News - 29.06.2016

Rached Ghanouchi rompt le jeûne à Paris en président d'un parti civil

Rached Ghanouchi rompt le jeune à Paris en Président d'un parti civil devises

Ennahda a  organisé dernièrement un Iftar à Paris, à l'occasion du passage de son président dans la capitale française pour expliquer les décisions de son dernier congrès, notamment   l'adoption du principe de séparation de son action politique et de son action religieuse.

Le parti islamiste Ennahda, choisit pour ce premier Iftar public en région parisienne,  les salons La Palme, à Bobigny, dans la région Seine Saint-Denis. Ces salons luxueux, devenus lieu de rencontre des Tunisiens de la capitale française pour l'organisation de leurs événements festifs et de travail, constituent le centre d'un immense complexe commercial qui regroupe une surface de vente de produits alimentaires et de nombreuses salles destinées à organiser divers événements entre réceptions mariages et conférences. Cet immense complexe commercial est la propriété de la famille tunisienne commerçante à Paris depuis des décennies, la famille Ben Omrane, originaire de Djerba, qui a réussi à faire de son nom une marque de communication commerciale.

À cette occasion, Ennahda a mis les petits plats dans les grands en faisant précéder son premier Iftar en France par une longue intervention de son président, Rached Ghannouchi en voyage à Paris pour une série de rencontres avec des personnalités et institutions françaises, une intervention suivie d'une séance de questions/réponses.

Si l'assistance n'était pas nombreuse, c'est parce que manifestement le public invité a été trié sur le volet. Et si les militants d'Ennahda n'étaient ni nombreux, ni bruyants, les personnalités de la société civile tunisienne, en France, enseignants, chercheurs, entrepreneurs, commerçants, journalistes, et autres personnalités à forte notoriété constituaient le gros de l'assistance.

Annoncée à 20 h, l'intervention du président d' Ennahda ne démarrera que vers 21h 10. Habillé élégamment d'un costume bleu pétrole, taillé sur mesure, sans cravate,  et non d'une « Djebba » tunisienne traditionnelle, ayant  pris le soin au préalable de saluer la majorité des personnes présentes avec force embrassades pour les habitués et un mot gentil pour les autres.

Assis au milieu de la table installée sur l'estrade dans la partie conférence de la salle, entouré du parti  en France et des deux députés de son parti représentant les tunisiens à l'étranger, pour la région France Nord, Saida Ounissi  et Houcine Jaziri, Rached Ghannouchi se lance dans un long speech, sur un ton charmeur, et caressant dans le sens du poil les sentiments de l'assistance en lui rendant un double hommage appuyé.

D'abord sur leur endurance face à la durée du jeûne en France (18h). Ensuite sur le fait que les Tunisiens résidant à l'étranger constituent la première source de devises pour le pays. Et dans la foulée, pour détendre l'atmosphère, il demande à ses auditeurs de ne pas réduire le montant de leurs transferts financiers en Tunisie pou soutenir le dinar en chute lbre face à l'euro et d'une manière générale,  l'économie tunisienne aujourd'hui en berne.

Une fois ce hors d'oeuvre de circonstance expédié, Rached Ghannouchi consacre l'essentiel de  son intervention à deux thèmes centraux. Le premier concerne la situation politique, économique, sociale et sécuritaire de la Tunisie. Le second concerne la principale décision du dernier congrès de son parti, la séparation du politique et du religieux dans l'action future du parti Ennahda.

Sur le premier volet Rached Ghannouchi rendra un hommage appuyé à la politique au travail du Président Beji Caid Essebsi et réitèrera son soutien au chef du gouvernement, Habib Essid tout en insistant sur le fait que la constitution tunisienne, «qu'Ennahda à largement contribué à sa rédaction», dit il,  ne permet pas au Président de renvoyer le chef du gouvernement. Mais ce qui est remarquable dans son intervention, ce sont ses fréquentes références à la question egyptienne à  chaque fois qu'il décrivait la réussite de l'expérience de la transition démocratique consensuelle ( tawafoukiyya.

Sur la question de la séparation du politique et du religieux, le président Ghannouchi revient sur les raisons qui  qui ont motivé cette décision, «une première dans les partis islamistes. A ce titre, il compare, l'ancien mode de fonctionnement de son parti à celui du RCD, un  parti global " ou " Hizb Choumouli" puisqu'ils prétendaient régenter tous les aspects de la vie sociale, femmes , jeunesse, sport, économie... le président d'Ennahdha a expliqué que confronté au fonctionnement de la société tunisienne, aux élites et à la société civile toutes deux très actives et influentes, il est arrivé, fin 2013, à la conclusion de la nécessaire séparation de l'activité politique et de l'activité  religieuse de son parti et au fait qu'il faut dorénavant présenter un programme politique dans lequel les  électeurs se retrouvent quand bien même ils ne seraient ni militants, ni sympathisants d'Ennahdha.
Ghannouchi qui a manifestement changé son fusil d'épaule, sert à l'assistance un nouveau discours. Une sorte de Ghannouchi 2  apparaît dans ce salon de la banlieue parisienne. . Probablement sécoué et  instruit par le coup d'état du Général  Al Sissi ,contre le President Mohamed Morsi, il s'est évertué à démontrer que pour lui les Mosquées ne doivent plus être des " masajids" ( salle des prières ) dans lesquelles on fait de la politique mais des " Jamaa" ou mosquées dans lesquelles les citoyens se réunissent pour converger et non pour se déchirer.
En ajoutant toujours dans la même veine que la religiosité et la pratique religieuse de chacun doit être une question personnelle et ne doit pas, plus, être prise en considération dans l'action politique.

Après de si bonnes paroles, et un bref échange avec les journalistes, les invités du parti Ennahda changent de place et s'installent dans la partie restauration du salon La Palme pour un dîner iftar mi traditionnel  mi occidental. Le président Ghannouchi qui a pris place à la table centrale échange quelques mots avec tous les invités qui se déplacent pour le saluer, sans formalisme, esquisse à des multiples reprises de larges sourires et se lève même pour servir les invités installés à sa table à l'instar du professeur Moncef Cheikhrouhou et Abdallah Jaballah, Président de l'Institut Islamique de Saint Denis (IESH) et membre éminent du Conseil Théologique Français, qui laisse sa place à l'heure du dessert au voyagiste René Trabelsi, venu saluer "Cheikh Rached   Ghannouchi".

Tarek Mami

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1 Commentaire
Les Commentaires
M.chatti - 30-06-2016 11:36

Il me semble tout à fait normal d’organiser un Iftar pour réunir des tunisiens, que ce soit à Paris ou ailleurs. C’est la coutume au-delà du fait que ce soit religieux. Même les plus « laïcs » d’entre nous accepteraient une invitation à un Iftar sans broncher pour la simple et unique raison que Ramadan, au-delà du fait religieux, reste un fait culturel. En plus de cela, il arrive en costume bleu pétrole taillé sur mesure et sans cravate. Laissez-moi deviner : Chemise blanche ? D’abord, il ne faut pas être un spécialiste de la mode pour voir que le costume dont on parle n’est pas un sur-mesure. Des deux costumes qu’il possède (le gris étant réservé au rendez-vous plus sérieux), celui-là est sont préféré. On a presque marre de le voir le porter à chaque rendez-vous. Il suffit de voir les photos du Cheikh au congrès d’Ennahdha ou en visite chez BCE. Bref, toutes les raisons sont bonnes pour le descendre. Le discours de Ghannouchi avait une importance primordiale dans le contexte actuel. La Tunisie a besoin de chacun de ses citoyens pour remonter la pente. Les tunisiens résidents à l’étranger jouent un rôle plus qu’important dans le flux de devises vers la Tunisie. Il était primordial donc de les rassurer, dans un premier temps, et ensuite de leur expliquer la démarche du parti. Il fallait leur montrer qu’Ennahdha se veut évolutive. Elle veut montrer qu’elle est capable de s’adapter au contexte. Sa mue historique est en réalité le passage d’un niveau à un autre encore plus élevé. Aujourd’hui, nous connaissons une nouvelle Tunisie, avec un nouveau visage et de nouveaux besoins. Le parti se doit donc de s’adapter, indépendamment de ce qui se passe en Egypte ou ailleurs. La seule raison de cette mutation est le passage à une nouvelle étape.

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