Opinions - 07.04.2016

Important vote au conseil des droits de l’homme de l’ONU : ce qu’il nous dit d’Israël... Et de ses dirigeants

Important vote au conseil des droits de l’homme de l’ONU : ce qu’il nous dit d’Israël... Et de ses dirigeants

Le Conseil des droits de l’homme des Nations unies a adopté, à Genève, à la fin de sa session, jeudi 24 mars 2016, quatre résolutions concernant la Palestine et les Palestiniens. Particulièrement importante est la décision de cet organe des Nations Unies de dresser une liste des entreprises israéliennes opérant dans les colonies illégales. Les quatre résolutions sont relatives à l'occupation par Israël des territoires palestiniens, à la colonisation israélienne, au droit des Palestiniens à l'autodétermination et au respect du droit international dans ces territoires. L'une d'elles « exige qu'Israël, puissance occupante, cesse immédiatement toute activité de colonisation dans tous les territoires palestiniens occupés, y compris à Jérusalem-Est, et dans le Golan syrien occupé ». Elle demande aux États de « veiller à ne rien faire qui revienne à reconnaître ou soutenir l'expansion des colonies ». Elle confie aussi au haut-commissaire de l'Onu pour les Droits de l'homme la mission de « produire une base de données de toutes les entreprises » opérant dans les colonies. Cette liste serait mise à jour chaque année.

Aucune voix contre!

Pour le gouvernement d’extrémistes et de racistes qui gouverne actuellement Israël, la résolution sur les entreprises ne passe pas et est « un acte d'esprits dérangés ». La clique au pouvoir trouve parfaitement sains d’esprit, par contre, ceux qui considèrent comme « un héros national » l’infirmier militaire franco-israélien Meir Ettinger qui a achevé d’une balle dans la tête le jeune Abdelfattah Yousri Chérif blessé, à terre et inanimé ou les rabbins qui affirment que les non-juifs ne peuvent vivre en Israël que s’ils servent les juifs ! Sain d’esprit aussi probablement ce député du parti extrémiste Habayit Hayehoudi du nom de Bezalel Smotrich qui ne veut pas que sa femme accouche à côté d’une Palestinienne dont le fils risque de poignarder le sien quand il aura… vingt ans ! (Haaretz, 5 avril 2016). Pour ce monsieur, écrit le député à la Knesset Zouheir Bahloul, « tous les Arabes, hommes et femmes, sont des terroristes en puissance et ne sont pas des membres légitimes de la société israélienne ». Netanyahou est, quant à lui, dans une excellente santé mentale quand il confisque les dépouilles des jeunes Palestiniens assassinés par son armée, interdisant ainsi aux familles de faire leur deuil. La résolution, qui a été adoptée - fait extraordinaire - sans qu’aucun pays ne vote contre, stipule que les responsables des droits de l’Homme des Nations unies doivent produire une base de données de « toutes les entreprises » qui ont permis ou profité de la croissance des implantations israéliennes.  Le texte comprend  également une condamnation des implantations et exhorte les entreprises à ne pas faire des affaires avec les implantations israéliennes. Cette résolution a en effet recueilli 32 voix en sa faveur et 15 abstentions (principalement Union Européenne et Etats Unis). Aucun pays ne s’est exprimé contre. Le BDS jouit, en effet, d’une telle faveur dans le monde qu’il devient très difficile de s’y opposer frontalement. En outre, la dérive sectaire et raciste de l’actuel gouvernement israélien est telle que beaucoup de chancelleries sont dubitatives et préfèrent l’expectative d’autant qu’en Israël l’arsenal juridique en préparation contre les députés arabes à la Knesset, la répression et la diffamation des ONG opposées au pouvoir, des mouvements démocratiques bat son plein et se transforme en chasse aux sorcières.

Ibrahim Khreisheh, représentant de la Palestine auprès du Conseil, a jugé que cette résolution est « un message d'espoir pour notre peuple ». « Israël continue à violer de manière systématique les droits inaliénables des Palestiniens et à bénéficier de l'impunité de la part de la communauté internationale », a-t-il dit. A noter que  l’ONU a en partie disqualifié certains documents destinés à une exposition promue par une association sioniste dans le bâtiment principal de l’organisation à New York. Il s’agit de documents (posters) traitant de Jérusalem qualifiée de « capitale du peuple juif », des Arabes israéliens considérés comme « des citoyens égaux au regard de la loi israélienne » et du sionisme « mouvement de libération du peuple juif…..qui a récupéré sa patrie après 1900 ans d’oppression ». L’ambassadeur israélien à l’ONU Danny Danon parle de « scandale » et ne craint pas de dire que « l’ONU est en train de saper l’existence même de l’Etat d’Israël [en disqualifiant cette exhibition sur le sionisme]».

Le cauchemar d’Israël

Le Conseil des droits de l’homme de l’ONU est l'une des bêtes noires d'Israël qui l'accuse en permanence de « partialité ». Créé à Genève il y a 10 ans et constitué de 47 États-membres, il est considéré comme biaisé par Israël et aussi par les États-Unis. Le porte-parole du Département d’Etat américain, John Kirby, a déclaré que Washington était farouchement opposé au « parti pris contre Israël » du Conseil, l’accusant de singulariser l’Etat juif d’« une manière déséquilibrée ». Le Secrétaire d’Etat John Kerry a même appelé Abou Mazen pour obtenir une formulation plus douce pour Israël et écarter la notion de « liste noire » mais n’a pas été entendu. Le Conseil « est devenu un cirque anti-israélien. Il s'en prend à la seule démocratie du Proche-Orient et ignore les violations grossières de la part de l'Iran, de la Syrie et de la Corée du Nord », s'est indigné le Premier ministre Benjamin Netanyahou, ignorant sciemment le calvaire des Palestiniens sous sa férule. Avraham Burg, l’ancien président de la Knesset, considère, quant à lui, qu’Israël n’est actuellement qu’une « une semi-démocratie » (Haaretz, 4 avril 2016). Quant à l’ancienne ministre de la Justice, Tzipi Livni, elle rend Netanyahou responsable de cette Bérézina diplomatique « dramatique » en soulignant le fait que « les Etats les plus proches d’Israël ne se soient pas opposés à la décision. » ajoutant que « le manque de soutien envers Israël de ses alliés était [lors de cette adoption] remarquable ». (The Times of Israël, 31 mars 2016) 

Le Conseil a « un besoin urgent de se faire soigner mentalement », a carrément twitté de son côté le porte-parole des Affaires étrangères d’Israël Emmanuel Nahshon. Comme on le voit, les officiels israéliens sont des psychiatres ratés… qui ont cependant condamné à quatre mois et demi de prison une fillette palestinienne de 12 ans et infligé une amende de 2100 dollars à ses parents… parce qu’elle avait un couteau sur elle (Haaretz, 6 avril 2016) !

En fait, la constitution d'une liste noire des entreprises, israéliennes ou étrangères, liées aux colonies touche une corde israélienne extrêmement sensible car elle menace l’économie, les investissements, la recherche et les emplois en Israël.  Pour ne rien dire de l’image du pays et de ses gouvernants ! Netanyahou fait face actuellement au mouvement de boycott BDS qui remporte des succès sur les cinq continents*** en dépit des moyens colossaux fournis par Israël épaulé par les milliardaires sionistes des casinos outre Atlantique. Ces succès ont contraint un certain nombre d’entreprises très importantes à plier bagage et à quitter les territoires occupés pour se réimplanter en Israël même pour éviter la réprobation internationale et préserver leur cash-flow. C’est, par exemple, le cas de Soda Stream, cette firme choyée par la télévision française et qui fait sa tapageuse réclame notamment lors de l’émission « Questions pour un champion » sur France 3.
Le Conseil a, par ailleurs, nommé mercredi le juriste canadien Stanley Michael  Lynk nouveau rapporteur spécial de l'Onu « sur la situation des droits de l'homme dans les territoires palestiniens occupés ». Ce choix ne plaît guère ni  au Canada ni aux Etats Unis… car Lynk est considéré comme trop critique pour l’occupant. Il succède à l'Indonésien Makarim Wibisono, qui a présenté sa  démission début janvier parce qu'Israël ne l'a jamais autorisé à pénétrer dans les territoires palestiniens. Ce qui n’a provoqué aucune réaction de la part des  Etats Unis et de l’Occident. Vous avez dit double standard ?

Le Conseil a aussi appelé Israël à mettre fin à la colonisation sur le plateau du  Golan syrien annexé et déclaré dans sa résolution « nulles et non avenues »  toutes les mesures tendant à modifier le statut légal du Golan.

Mohamed Larbi Bouguerra

***Sous le titre « Appel juif pour le BDS », le quotidien parisien L’Humanité a publié le 4 avril 2016 un texte en faveur de la campagne de boycott « parce que la situation faite au peuple palestinien viole les droits humains les plus élémentaires et qu’elle doit cesser. C’est le peuple palestinien qui a lancé cet appel au BDS et les anticolonialistes israéliens nous adjurent de boycotter leur pays. » Le texte se termine par un refus de « la justice d’exception [en France] qui veut criminaliser le BDS et criminaliser la solidarité envers les droits des Palestinien-ne-s ». On y relève les  signatures  du Dr Rony Brauman, Gus Massiah, Eric Hazan, Michèle Sibony, Hubert Krivine….

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1 Commentaire
Les Commentaires
Mouni - 15-04-2016 06:06

Des faits meconnus par tous!

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