10:20

Une grande partie du deficit est certainement due a un vol et détournement massif des biens de consommation vers l'activité privée ainsi que l'achat d'équipement déjà cher à des prix bien gonflés, ses vols et corruptions opèrent dans tout les services des CHU et Hôpitaux du pays avec la complicité des administrateurs des CHU et Hôpitaux et ce depuis toujours, ça s'est peut être accéléré après la révolution ! Les services de contrôle, même si parfois il attrapent quelques voyous (Médecin, personnel administratifs et autres. .) Cela ne représente qu'1/10000 de ce qui se passe. Exemple: Comment expliquer vous que le logiciel de traçabilité du malade (suivis entre autre des recettes de ses actes) "imposé" par le ministère de la santé pour tout les services soit, paraît-il, très ratement utilisé ?? Le jour où le Tunisien pensera à son pays plus qu'à sa poche, peut être alors qu'on sauvera ma chère Tunisie.

atia faiçal - 21-09-2017 11:36

Je partage amplement les inquiétudes des séniors et j'appelle le chef de gouvernement de prendre au sérieux cet appel avant qu''il ne soit tard.

Al Capone - 21-09-2017 16:54

L'APC des Professeurs en medecine est la premiere cause majeure de cette agonies des CHU. Il a ete fait a la hate en 1995 pour quelques professeurs proches du pouvoir de Ben Ali a l'epoque.Puis,sur 20 ans,d'autres et d'autres et d'autres professeurs ont grandit et ont eu "droit a l'APC" de sorte que les soins,l'enseignement,la formation et la recherche (outre le trafic de malades,de materiels,de medicaments et d'examens complementaires couteux....) se sont n'ont seulement dégradés mais arrêtes. Pourtant,une simple inspection "serieuse" a n'importe quelle heure de la journée des cliniques privées trouverait la majorite des APCistes en dehors de leurs CHU qu'ils pretendent defendre hypocritement! Aucun responsable politique,notamment tous les ministres,n'ont ose toucher a ce dossier de peur soi-disant d'une demission massive des APCistes!. Ce qui est faux. En effet,une simple mesure de protection des interets majeurs de l'état (fisc et régimes de retraite) fera reculer les plus "grosses gueules",le temps necessaire a l'etat pour proposer une nouvelle reforme de la sante publique! A bon entendeur...

Hachmi gaaloul - 21-09-2017 18:13

Quand on parle de problèmes du secteur de santé on doit évoquer les problèmes de tous les niveaux j évoque en particulier les structures de 1ere ligne où la nomenclature de médicaments est très limitée le rythme de consultations se fait une seule fois par semaine la plateforme juxtamedicale est très limitée et surtout chose que j'ai pas pu acceptée c est que le public fait appel au privé dans certaines explorations :scanner. IRM. etc et en cas d'IDM le SAMU porte le patient directement à la clinique par défaut de service compétent dans un hôpital univrsitaire type mahdia

Adam - 13-10-2017 20:28

Bravo les médecins, je VOUS ADMIRE. Vous avez écrit cette lettre emouvente sans demandez les augmentations des vos salaires. If faut se battre pour améliorer la situation dans ce secteur vital. Merci pour que vous participer au congres internationaux et très souvent vous payez les inscriptions, les transports, les hôtels etc... Mais grâce a ça vous êtes en avances par rapport aux certains pays européens. Je connais la Pologne ou les médecins sont actuellement en gréve, ils demandent augmentation de leurs maigres salaires. La bas, les hôpitaux sont mieux organises et eqipes mais un médecin après 15 ans de travail touche a penne 1500 dinars tu. Très souvent ils meurent a leur postes de fatigue car ils courent d'un service a l'autre. Parfois ils leurs arrive d’être en service plus de 48 heures non stop!!! Ils participent très rarement aux congres internationaux. Alors avec leurs savoir faire ils sont bien en retard avec VOUS. Voyez donc, que la Tunisie a de quoi être fière et le peut donner exemple aux autres. Mais CETTE SALETÉ partout, MANQUE des TRANSPORT en COMMUN, ARROGANCE des POLITICIENS MINABLES, la PAUVRETÉ BIEN VISIBLE GÂCHE. Mais COURAGE, ne ARRÊTEZ PAS VOTRE COMBAT, j’espère que les autres vous suivrons. Adam

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